Au travail, M. Harper!

Crise politique canadian



(Ottawa) Les emplois s'envolent, le dollar s'effrite, la récession s'installe : Stephen Harper a décidément du pain sur la planche pour corriger son incurie et son attentisme injustifiables.
Le premier ministre nous a promis cette semaine de se mettre au travail, après avoir déposé une Mise à jour économique au total farfelue.
Veut-il enfin passer aux choses sérieuses? J'hésite comme bien d'autres à lui faire confiance, à donner la chance au coureur, même s'il a rangé ses
coupes idéologiques.
Quand M. Harper admet du bout des lèvres que la responsabilité du triste spectacle parlementaire qui vient de se terminer revient à tous les acteurs, il s'agit là d'un euphémisme. C'est lui et lui seul qui a ouvert le bal.
Quand il invite les deux autres partis dits nationaux à collaborer avec lui, il oublie sa propre attitude belliqueuse
à leur endroit. Quand il met de côté les «séparatistes», il gomme le fait qu'il a survécu grâce au Bloc québécois pendant 18 mois.
Les conservateurs expliquent que, s'ils travaillaient de concert avec Gilles Duceppe, ils n'avaient signé aucun pacte avec lui, contrairement à Stéphane Dion et Jack Layton.
Alors, une poignée de mains entre gentilshommes ne veut plus rien dire? Le pacte de la coalition devait être signé en bonne et due forme uniquement pour répondre à une obligation quasi constitutionnelle : sans texte formel, Michaëlle Jean ne peut lui offrir le pouvoir après un vote de non confiance.
Le premier ministre a promis de consacrer tout son temps et toutes ses énergies à la préparation du budget de la fin janvier. Comme il est probablement le dernier Canadien à penser que le gouvernement n'a pas à intervenir dans l'économie, j'imagine les efforts qu'il devra mettre pour adapter sa pensée à la réalité.
Le gouvernement a raison sur un point, il ne sert à rien de lancer des milliards de dollars à gauche et à droite avant d'avoir une idée plus claire des politiques de Barack Obama.
Et à quoi bon sauver une ou deux usines de General Motors au Canada si le Congrès américain décide de larguer l'industrie automobile ou propose une intervention d'un type tout à fait différent?
Je veux bien croire que le gouvernement travaille maintenant sérieusement. Mais en même temps, le Parti conservateur, qui a perdu la confiance du Parlement, se lance en guerre publicitaire contre les partis d'opposition et divise le pays.
M. Harper nous a donné une prestation de chef de parti, non de chef du gouvernement, durant la brève session parlementaire qui s'est terminée en queue de poisson.
Les électeurs lui avaient refusé une majorité, mais il a tenté d'ignorer le verdict du 14 octobre. Pris au piège de la procédure parlementaire par une opposition coalisée, il a enfoncé cette dernière en jouant toutes les ficelles, même grosses, du système.
Il lui reste sept semaines pour recoller les pots cassés avec des rivaux choqués et incrédules et montrer son leadership économique. Son fédéralisme d'ouverture, par contre, est mort au combat, victime de sa démagogie.


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