Démission de Berlusconi

Au suivant!

Crise du capitalisme - novembre décembre 2011


Enfin! Silvio Berlusconi, personnification européenne de la décadence politique, a jeté l'éponge après avoir constaté que les poids lourds de sa coalition avaient scellé son sort alors qu'il participait au sommet du G20. Pour la première et la dernière fois dans sa carrière, il a été condamné au principe de réalité. Il était temps.
Il y a des scènes, au sens théâtral du terme, qui méritent d'être rapportées tant elles sont riches en enseignements qui n'on rien de divers. Selon les résumés de journalistes présents au G20 tenu à Cannes, l'acte 1 est le suivant: Berlusconi rencontre Barack Obama, s'apprêtant à faire son jogging, devant la porte de l'ascenseur de l'hôtel où ils logent. Le chef du gouvernement italien formule quelques mots. Que fait le président américain? Il lui fait une tape sur l'épaule puis amorce sa course. Acte 2: Merkel et Obama dialoguent dans la salle où sont rassemblés les membres du G20. Berlusconi les apercevant, il se dirige vers eux. Que font l'Allemande et l'Américain? Ils lui tournent le dos. Ce qu'il faut dire, c'est qu'aux yeux des uns et des autres, la crédibilité de Berlusconi était désormais égale à l'épaisseur du papier à cigarettes.
Simultanément, mais à Rome, le président Giorgio Napolitano met en scène l'acte 3. Il convoque des chefs de courant, discute avec des ministres importants. Le but de cet exercice? Jauger la possible formation d'un gouvernement d'unité nationale au cours des 15 prochains jours. Autrement dit, il met à profit l'absence de Berlusconi pour mieux mettre en branle une révolution du palais. Bref, entre le G20 et la partie de billard à trois bandes jouée dans les palais romains, le roi est nu.
Histoire de ne pas être en reste, les marchés ont orchestré la pression financière au moment même où les dirigeants du G20 entamaient leurs négociations. Pour faire court, on rappellera que l'intérêt imposé à l'Italie s'établissait aux alentours de 6,10 %. En trois séances, et seulement trois, les acteurs des chiffres ont injecté une augmentation carabinée afin d'établir le taux en question à 6,74 %, soit le plus élevé imposé à un membre de la zone euro depuis la création de la monnaie unique. Si ce taux dépasse les 7 %, alors l'Italie se retrouvera à quelques encablures du territoire où le défaut de paiement est inévitable. Bref, le roi était nu, le voilà désargenté.
Dans ces conditions, tout un chacun le devine, il n'était plus possible à Berlusconi de se maintenir. Certes, il a bien tenté un baroud d'honneur en martelant «je veux regarder dans les yeux ceux qui me trahissent», rien n'y fit. Il n'a pas fini par entendre raison, on lui a fait entendre raison. S'il était resté en place, le pays allait droit dans le mur.
En effet, et ainsi que vient de l'assurer la ministre autrichienne des Finances, la dette italienne est si élevée qu'un plan de secours conçu à l'image de la Grèce est impossible. Et ce, parce que les sommes allouées, il est vrai pour l'instant, au Fonds européen de stabilité financière (FESF) sont insuffisantes pour sauver Rome. En attendant que la classe italienne dévoile la feuille de route comme la composition du prochain cabinet, le renvoi, c'est le mot, de Berlusconi, de celui qui a dépensé le temps du gouvernement en fonction de son intérêt personnel, doit être salué mille fois plutôt qu'une.


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