Minisommet sur la crise de la zone euro

Merkel reste inflexible devant un Sarkozy insistant

Le rôle de la BCE est de contenir l'inflation, pas d'acheter de la dette, réitère la chancelière

Crise du capitalisme - novembre décembre 2011


Agence France-Presse -
Strasbourg — L'Allemagne n'a rien cédé, lors d'un sommet avec Paris et Rome hier à Strasbourg, sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) en regard de la crise de la dette, malgré les pressions de Paris, qui juge vitale une plus forte participation de l'institut monétaire.
Les trois premières économies de la zone euro sont déterminées à «tout faire pour soutenir et garantir la pérennité de l'euro», a déclaré le président français, Nicolas Sarkozy, devant la presse, à l'issue de cette réunion dans la grande ville de l'est de la France avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le chef du gouvernement italien, Mario Monti. Il a assuré que les trois pays envisageaient «les mêmes remèdes» pour enrayer la propagation de la crise.
Pourtant, le débat n'a pas été tranché à Strasbourg sur le point le plus épineux, au coeur d'un bras de fer entre Paris et Berlin: une intervention plus déterminée de la BCE pour acheter de la dette des pays en difficulté, à l'instar de ce que fait la Réserve fédérale américaine. «Nous avons tous trois indiqué que dans le respect de l'indépendance de cette institution, il fallait s'abstenir de demandes positives ou négatives» à la BCE, a résumé Nicolas Sarkozy, faisant marche arrière sur ce point qui lui tenait pourtant à coeur. «Nous avons indiqué tous les trois notre confiance à la BCE et à ses dirigeants», a-t-il ajouté.
Il a reconnu qu'il s'agissait d'un «compromis», mais «un compromis positif». «J'essaie de comprendre les lignes rouges de l'Allemagne et elle de comprendre les lignes rouges de la France», s'est justifié le président français.
La France avait fait monter la pression ces derniers jours pour réclamer une implication accrue de l'institut de Francfort. «Ce qui ne va pas, c'est la confiance. C'est ça qu'il faut rétablir. Je pense — que la réflexion avancera — que la BCE devrait jouer un rôle essentiel pour rétablir cette confiance», plaidait encore hier matin le numéro deux du gouvernement français, Alain Juppé. Mais l'Allemagne s'y refuse catégoriquement parce que les statuts de la BCE, dont le rôle est officiellement de contenir l'inflation, ne le prévoient pas.
Pour sa part, la dirigeante de la première économie européenne a obtenu l'aval de la France à une révision des traités européens, une solution qui suscitait les réserves de Nicolas Sarkozy il y encore peu de temps. Paris et Berlin ont annoncé qu'ils feraient, avant le sommet européen du 9 décembre, des «propositions de modification des traités pour améliorer la gouvernance de la zone euro pour plus d'intégration et de convergence». Ils ont souhaité que Rome s'y associe.
Angela Merkel est allée plus loin, affirmant que cette révision des textes devait permettre d'aboutir à une «union fiscale», une expression reprise par Mario Monti, mais jamais par Nicolas Sarkozy.
Côté français, la concession sur les traités est considérée comme une «monnaie d'échange» pour obtenir en contrepartie un changement de la position allemande sur la BCE. «Il faut que Merkel bouge, et vite, sur la BCE sinon on court à la catastrophe», continue-t-on d'affirmer de source française, précisant que Paris veut «mettre la pression maximale» sur Berlin. Mais la chancelière a mis les points sur les «i»: «le président français vient de souligner que la BCE est indépendante et donc les modifications éventuelles de traité ne concernent pas la BCE».
De la même manière, elle a fermé la porte à une proposition d'euro-obligations pour mutualiser les dettes européennes, remise sur la table par Bruxelles. «Les eurobonds feraient que les différences de taux (entre les pays européens) seraient nivelées, et ce ne serait donc pas un bon signal» car cela masquerait les disparités entre économies, a tranché Angela Merkel.
Pression sur les taux
Les Bourses européennes ont terminé à l'équilibre ou légèrement dans le rouge hier, déçues par l'absence d'annonces concrètes à l'issue du minisommet. La Bourse de Paris a clôturé presque parfaitement stable, de même que Milan. Londres a perdu 0,2 %, Francfort 0,5 %, Madrid 0,2 % et la Bourse suisse 0,5 %. Wall Street était fermée pour les fêtes de Thanksgiving. Tokyo a pour sa part clôturé en recul de 1,8 %. Sur le marché des changes, l'euro était stable face au dollar après sa chute prononcée de mercredi.
«Les propos de Mme Merkel ont rappelé les investisseurs à la réalité, sapant leur confiance», notait Simon Furlong, courtier chez Spreadex. La déception était aussi palpable sur le marché de la dette. Le taux à 10 ans des obligations de l'Italie est repassé au-dessus des 7 % hier après-midi, proche de son record.


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