Cacher cette crise que l’on ne veut pas voir !

Crise du capitalisme - novembre décembre 2011

La crise plane sur nos têtes, aux USA et en Europe. L’Occident risque de prendre feu. Cependant, la vie continue. Les mauvaises nouvelles déboulent. Mais comme elles ne sont pas faciles à comprendre, on hausse les épaules sans vraiment savoir ce qui risque de nous frapper. Est-ce que ce sera une crise économique qui ne durera que quelques mois ? Ou est-ce une catastrophe qui va remettre en question le capitalisme, violer nos démocraties, briser nos économies et créer un chômage effroyable comme plusieurs experts le prétendent.
Après la Grèce et l’Italie qui sont maintenant dirigées par des banquiers non élus, voilà que l’Espagne vient de se ranger à droite, en élisant le Parti Populaire qui a promis de mettre de l’ordre dans les affaires économiques de l’État en imposant des mesures impopulaires.
J’ai retrouvé ce matin une caricature sur le blog LIESI qui en dit long quant à la réaction des populations dans l’Union européenne:

D’un côté, le président Sarkozy à qui une large partie des français dit : « Dégage ! » Et de l’autre, le nouveau premier ministre espagnol Mariano Rajoy, chef du Parti populaire, à qui on crie « Olé ! ». Cela me démontre que les Français n’ont pas encore saisi l’importance de la crise qui les menace, qui nous menace tous.
Voici quelques extraits de textes que j’ai trouvés ce matin dans la liste de blogs que je recommande pour lecture à mes lecteurs.
. L’agence de notation Moody ‘s assure que « l’aggravation rapide de la crise de la dette dans la zone euro menace les notes de solvabilité de tous les pays européens ».
. L’agence Prime avise les pays de la zone euro qu’ils devront renoncer partiellement à leur souveraineté pour sauver la monnaie unique. « On en parle déjà, mais pas encore à haute voix… les premiers pas vers un abandon partiel de la souveraineté sont déjà faits ».
. Le Foreign Office du Royaume-Uni se prépare à l’Eurocalypse et a prévenu ses ambassades qu’elles allaient devoir venir en aide à plusieurs dizaines de milliers de Grands Bretons, qui vont se retrouver piégés par les faillites bancaires. Le Trésor a confirmé plus tôt dans le mois qu’un effondrement était en cours. Un ministre d’ajouter : « C’est notre intérêt que les européens essayent de retarder l’inéluctable, cela nous donne plus de temps pour nous préparer ».
. Les services de l’Autorité Financière du Royaume-Uni ont publié une mise en garde aux banques britanniques pour renforcer leurs plans d’urgence en vue de la scission de l’Euro.
. Des analystes de l’UBS ont mis en garde que l’éclatement de l’Euro pourrait, à l’extrême, « réduire le PIB des pays membres de moitié, amener un chômage de masse et mettre en danger les droits de propriété les plus élémentaires, ce qui amènerait à des désordres sociaux ».
. « En Europe, les nouvelles sont tellement catastrophiques que la menace d’implosion de l’euro est jugée crédible par de plus en plus d’analystes. Qui de l’euro ou du dollar tiendra le plus longtemps ? On sait seulement que ce sont les agences de notation qui décideront dans quel camp il faudra baisser le pouce, à la manière des César. Des salles de marchés informent que d’aucuns ont converti des montagnes d’euros en dollars… ».
. « Les marchés obligataires se ferment les uns après les autres aux émetteurs souverains des pays de la zone euro, ou s’ils restent ouverts, les conditions de taux sont insupportables dans la durée. Même l’Allemagne, ce mercredi, n’a pas réussi à placer tout son papier. Donc oui, au train où vont les choses, le recours au FMI pour des pays comme l’Italie, l’Espagne, voire même la France, n’est plus du tout irréaliste ».
. Jacques Delors affirme : « Le leadership allemand a été plutôt désastreux avec la valse-hésitation d’Angela Merkel du début de la crise à l’été 2011. Peut-être n’avait-elle pas bien saisi l’importance de l’Europe pour l’Allemagne ? Mais maintenant elle le reconnait elle-même, « si l’euro saute, l’Allemagne trinquera ». Elle a repris l’offensive sur le futur de l’Europe, et sent bien qu’il faut une réforme des traités pour faire passer de nouveaux transferts de souveraineté, et les faire accepter par la cour de Karlsruhe.
. Olivier Sarkozy, le demi frère du Président, et l’un des dirigeants de Carlyle (l'un des plus gros fonds d'investissement du monde), cité par la chaine américaine CNBC, déclare aujourd’hui : « la zone euro est à moins de trois mois de son effondrement, nous sommes tout proches du point de non retour ». Il ajoute en rapport avec la dette : « Le problème de l'Europe est insolvable ».
. Selon le chef de la recherche économique chez Axa «les marchés évaluent le risque d'éclatement de la zone euro entre 50 et 60%».
***
Et je pourrais continuer à remplir des pages de nouvelles similaires publiées aujourd’hui et dans les derniers jours et qui sont plus sombres les unes que les autres en rapport avec l’Euro, l’Europe, et même les USA et le dollar.
Pendant ce temps, les politiciens français parlent d’autres choses.
Alors que la crise battait son plein, on a vu et entendu durant la récente primaire socialiste française, les candidats éviter de parler de l’économie de la France. Plutôt, ils ont promis de créer 300,000 emplois, d’engager 60 000 nouveaux professeurs, 15 000 nouveaux policiers, ramener la pension à 60 ans, les 35 heures aussi, etc… etc… des dépenses, des dépenses et encore des dépenses. Et comme solution, des taxes, des taxes et encore des taxes. Chacun des candidats démontrait avec fierté la taxe qu’il proposait afin de payer pour ses promesses. C’était totalement irréaliste et je n’ai pas manqué de le souligner dans les billets de mon blog.
Aujourd’hui, le candidat du PS, François Hollande, est en campagne tout comme Eva Joly des Verts-Ecolos, Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche et une brochette de candidats présidentiels. Ils continuent tous à parler de tout et de rien alors qu’ils devraient traiter de la crise et de ses effets négatifs possibles sur la vie des français.
A mon humble avis, leur responsabilité première, à ce moment-çi de la politique française, est d’être solidaire du président Nicolas Sarkozy dans le travail qu’il fait pour protéger la France de la crise et pour corriger la situation en Europe. Ils doivent cesser d’être de petits politicards qui blâment le président de tout alors qu’ils savent très bien que la crise est l’aboutissement des erreurs politiques des dernières décennies, non seulement en France mais dans toute l’Europe, qui ont mené au surendettement dans lequel ils se retrouvent.
Sinon, il est possible que les politiciens français soient obtempérés par les agences de notation ou les banques prêteuses de prendre les grands moyens pour s’en sortir. Elles devront alors imposer obligatoirement des mesures sévères qui seront de toute évidence très impopulaires. Pour ce faire, l’intérêt national exigera peut être l’union de tous les partis politiques pour y travailler et convaincre le peuple français de les accepter. Cela peut aller jusqu’à la formation d’un gouvernement français d’union nationale où tous les partis seraient représentés. Je sais que plusieurs diront que c’est une solution impossible et exagérée pour la France. Je rappelle simplement que d’après tout ce qui se dit et s’écrit sur la crise de l’euro, son ampleur est telle qu’elle va tout bouleverser, même les petits épargnants.
Claude Dupras


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 décembre 2011

    Tout à fait d'accord avec Luc Potvin. On croirait entendre le chef de l'ADQ. Sarkozy ne fait rien de particulièrement original pour sauver la France. Vieille recette éculée prescrite à l'aveugle par le FMI qui a déjà décimé plusieurs pays en difficulté. Les nouveaux dirigeants de l'Italie et de la Grèce ne feront pas de miracle non plus en appliquant cette ridicule politique néolibérale qui consiste à tout demander à ceux à qui on a déjà tout enlevé ou presque. A force de vouloir toujours aller dans la même direction, on tourne en rond. Il serait peut-être temps d'écouter ce que disent les économistes du groupe des Économistes Atterrés ou les membres du LEAP. Par exemple!

  • Archives de Vigile Répondre

    30 novembre 2011

    Monsieur Dupras,
    Les bras me tombent !
    Depuis la fin des années 70, depuis les règnes de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, le néolibéralisme a supplanté le keynésianisme. Et ce sont donc bien les politiques néolibérales inspirées des thèses de l'école de Chicago et de son pape Milton Friedman qui nous ont conduit tout droit à l'actuelle crise financière et économique.
    Or, de ces politiques néfastes, vous n'en voulez pas moins, vous en voulez encore plus ! Comprenne qui pourra...
    Durant cette période de l'après-guerre que les Français ont appelée les Trente Glorieuses, la richesse, en Occident, était mieux ou, en tout cas, moins mal répartie qu'aujourd'hui. Aux États-Unis, par exemple, le centième le plus riche de la population n'a, en ce temps-là, jamais guère possédé plus que 10% de la richesse nationale, alors que, ces dernières années, il en accapare entre 33% et 40%. Les entreprises, même les plus grandes, avaient un taux de profits rarement supérieur à 8 ou 9%, alors qu'aujourd'hui, les actionnaires, plus précisément les gros fonds d'actions, exigent des taux de 15, 20 et parfois même 25%!
    Alors, pour atteindre de tels niveaux de profits, on a tâché de hausser la productivité et d'augmenter les ventes, mais, comme cela n'a guère suffi, on s'est surtout ingénié à comprimer la masse salariale, et cela de deux façons à la fois : en comprimant les salaires et en réduisant, autant que possible, le nombre de salariés. Et pour qu'il ne résulte pas de tout cela une chute de la demande, on a généralisé le crédit à la consommation courante.
    Bien plus que les impôts et les taxes, voilà ce qui a conduit à l'endettement chronique d'une bonne partie des ménages de la classe moyenne. Sur ces ménages dont le revenu stagne au profit des actionnaires dont les dividendes gonflent sans cesse, les impôts finissent tout de même, il est vrai, par peser lourd, et d'autant plus lourd, d'ailleurs, qu'au nom de la logique néolibérale, on n'a pas arrêté de réduire ceux des classes supérieures et des entreprises, ce qui ajoute à l'endettement des particuliers celui de l'État.
    Et vous pensez vraiment que le meilleur moyen de sauver la classe moyenne, c'est de sabrer dans les programmes sociaux qui permettent encore aux gagne-petits et aux sans-travail de garder quelque peu la tête hors de l'eau ? Franchement !
    Votre parti-pris néolibéral relève peut-être de l'humour. Si tel est le cas, il s'agit d'un humour dont le sens m'échappe mais qui ne m'étonne guère de la part d'un ancien président de chambre de commerce sous le regard impavide de qui même Fidel Castro, tout penaud, a déjà baissé la tête !
    Selon Statistiques Canada, en 2005, au Canada, 20% de la population possédait 75% de la richesse totale. Cela veut dire, si je calcule bien, que 80% de la population devait se contenter de 25% seulement de ladite richesse. Alors, s'il vous plait, Monsieur Dupras, arrêtez de croire et surtout de nous faire croire que nos problèmes économiques proviennent de la pitance que l'État assure encore, in extremis, aux petites gens !
    On juge un arbre à ses fruits. Imparfait sans doute, le modèle keynésien nous a quand même valu 30 ans de prospérité et de relative justice sociale. À sa suite et depuis 30 ans, que nous a donc valu le modèle néolibéral, sinon l'endettement des ménages et des États au seul profit de ce qu'il faut bien appeler une poignée de capitalistes insatiables ?
    Éric Laflèche, le pdg des supermarchés Métro, engrange jusqu'à 4 millions $ par année (traitement, primes, stock options et tout le reste). Une caissière, elle, doit bien gagner autour de 25 000 $. Alors, vous rendez-vous compte que chaque année, M. Laflèche empoche l60 fois le revenu d'une caissière ? On pourrait dire cela autrement : en un an, M. Laflèche gagne ce qu'une caissière à son service gagnerait en 160 ans de travail. Ou, si l'on préfère, en un an, M. Laflèche gagne ce que gagnent 160 braves caissières.
    Je veux bien qu'il y ait des écarts de revenus en fonction de la formation académique et du poids des responsabilités assumées. Mais ne trouvez-vous pas qu'en cette ère néolibérale, les écarts sont de plus en plus obscènes ? Et le cas de M. Laflèche n'est certes pas un cas isolé, ce n'est en fait que la pointe du glacier.
    Pour en finir avec le crise, c'est aux gras oligarques du système capitaliste qu'il faut imposer des mesures d'austérité, pas à la classe moyenne ni au petit peuple !
    Vaste programme, je l'admets.
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    30 novembre 2011

    Les élites gouvernent désormais par crises. Un peu comme la crainte du terrorisme, on pousse aussi les populations à la crainte de la crise de l'économie.
    On tient les peuples par la peur... tout le contraire d'une société saine dans laquelle serait bannie l'inquiétude du lendemain.