Au PQ, où l'âme souverainiste s'auto-détruit en se trahissant

Pour ne pas oublier le passé il faut le mettre devant soi

Tribune libre - 2007

"Ceux qui peuvent abandonner une liberté essentielle — dans ce cas, la
souveraineté nationale du Québec — en échange d’un peu de sécurité
immédiate ne méritent ni liberté ni sécurité." Benjamin Franklin
Dans le domaine de l'intelligence politique, la volonté de disposer
d'outils performants afin de traiter les flux d'informations repose, d'une
part, sur la confrontation quotidienne à l'augmentation de la quantité
d'information politique disponible et, d'autre part, sur un impératif de
performance maximale, qui procède du caractère stratégique de l'activité
sociale et économique. L'action politique doit en effet être explorée
méthodiquement avec les seules ressources de la raison, et montrer qu'il
existe toujours une inadéquation profonde entre la volonté imposée et la
volonté voulue des responsables politiques et gouvernementaux. D'où
proviennent les défaites politiques et les refus des électeurs.
La synchronisation qui doit prévaloir au PQ pour reprendre le pouvoir aux
prochaines élections, est avant tout une action pragmatique des
propositions sociales et politiques, montrant par cette atitude rationnelle
que la meilleure manière d'être nationaliste et souverainiste québécois,
c'est d'agir de façon cohérente et responsable, c'est de souffrir et
d'aimer les idéaux qui incarnent la trajectoire de la nation québécoise;
c'est aussi d'aimer, se fare respecter et d'adhérer au mouvement
souverainiste pour conquérir la pleine LIBERTÉ du peuple québécois.
Pour ne pas oublier le passé il faut le mettre devant soi
Dessein d'une prodigieuse fécondité de conquête politique, économique,
sociale et culturelle, la trajectoire de la gouvernance de l'État par le PQ
nous fait découvrir le sens de l'existence de son organisation en étudiant
sa logique nationaliste, en mettant à jour ce qu'elle implique, et, ce
faisant, réfutant le défaitisme des échecs électoraux sans manquer, pour
autant, de revendiquer sa foi souverainiste, le rationalisme nationaliste
démocratique et sa raison d'être comme force politique contraire au
fédéralisme centraliste canadien. L'objectif des souverainistes qui se doit
d'égaler les volontés voulues à la plus profonde volonté collective
convergente, appelle ce choix qui, s'il se produit, ne peut que renforcer
cette volonté. Cette conciliation des exigences de la foi et des requêtes
de la pensée nationaliste-souverainiste québécoise continue à demander,
plus que jamais, un esprit vigoureux et rigoureux et une qualité d'âme
exceptionnelle, pour surmonter les incompréhensions, désarmer les
préventions et redresser les interprétations déformantes de ceux qui
privilégient leurs intérêts particuliers plutôt que ceux de la collectivité
destinés à la survie de celle-ci. Car aujourd'hui, pour les intérêts privés
de certains hauts responsables du PQ, les plus dangereuses de ces atitudes
matérialistes éphémères et politiquement destructives ne sont pas des plus
"malveillantes", comme le révèle l'examen attentif d'une prodigieuse
trajectoire politique parvenant à donner à l'État québécois le contrôle des
secteurs clefs de l'économie du Québec. Mais le paradigme de la mémoire
politique souverainiste de ces mêmes hauts responsables "péquistes" fait
oublier facilement cette prodigieuse trajectoire de nationalisation
économique par la même attitude d'auto-trahison, faisant que l'assaut pour
le contrôle par des multinationales étrangères sur ces secteurs économiques
québécois puisse aujourd'hui se réaliser(1). Ce qui revient à dire :
privatiser les bénéfices des compagnies et services nationalisés par l'État
québécois pour éponger les déficits encourus par des politiques populistes
incongrues, cela, dû à la perte de vision d'un projet socioéconomique
cohérent pour un pays à réaliser.
L'urgence de choisir pour redevenir une majorité décidément souverainiste
Aujourd'hui, à quelques jours de la démission d'André Boisclair, il faut
tenir compte des pressions psychologiques qui ont agi sur lui, pour
comprendre la dynamique débilitante de son leadership organisateur. Ces
harcèlements orchestrés l'ont empêché de procéder à l'analyse essentielle
qu'il devait faire pour moderniser le parti. En effet, cette tactique
d'harcèlement est une sorte de corruption pratiquée contre son leadership
et s'est manifestée dans des comportements qui violent les principes
éthiques des relations entre des membres du parti et les électeurs qui
refusent ce comportement relié aux intérêts partisans et antidémocratiques
des groupes organisés, tant à l'intérieur que hors du PQ. L'intentionnalité
de la critique, ci-haut rapportée, n'est nulle autre que révéler le danger
de ces comportements claniques pour la stabilité organisationnelle et la
division interne du PQ, tels que manifestés avant et pendant la dernière
campagne électorale. C'est pourquoi le Parti Québécois qui est redevenu
minorité parlementaire depuis le 26 mars, ne redeviendra une majorité
décisive de gouvernement que si les intérêts de l'ensemble du peuple
québécois prévalent sur les intérêts privés de quelques uns.
Il convient maintenant de rappeler la revendication de l'action politique
souverainiste que faisait le PQ à la fin des années soixante : "Que nos
vieux démons sont pourtant difficiles à exorciser, et comme les peurs qu'on
nous a inculquées ont la vie dure! Ce mal de chien que nous avons à nous
croire, une fois pour toutes, pas pires que les autres. Cet essoufflement
auquel nous cédons dès que nos alarmistes professionnels crient casse-cou
alors même que nous prenions simplement le rythme de notre temps. Cette
lassitude collective qui nous envahit périodiquement (...) et qui nous
replonge dans les déprimantes auscultations de nos faiblesses quand ce
n'est pas dans l'aventure sans issue de tous les impossibles qui
fournissent de si beaux prétextes à l'inaction.
Ces rechutes dans l'incertitude et l'insécurité, comme ces envois dans
l'irréel, n'arrivent qu'aux peuples qui n'ont jamais eu à diriger leur
propre destin, trop longtemps agis par des forces et des institutions qui
les dépassaient ou leur échappaient. Quels qu'en soient les camouflages
politiques et les déguisements verbaux, ce mal qui ronge notre organisme et
mine jusqu'à notre mentalité, ce mal dont il nous est si malaisé et même si
angoissant de songer à guérir pour de bon, il porte chez nous le même nom
et a les mêmes effets que partout dans le monde : c'est le colonialisme
"(2).

Après tant de luttes politiques, de batailles juridiques, de trahisons
fédéralistes, de décisions arbitraires et discriminatoires, de vol
référendaire, etc., voici ce que veulent et proposent aujourd'hui les
responsables du PQ : "Le parti doit plutôt se recentrer sur les besoins
et les attentes des Québécois, sans renier ses deux fondements que sont la
souveraineté et la social-démocratie. Vouloir renier ces deux piliers, ce
serait perdre notre âme. De même, la radicalisation serait une recette
assurée pour la marginalisation, pour le suicide "(3). Quand on pense
seulement aux prochaines élections pour faire alimenter l'appareil
bureaucratique qui procure des votes captifs, "assurant" des intérêts
particuliers au lieu de préparer un projet socioéconomique cohérent et
soutenable pour un pays à réaliser destiné aux nouvelles et futures
générations, le résultat de ce constat d'intérêts privés et des groupes
claniques qui tournent autour du pouvoir, est ce lamentable spectacle de
division sociale et politique, de pillages des ressources économiques et de
trahisons que nous constatons encore aujourd'hui au Québec.
En somme, il s'agit de redécouvrir le déterminisme démocratique et
politico-pédagogique de ces grands libérateurs nationaux. Voici l'un d'eux,
Mahatma Gandhi qui nous a laissé un exemple d'une victoire mémorable de
libération nationale : si ce grand patriote n'avait point eu une volonté
persistante et une détermination dévouée, l'Inde n'aurait pas atteint son
indépendance de l'Empire britannique, l'essor économique et la puissance
militaire pour sa défense nationale. En d'autres mots, au premier stage de
leur libération nationale, les peuples colonisés n'ont pas eux-mêmes les
capacités requises pour arriver à cette souveraineté. En effet, en premier
lieu, ce sont les élites --l'intelligentsia-- qui feront canaliser une
solution pragmatique et de fixation de ce défit de libération nationale à
réaliser. Cependant, comme on peut aisément le constater aujourd'hui, dans
le cas du défit de la décolonisation du Québec l'exercice du pouvoir par le
PQ a malheureusement servi à que se soit seulement une minorité du peuple
québécois qui puisse arriver à comprendre sans contraintes et à accepter
pleinement les enjeux de cet objectif de libération nationale destiné
précisément à sa survie collective. On peut donc affirmer que l'échec du
Parti Québécois est surtout dû au déviationnisme et à son manque de
détermination politique pour faire face aux actions antidémocratiques du
pouvoir à Ottawa.
Jean-Louis Pérez (membre du PQ)
______________________
1. Consulter la note 2 de mon article intitulé ["Le "plan Harper" : un
piège pour anéantir l’affirmation souverainiste"->6399]; ["Alcan... et après ?"->6649], d'André Pratte -- Éditorial -- La Presse du 13 mai 2007 et l'excellente
analyse de Lina Bonamie intitulée ["La mégalomanie au service du bien
commun ?"->6668]. Ces informations sont disponibles en Vigile.net
2. Passage extrait du Projet-manifeste "Quand nous serons vraiment chez nous", soumis aux membres du PQ lors du congrès d'octobre 1972.

3. Passage extrait de la déclaration de Pauline Marois au moment de
l'acceptation, "sans conditions", de diriger le PQ.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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