Attention, nous reculons fréquemment

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«Une volonté politique d’acier pour redresser la situation»





Nous savons que le français recule. Nous le voyons. Nous l’entendons. Il recule au Québec. Tout particulièrement à Montréal et beaucoup plus encore au Canada anglais. Une énième étude le confirme à nouveau.


Selon les dernières projections de Statistique Canada, d’ici 2036, l’anglais poursuivrait son ascension. Le français, sans surprise, verrait son déclin s’accélérer.


À travers le Canada, la proportion de la population dont le français est la «première langue officielle parlée» (PLOP) passerait de 23 % à moins de 21 %. Celle de l’anglais grimperait de 75 % à 78 %. Hors Québec, pour 95 % des citoyens, l’anglais serait la première langue officielle parlée.


Au Québec, la proportion des personnes dont l’anglais est la PLOP monterait de 13,6 % à 17,5 %. À l’opposé, le français reculerait de 85,4 % à 82 %. Quant aux Québécois de langue maternelle française, leur proportion chuterait de 79 % à un plancher possible de 69 %.


Sur l’île de Montréal, le glissement serait de 48 % à 41 % pendant que l’anglais continuerait à gagner du terrain jusque dans ses banlieues.


Ces chiffres sont des projections. Ils participent néanmoins des mêmes tendances lourdes observées par les démographes depuis des années. Le français recule. L’anglais poursuit sa montée. Point.


La première cause


Au Québec, certains blâment un taux d’immigration trop élevé. Pour d’autres, les coupables sont les politiques fédérales de multiculturalisme et de bilinguisme officiel.


Si la vérité a toujours ses droits, force est alors de la dire. Si le français perd des plumes au Québec, la première cause est de notre ressort. Depuis vingt ans, nos élites politiques, bleues comme rouges, ont baissé les bras, fermé les yeux et bouché leurs oreilles.


Malgré les premiers voyants jaunes allumés dès après le référendum de 1995, nos gouvernements ont opté pour l’inaction chronique. Craignant la «chicane», les tribunaux, la clause dérogatoire ou le milieu des affaires allergique à la loi 101 depuis son adoption en 1977, la règle non dite à l’Assemblée nationale fut et demeure de ne rien faire. Ou si peu.


Ne rien faire


Refus de renforcer la loi 101. Compressions dans la francisation des immigrants. Silence radio face au recul du français dans l’affichage et les milieux de travail à Montréal. Silence complet devant des cégeps et universités francophones délaissées par une part substantielle des allophones au profit d’établissements anglophones.


Pourtant nécessaires face au pouvoir d’attraction de l’anglais, certaines des mesures dites «coercitives» prévues par la loi 101 n’avaient plus bonne presse. Elles avaient beau préserver les droits de la minorité anglophone comme il se doit, elles prenaient soudainement une connotation ringarde, alarmiste, voire intolérante.


Dorénavant, il fallait «inciter», «accompagner», «sensibiliser». Puis vint la confusion. Le bilinguisme individuel étant éminemment souhaitable, on l’a confondu avec le bilinguisme institutionnel dont l’effet pervers est de rendre le français carrément optionnel.


Aujourd’hui, le résultat est à l’avenant. La souveraineté s’éloignant toujours plus, sans une volonté politique d’acier pour redresser la situation, le français n’est pas sorti de l’auberge. Or, autant chercher une aiguille dans une botte de foin.




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