Apartheid municipal et impunité libérale

Est-ce qu’un commissaire à l’éthique va changer quelque chose ? Permettez-moi d’en douter avec ce climat mafieux de privatisation tous azimuts qui règne à l’hôtel de ville.

Tribune libre

L’actualité politique mettant en relief la scène municipale montréalaise nous laisse percevoir un portrait peu reluisant de certains fonctionnaires et politiciens municipaux, de même que les gens d’affaires mêlés à divers scandales politiques récents, comme l’histoire du contrat des compteurs d’eau qui nous a fait connaître Tony Accurso; le maraudage de hauts fonctionnaires attirés par les firmes de génie-conseil prédatrices contractant de plus en plus fréquemment avec la ville et les révélations sur le développement Contrecoeur, qui nous ont fait connaître Frank Catania, ce qui a entraîné le congédiement de Martial Fillion de la SHDM privatisée et la démission de Francine Sénécal, vice-présidente du comité exécutif. Ces deux derniers étaient des proches du maire et de Frank Zampino.
L’innocuité toute libérale du questionnement de la médiacratie locale et leur langage descriptif normalisé se déploie dans toute sa stérilité pendant les bulletins télévisés du réseau de la désinformation et de LCN, de même que dans les journaux qui relayent toute cette information préemballée et prédigérée, exposant des énormités sans pousser trop loin l’analyse. C’est particulièrement frappant avec les récents déboires révélés au sujet de nos meneurs et de nos meneuses de claques de stade Percival-Molson que sont certains de nos politiciens et hommes d’affaires locaux, de même que les fonctionnaires et les autres personnages provinciaux qui gravitent autour.
Le maire Gérald Tremblay, un natif d’Ottawa et un ancien député libéral d’Outremont, est accablé par les révélations récentes de copinage et de malversations. Il va fort probablement demeurer notre maire par défaut, faute d’opposition, ce qui en dit long sur l’état de la démocratie à Montréal.
Avec son banlieusard de Dauphin des commandites pour l’assister, M. Tremblay voudrait nous faire croire que tout est sous contrôle dans ce fatras ingérable qu’est devenu notre ville défusionnée et arrondie en ghettos d’apartheid.
Malgré tous les questionnements et les doutes soulevés, M. Tremblay persiste à défendre son contrat des compteurs d’eau octroyé dans les règles de l’art du copinage.
Frank Zampino, son ancien président du comité exécutif, a été pris les mains dans le sac avec ses copains de croisières et il dit maintenant faire l’objet d’acharnement médiatique, que son intégrité est attaquée sans relâche et «sans la moindre démonstration».
Jean Charest a réussi à contrôler l’information avant les élections de décembre 2008 à l’aide de son bouclier en tôle bossée et rouillée nommé Jérôme-Forget. C’était sa manière à lui de nous demander d’attendre après les fêtes pour qu’on puisse déballer les dégâts qu’il nous cachait avant les élections. Gérald Tremblay n’a pas ce luxe et ce qui est le pire, c’est que le résultat sera probablement le même, c'est-à-dire, sans conséquences.
Est-ce qu’un commissaire à l’éthique va changer quelque chose? Permettez-moi d’en douter avec ce climat mafieux de privatisation tous azimuts qui règne à l’hôtel de ville.
Dans une autre sphère d’activité montréalaise, une autre meneuse de claques des plus provinciales, la ministre des écoles religieuses privées hors normes, Michelle Courchesne, a négocié des accommodements en secret cette semaine avec la communauté juive hassidique satmar de Montréal qui opère des écoles illégales dans la plus grande impunité depuis des années. On a appris ce matin que, par magie, tout rentrerait dans l’ordre à partir de septembre prochain selon un porte-parole de la ministre Courchesne.
Dans un reportage du réseau de la désinformation, l’anthropologue Pierre Anctil explique dans un langage feutré à la Bouchard-Taylor que: «Dans le judaïsme traditionnel, les hommes ont une responsabilité particulière d’étudier la Torah et d’en faire, en fait, un savoir profond». Un peu comme un lavage de cerveau de secte et la narratrice du reportage, Émilie Dubreuil, enchaîne en disant que ça laisse peu de temps aux matières séculaires. Ça doit surtout laisser très peu de place au voisinage ou à l’apprentissage du français, mettons.
En frappant à la porte d’une de ces écoles illégales qui est située dans une zone industrielle, au-dessus d’un atelier de plomberie, Mme Dubreuil se fait répondre par le responsable qui entrouvre la porte en dissimulant difficilement son embarras. La journaliste du réseau de la désinformation lui adresse un «Shalom» suivi de questions en anglais. Imaginez-vous donc qu’il ne parle pas en français. Le responsable de cette école clandestine prétendait disposer d’un permis du MELS, ce qui est faux, d’autant plus que cette école ne dispose même pas d’un certificat d’occupation de la ville.
Une autre affaire que nous cachaient les libéraux nous a été dévoilée cette semaine à Montréal. On a appris que Jean-Marc Fournier, celui qui nous a légué le fiasco du partenariat de l’ilot Voyageur et qui a accentué le sous-financement chronique des universités non anglophones, s’est trouvé un boulot depuis cinq semaines à titre de vice-président principal planification stratégique chez la filiale Socodec de SNC-Lavallin. Cette filiale de SNC-Lavallin œuvre dans ce paradis des enveloppes bourrées d'argent qu’est l’industrie de la construction.
SNC-Lavallin ne l’a certainement pas engagé pour ses compétences en construction ou pour ses beaux yeux. J’ai pris connaissance du parcours professionnel et politique de M. Fournier et il n’a jamais eu d’expériences de travail avec des firmes de génie-conseil, encore moins auprès du monde de la construction internationale. Son cheminement politique a tourné autour du PLQ et du PLC.
Comme l’autre libéral Zampino, c’est bien évident que M. Fournier a été engagé pour exploiter son réseau de connaissances et pour puiser de son expérience de travail au sein de l’appareil gouvernemental, ce qui est une valeur unique pour un employeur et non une valeur ajoutée sur d’autres qu’on ne saurait définir de toutes façons, surtout en tenant compte du fiasco de l’îlot Voyageur mis en œuvre sous la férule de l’ex ministre.
Affirmant qu’il a «des amitiés (au gouvernement), mais pas de relations», M. Fournier prétend travailler beaucoup à l’international et ajoute qu'il a «fait écrire dans son contrat» qu'il ne ferait pas de lobbying auprès du gouvernement québécois au cours des deux prochaines années, comme l'exigent apparemment les règles édictées par le premier ministre.
Petite question avant de conclure, peut-on dire de la vice-première ministre Nathalie Normandeau qu’elle couche avec l’ennemi? Si on reprend la distinction que fait M. Fournier sur l’amitié et les relations, comment classerait-il l'idylle de Mme Normandeau avec son adversaire politique, le député adéquiste de Shefford, François Bonnardel?
Une autre chose que Jean Charest savait avant les élections de décembre 2008…
Daniel Sénéchal
Montréal


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1 commentaire

  • Marcel Haché Répondre

    26 avril 2009

    Que ce soit à Montréal ou à Québec, municipal ou provincial, le pouvoir politique s’appuie sur un électorat qui s’indiffère de la communauté Québec, du pays Québec, des québécois.
    Que ce soit le maire de Montréal ou le P.M., l’électorat qui fonde leurs pouvoirs politiques respectifs est indifférent, et quelque fois hostile, à ce qui intéresse les québécois. À Montréal et à Québec, s’il n’y a pas d’écart à la légalité politique, il y a écart à la légitimité.
    La légalité est affaire de fonctionnaires. Mais la légitimité, qui est au cœur de la démocratie, est une affaire éminemment politique.
    La situation actuelle---à Montréal et à Québec--- montre assez la connivence politique partisane des deux ordres de gouvernements. Le maire Tremblay et le P.M. Charest doivent leur bonne fortune politique initiale à leur opposition lâche, mais réussie, aux « fusions municipales ».
    Avec pareil déficit de légitimité, ces chefs politiques voudraient nous faire croire qu’ils sont nets.
    Il est vrai qu’en des temps très lointain, au temps de la France fraîchement libérée, Pétain insinuait qu’il avait « résisté » de l’intérieur…
    On a les résistants et les « chefs » qu’on peut !