Antimilitaristes et nationalistes manifestent contre le 400e

Québec 2008 - l'art de détourner le sens la Fête

Québec -- Bien que gênés par la pluie, deux petits groupes, l'un d'antimilitaristes et l'autre de nationalistes, ont chacun de son côté manifesté contre les célébrations officielles soulignant le 400e anniversaire de Québec, hier.
À part deux arrestations d'antimilitaristes et un constat d'infraction pour entrave au travail des policiers, aucun incident n'a été signalé. Les escouades antiémeutes de la police de Québec et de la Sûreté du Québec avaient été déployées avec habits rembourrés, casques protecteurs à visière et matraques bien en vue. Les policiers ont d'abord bloqué les manifestants, mais ceux-ci ont alors fait demi-tour, se sont faufilés dans différentes rues pour ensuite s'engouffrer sur de la Chevrotière, par laquelle ils ont pu rejoindre la Grande-Allée, où avait lieu le défilé militaire. De là, ils se sont mêlés aux spectateurs et ont pu marcher jusqu'à la porte Saint-Louis, où ils ont chahuté les quelque 1500 militaires qui défilaient, non sans se faire invectiver eux-mêmes.
Anarchistes et nationalistes
Sans se concerter, les deux organisations -- Guerre à la guerre et Commémoration Québec 1608-2008 -- s'étaient donné rendez-vous au même endroit, au parc de l'Amérique française, presque à la même heure. Les groupes se mêlaient peu. Des antimilitaristes ont expliqué que plusieurs d'entre eux sont de tendance anarchiste et répugnent à l'idée de «nation». «Hier soir, on se disait que ça ferait drôle si on en venait à s'engueuler entre nous», a confié Francis Dupuis-Déri. Professeur de science politique à l'UQAM, il s'était fait traiter de «minable» par le maire Régis Labeaume la semaine dernière. M. Dupuis-Déri avait crié des slogans devant l'hôtel de ville alors que s'y tenait une cérémonie pour des soldats. La coalition Guerre à la guerre distribuait d'ailleurs des macarons «Minable antimilitariste», hier. Avant que le groupe ne se mette en marche, une porte-parole a soutenu que le 400e était devenu, pour le Canada, «un bon prétexte» pour «faire sa propagande».
Toujours au parc de l'Amérique française, le chanteur Luck Mervil, à l'abri sous une tente blanche, a lancé le «cérémonial d'un genre nouveau» du groupe Commémoration Québec 1608-2008 peu après 11h30, au plus fort des averses. Lecture de textes patriotiques et chansons ont alterné. La chef péquiste et le chef bloquiste, Pauline Marois et Gilles Duceppe, y ont passé un quart d'heure devant moins de 200 manifestants trempés. M. Mervil a comparé sa «manifestation citoyenne» à celle «des autres», à la place d'Armes, «avec leurs Cadillac et leurs Mercedes».
Les invités sont venus tour à tour sur la scène pour pester contre les fêtes officielles, trop peu québécoises à leurs yeux. L'historien Michel Lessard a déclaré: «Jean Charest a décrété qu'on excluait les couleurs et les drapeaux du Québec lors de ces fêtes.» Biz, de Loco Locass, a lu un texte à teneur poétique dans lequel il a entre autres soutenu que «nous sommes des surhommes uniques, générés par le génie génétique de l'Europe et de l'Amérique».
Le chef du nouveau Parti indépendantiste, l'avocat Éric Tremblay, qui assistait au cérémonial, s'est indigné des propos de Mario Dumont, qui avait soutenu la veille que cette «contre-fête» était le fait de «casseux de party». «C'est casseux de party de rétablir les faits historiques? [...] La vérité, c'est que le peuple québécois existe depuis 400 ans. Le Canada a été fondé en 1867. On ne peut pas tolérer la réécriture de l'histoire à la canadienne.» M. Tremblay a qualifié MM. Dumont et Charest de «collabos du fédéral».


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