Les importuns

André Pratte a tout à fait tort

Chronique de Bernard Desgagné



Comme le dit [André Pratte dans son éditorial du lundi 7 août,->1485] Jean Charest a fait une déclaration de trop relativement à la crise au Liban, puisque les relations internationales ne relèvent pas de ses compétences selon la Constitution du Canada. Étant un fédéraliste inconditionnel, M. Charest ne devrait pas se mêler de ce qui, de son propre aveu, ne le regarde pas. S'il avait un soupçon de cohérence, il se serait tu. Mais c'est plus fort que lui: en essayant de plaire à l'électorat, il n'a pu s'empêcher de se mettre encore une fois les pieds dans les plats.
À l'inverse, André Pratte a tout à fait tort de prétendre que les chefs souverainistes, comme Boisclair et David, sont des importuns et ne devraient pas sortir de la sphère politique provinciale.
Au contraire, les chefs souverainistes doivent faire connaître les positions qu'ils défendent en matière de relations internationales puisqu'ils proposent que le Québec devienne un pays. S'ils sont élus et que leur projet se réalise, le Québec devra décider lui-même s'il veut faire la guerre ou favoriser la paix. André Boisclair n'a peut-être jamais «géré» une crise internationale, mais s'il dirige un jour le pays du Québec, il devra prendre des décisions drôlement importantes.
N'est-il pas sain et normal qu'un politicien qui aspire à fonder et à diriger un pays se prononce publiquement sur les grands dossiers internationaux?
[Comme le dit Pierre Dubuc,->1513] candidat à la direction du PQ en novembre 2005, les Québécois n'ont jamais été chauds à l'idée de faire les guerres des autres et, pour paraphraser Jacques Brel, d'ouvrir au champ d'horreur leurs vingt ans qui viennent de naitre. Par leurs actes et leurs déclarations, André Boisclair et Françoise David reflètent bien ce trait fondamental du Québec, et c'est tout à leur honneur.
Personnellement, je préfèrerais que mon fils construise des maisons plutôt qu'il les démolisse avec un char d'assaut. C'est l'une des nombreuses raisons tout à fait légitimes pour lesquelles on peut vouloir l'indépendance du Québec.
Je suis heureux que les chefs souverainistes descendent dans la rue pour la paix, avec leurs concitoyens. Je sais qu'ils sont sincères et que la politique internationale du pays du Québec ne serait pas du tout celle de M. Harper.
Bernard Desgagné
_ Gatineau, Québec


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