Un Québec aux prises avec des relents d'antisémitisme

Manifestation pour la paix au Liban


Comme ce fut le cas pour Kyoto, Stephen Harper doit affronter, dans le dossier du Proche-Orient, à peu près la même coalition incorporant l'univers médiatique, les intellectuels et stratèges de salon, les partis politiques, les pacifistes anti-américains et toute la nébuleuse de gauche. Sans oublier les communautés musulmanes de toutes origines. Il faut que le chef du gouvernement canadien ait la couenne dure et le corps raide pour résister à cette charge virulente et hargneuse.
Pourquoi une telle offensive? Ce n'est certainement pas parce que l'évacuation des Canadiens d'origine libanaise a connu quelques ratés. La vraie raison, c'est évidemment la position officielle du gouvernement conservateur. J'y reviendrai...
Je veux d'abord évoquer l'élément fondamental qui, à mon sens, explique cette opposition, c'est-à-dire l'idéologie de gauche, donc socialiste, pacifiste, anti-occidentale. Prenons, par exemple, les médias.
Des sondages, aux États-Unis, révèlent que plus de 80 % des journalistes votent à gauche. Des coups de sonde au Canada révéleraient sans aucun doute la même proportion. Conséquence : tous les dirigeants politiques classés à droite (à tort ou à raison) ne peuvent compter sur aucune bienveillance ni indulgence de la part des médias. Au contraire, il suffit de peu de choses pour qu'un homme politique de droite subissent les foudres de la confrérie médiatique.
Rappelons-nous comment Ronald Reagan et Margaret Thatcher ont été mal traités (et maltraités) par la presse de leur pays.
En revanche, la clémence est de mise pour les leaders classés à gauche (à tort ou à raison). Pensons à Bill Clinton et à François Mitterrand. «Sauf exception rarissime, écrit Jean François Revel, on admet comme une réalité dans le milieu de la presse, en dépit de toutes les protestations du contraire, destinées au monde extérieur, que les préférences politiques des journalistes servent de critères à leur présentation de l'information.»
Compréhension compatissante
Lisez les articles des journaux et regardez les reportages télévisuels en gardant en tête cette citation. Vous constaterez que ce qui ressort clairement, c'est, d'une part, le préjugé défavorable à Israël qui joue toujours le rôle du méchant et, d'autre part, une compréhension compatissante pour les populations touchées par ce qui est présenté comme une agression injustifiée.
Notez que cette information biaisée et déformée n'est possible que si on gomme le passé et si on omet, délibérément, de se référer aux objectifs poursuivis. C'est ainsi qu'on ne juge pas utile de faire un reportage approfondi sur le Hezbollah, sa branche armée fanatisée, son objectif proclamé d'anéantir Israël, son antisémitisme véhément, son utilisation des civils comme boucliers humains et sa sanglante feuille de route faite d'attentats suicides, de prises d'otages, de détournements d'avions et de tirs de roquettes à l'aveugle. Pas un seul reportage sur le véritable agresseur dans cette guerre. C'est ainsi, également, qu'on présente Israël comme foncièrement inapte à faire la paix, oubliant avec mauvaise foi que l'État hébreu a déjà conclu des traités de paix (et qu'il les respecte) avec deux États arabes, l'Égypte (en lui rendant le Sinaï) et la Jordanie.
Dans un tel contexte, on comprend pourquoi Stephen Harper est symboliquement lapidé par cette coalition socialo-pacifiste. Il désigne nommément l'agresseur, le Hezbollah, ce qui est un grave délit pour ce «Front anti-sioniste». Il pousse l'irrévérence jusqu'à reconnaître le droit d'Israël de se défendre. Un comble, le malotru ose qualifier de «mesurée» la riposte israélienne ! Là, vraiment, il dépasse les bornes de la décence pour tous ces apôtres de la position dite équilibrée, qui savent pourtant très bien qui si Israël ne faisait pas preuve de retenue, Beyrouth n'existerait tout simplement plus et que le Sud-Liban au complet serait en cendres.
Le Québec tout entier est fortement imprégné par cette hostilité envers Israël, perçu comme le seul empêcheur de faire la paix. Les sondages le révèlent. Il m'arrive de me demander si, dans les recoins de l'inconscient collectif des Québécois, il n'y a pas des pulsions d'antisémitisme qui, à l'occasion de crises, prennent le visage de l'antisionisme qui consiste dans la détestation de l'État d'Israël. Cela est jugé plus présentable, mais il n'en demeure pas moins que l'antisionisme est l'avatar moderne de l'antisémitisme en Occident. En Orient, l'antisémitisme ne se déguise pas, il y règne à l'état pur.


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