Guerre au Liban

L'ambassadeur israélien fustige Duceppe

Manifestation pour la paix au Liban


L'ambassadeur israélien au Canada a jugé «extrêmement inappropriée» la participation de Gilles Duceppe à une marche où des drapeaux du Hezbollah étaient visibles.
Alan Baker a même envoyé une lettre au chef du Bloc pour l'en blâmer en des termes durs.
Selon l'ambassadeur, il est inconcevable que Gilles Duceppe, André Boisclair et Denis Coderre aient participé à la manifestation du 6 août, à Montréal.
Dans leurs discours à la foule, ces politiciens avaient quand même dénoncé le Hezbollah. Mais peu de temps après la manifestation, des photos de marcheurs arborant des drapeaux de la milice chiite ont été publiées sur Internet. L'une d'entre elles montre le comédien Julien Poulin avec un drapeau du Hezbollah à la main. Il s'en est excusé lundi. Cela a relancé les accusations contre les politiciens québécois présents à la marche. Aucun n'a toutefois été vu avec un tel drapeau.
«Des politiciens si influents ne devraient pas s'associer à un groupe de voyous dont le seul objectif est de détruire Israël», a indiqué hier M. Baker dans une entrevue téléphonique.
Il a été si choqué qu'il a décidé d'envoyer une lettre au chef bloquiste. Celle-ci se termine par une phrase cinglante: «Par vos actions, M. Duceppe, et celles de vos collègues, vous avez causé un tort irréparable.»
Alan Baker a réitéré ces propos hier. «Je ne remets pas en question le droit des Canadiens d'exprimer leur opinion par des manifestations, a-t-il dit. Mais prendre d'assaut les rues - comme c'est arrivé à Montréal, Ottawa et Toronto - en brandissant des drapeaux et en insultant les juifs est contraire aux valeurs canadiennes.»
«Malhonnêteté intellectuelle»
Gilles Duceppe a refusé de commenter la lettre ou les propos de l'ambassadeur, hier. Selon son attachée de presse, Karine Sauvé, il n'a pas reçu la lettre en question. Elle a été postée lundi.
Mais, lors d'une entrevue avec La Presse durant la manifestation, il avait tenu à se dissocier du groupe qu'Ottawa considère terroriste. «Je l'ai déjà dit, et je le dirai encore: je condamne les tirs de roquettes du Hezbollah. Mais ça ne justifie pas la réplique démesurée d'Israël.»
Malgré tout, la position défendue par le Bloc québécois durant le conflit au Proche-Orient a causé des remous au sein du parti.
Certains députés estiment que le parti aurait dû être plus nuancé dans sa critique d'Israël, d'autant plus que le Bloc tente depuis quelques mois un rapprochement avec la communauté juive de Montréal. Cette question risque d'ailleurs d'être à l'ordre du jour de la réunion des députés du Bloc, prévue la semaine prochaine à Orford.
«Quand on dit qu'on est pour le Hezbollah parce qu'on a participé à cette marche, c'est de la foutaise, a réagi le député libéral Denis Coderre. C'est de la malhonnêteté intellectuelle.»
M. Coderre a lui aussi reçu une lettre, mais cette fois du B'nai Brith, organisation juive.
On lui reproche sa présence à «un festival haineux anti-Israël».
Selon l'organisation, les marcheurs ont exprimé «un large soutien au Hezbollah».
Une accusation non fondée, selon M. Coderre. Même s'il admet que quelques drapeaux du groupe chiite ont été brandis, il juge cette pratique «marginale». «Même les imams disaient à ceux qui sortaient de tels drapeaux de les ranger, dit-il. Dans les manifestations, on ne peut pas tout contrôler et il y a des gens de partout. C'était une très grosse marche et il y avait très peu de drapeaux du Hezbollah.»
L'auteur de la lettre et vice-président de B'nai Brith, Frank Dimant, admet ne pas avoir assisté à la marche. «Nous avons par contre vu des photos très explicites», dit-il.
Pour Denis Coderre, les accusations portées contre lui sont insultantes compte tenu de son parcours politique. «J'ai fait partie du comité qui a déclaré le Hezbollah terroriste, rappelle-t-il. J'ai aussi signé le certificat de sécurité contre le négationniste Ernst Zundel. Franchement, il ne faut pas exagérer!»
«On n'a jamais remis en question le droit d'Israël de se défendre, ajoute-t-il. Mais se défendre ne signifie pas avoir carte blanche.»
- Avec la collaboration de Joël-Denis Bellavance à Ottawa.


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