L’an dernier, autour de 18 000 personnes sont entrées de façon irrégulière au Québec.
Pour les quatre premiers mois de 2018, il en est entré 6114.
Quand le beau temps arrivera, on estime qu’il en entrera 400 par jour.
Les premières vagues étaient surtout composées d’Haïtiens qui craignaient d’être expulsés des États-Unis.
Maintenant, ils viennent de partout dans le monde, guidés par des réseaux de passeurs.
Plusieurs arrivent à la frontière en taxi, avec valises à roulettes, iPhone dans la main et écouteurs dans les oreilles.
Ce n’est plus seulement le Québec qui est débordé.
À Toronto, 40 % des places dans les refuges pour sans-abri sont occupées par ces gens qui demandent le statut de réfugié.
Devoir Agir
On comprend très bien que Justin Trudeau, qui se voyait soulageant la misère du monde entier, n’aime pas devoir agir.
Il le faudra pourtant.
Manifestement, Ottawa n’a pas l’ombre du début de la queue d’un plan. Alors en voici un.
Il faut agir sur deux fronts.
Le premier est celui des délais.
Il faut 20 mois en moyenne pour déterminer si quelqu’un qui demande le statut de réfugié est un réfugié authentique.
Ce délai est si long qu’il incite les gens à tenter leur chance puisqu’ils auront le temps de préparer leur entrée dans la clandestinité si jamais ils sont déboutés.
Certains chercheurs ont estimé, en 2016, que le nombre d’immigrants illégaux et clandestins au Canada pouvait s’élever jusqu’à 500 000 cette année-là.
Pire encore, la personne déboutée peut en appeler de la décision. Cela peut durer jusqu’à cinq ou six ans.
La personne a eu le temps de trouver un travail, d’apprendre la langue, d’avoir des enfants en sol canadien ou qui se sentent ici chez eux, ce qui rend encore plus déchirant le moment de l’expulsion.
Entente
L’autre front concerne cette satanée Entente sur les tiers pays sûrs entre les États-Unis et le Canada, en vigueur depuis 2004.
Cette entente prévoit que si une personne se présente à une douane canadienne « régulière » pour y demander l’asile politique, donc le statut de réfugié, elle sera refoulée aux États-Unis et vice versa, sauf si elle fait partie d’une courte liste d’exceptions.
Cependant, si elle entre de façon irrégulière, cette disposition sur le refoulement ne s’applique pas : sa demande d’asile devient recevable et doit être traitée.
C’est pour cela que tant de gens entrent par le rang Roxham.
C’est fou raide, mais c’est comme ça.
Ottawa doit donc suspendre immédiatement l’entente ou la modifier pour qu’elle s’applique aussi pour les entrées irrégulières.
Ce sera sans doute contesté devant les tribunaux. Mais toutes les autres options, à commencer par celle de ne rien faire, sont pires.