Accommodements raisonnables : André Boisclair pose ses balises

Québec 2007 - Parti Québécois



par Corbeil, Michel - SAGUENAY - André Boisclair est d'accord pour le port du kirpan à l'école. Il désapprouve l'arbitre qui a expulsé d'un match de soccer une jeune joueuse musulmane voilée. Il condamnerait une enseignante qui porterait le voile en classe.
Le chef du Parti québécois a posé les balises qu'il s'impose avec les accommodements raisonnables tout en taxant ses adversaires d'opportunisme dans ce dossier. Hier, lors d'une entrevue accordée à la station de radio CKRS, il a répondu que "ça ne me pose pas problème" que des jeunes élèves sikhs aient à leur ceinture le poignard symbolisant leur religion lorsqu'ils sont à l'école.
M. Boisclair considère manifestement comme déraisonnable l'exclusion de la petite Asmahan Mansour parce que la Fédération québécoise de soccer estime qu'elle aurait pu s'étrangler avec son foulard islamique. "L'argument de la sécurité ne tient pas", a-t-il tranché. André Boisclair s'en est pris à M. Charest qui a approuvé la sanction imposée à la fillette de 11 ans. "Attention ! La responsabilité d'un premier ministre est aussi de protéger les gens qui peuvent exercer des recours juridiques", ce qui est le cas, a-t-il dit, de la petite fille. Pour le chef du PQ, il s'agit avant tout d'un litige privé. Ceux qui voudraient que le gouvernement s'en mêle demanderont-ils que l'État "légifère sur la prière que récitent les joueurs de baseball" ?
Selon lui, le chef libéral n'est animé que par le souci de faire diversion. Il veut "faire ses gros choux gras" de l'affaire Mansour et s'en servir comme "d'un show à côté complètement pour excuser son silence" sur les directives à donner à la fonction publique. Une fois élu, M. Boisclair dit que de telles normes seraient établies. Il a donné un exemple qu'il croit inadmissible. "Jamais" il n'accepterait qu'une femme enseigne sans que sa classe ne puisse voir son visage.
Pour une rare fois depuis le début de la campagne, M. Boisclair a nommé son opposant adéquiste qui se contente, selon lui, de tenir un discours creux sur les accommodements. Que veut changer Mario Dumont dans la Charte des droits de la personne ? l'a sommé M. Boisclair.
Charest ne bronche pas
Pour sa part, le chef du Parti libéral du Québec, maintient que l'arbitre a bien fait d'interdire l'accès au terrain à la jeune musulmane. Les gens de la Fédération québécoise de soccer "ont leurs règles sur les questions de sécurité, c'est à eux à appliquer le règlement", a dit M. Charest. "Je n'ai aucun problème avec ça, répète-t-il. J'ai joué au soccer. (...) Il me semble que c'est normal dans la pratique d'un sport qu'on ait ces règlements-là."
Par ailleurs, le premier ministre ne semble pas ouvert à un accommodement sur le code vestimentaire de la Sûreté du Québec. La GRC a permis à l'un de ses membres de la communauté sikh de porter un turban au lieu du traditionnel chapeau. "Il n'y a pas de plan chez nous pour changer le code vestimentaire de la SQ", a indiqué M. Charest.
Mario Dumont juge de son côté que l'intervention dans le débat Mansour de Jean Charest et d'André Boisclair "manque de sérieux". Il ne s'agit pas à son avis d'un cas d'accommodement raisonnable mais de sécurité dans les sports. Or, lorsqu'il était question d'"accommodements déraisonnables" dans des services publics, ni Jean Charest ni André Boisclair n'avaient de position claire et se cachaient, accuse-t-il.
Mais M. Dumont s'en est surtout pris au chef péquiste. "Tout à coup, dans le cas d'un terrain de soccer, il débarque sur le terrain et se met à dire que l'arbitre n'a pas raison. Ce n'est pas très sérieux comme position et ça démontre encore une fois que lorsqu'il est question de bon jugement, il n'est jamais tout à fait sur la coche."
(Avec la collaboration de Simon Boivin et de Martin Pelchat)


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