Des bénévoles s'activent devant le local du conservateur Michael Fortier, qui n'a récolté que 23% des votes dans la circonscription de Vaudreuil-Soulanges. Melli Faille, du Bloc québécois, l'a emporté avec plus de 42% des voix. Photo: Martin Chamberland, La Presse
***
Une fois encore, le Bloc québécois a survécu. Le Québec a choisi d'être «présent» à Ottawa - dans l'opposition! Une bien étrange singularité de la «nation» québécoise.
... et si le problème ne venait pas de l'existence du Bloc québécois, mais plutôt des partis politiques fédéralistes eux-mêmes. Les députés élus de ces partis font généralement bien leur travail en représentant le Québec à Ottawa, ils ne reçoivent toutefois qu'un appui médiocre de leur parti.
Le PLC, le PC, le NPD (et les Verts) ont une présence au Québec pratiquement virtuelle. Ils apparaissent sur l'écran québécois seulement lorsque vient le moment de cliquer sur l'hyperlien - ÉLECTIONS! En d'autres temps, ils sont presque toujours absents et le plus souvent insensibles aux préoccupations de la société québécoise. Tout le contraire des militants du parti de nos «gérants d'estrade» du Bloc qui participent activement à la discussion et à la réflexion des grands défis de la société québécoise. Les partis fédéralistes québécois ne sont tout simplement pas là.
À l'échelle du Québec, ces partis ont des structures, une organisation et des secrétariats grandement inefficaces et le nombre de leurs membres est tragiquement dérisoire. Cette situation est, bien sûr, encore pire au niveau des régions et des circonscriptions où c'est souvent le désert le plus total - sauf dans l'ouest de Montréal pour les libéraux et à Québec pour les conservateurs.
Alors, comment s'étonner, l'échéance électorale venue, que la machine de ces partis tourne à vide, qu'elle n'ait aucune présence significative sur le terrain et que surgissent des candidats aux allures bien étranges. Et plus grave encore, les politiques et les orientations proposées au Québec - lorsqu'elles existent - ne font le plus souvent pas l'objet de débats véritables au sein des instances démocratiques des partis fédéralistes. C'est le règne de l'improvisation, des études de marché ou des projets personnels du chef et de son entourage, ou pire encore, le règne du silence, comme ce fut le cas lors de ces élections du 14 octobre où l'on a pratiquement rien eu de concret à offrir au Québec. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, a même dû intervenir pour leur rappeler l'existence du Québec et les besoins particuliers de la société québécoise dans les domaines de l'économie, de la santé, de l'éducation et de la culture!
Machines électorales
Les partis politiques ne sont pas que des machines électorales. Ce sont des acteurs privilégiés de la vie démocratique. Ils doivent donc, en tout temps, être à l'écoute de chacune des manifestations de la vie de la société et d'y apporter leur contribution. Au Québec, les partis fédéralistes québécois sont loin d'assumer, à cet égard, leurs responsabilités. Ils se tiennent généralement bien loin des débats qui confrontent la société québécoise. Ils n'ont que bien peu de contacts suivis et permanents avec les différents intervenants sociaux: universités, milieu culturel, entreprises, syndicats, groupes communautaires, organismes et institutions régionales... Ils sont beaucoup trop «déconnectés» du Québec réel... Alors, quand vient le temps de convaincre les Québécois de les appuyer, ces derniers se demandent bien pourquoi ils le feraient. (...)
On n'est plus au temps des Trudeau, Mulroney et Broadbent. Les victoires répétées du Bloc québécois, c'est évident, devraient les inciter à se réveiller. Être tout simplement vivants. Devenir des partis authentiquement québécois voués d'abord et avant tout aux intérêts du Québec et, bien sûr, à la défense et à la promotion des valeurs et des aspirations du pays canadien.
Certes, les partis fédéralistes au Québec seront toujours à trois ou à quatre à se partager le vote «fédéraliste» alors que le Bloc bénéficiera de l'apport quasi automatique de l'électorat souverainiste. Raison de plus pour les partis fédéralistes au Québec de sortir de leur torpeur. Il est tout à fait possible pour eux de faire beaucoup mieux au Québec et de changer le cours des choses parce que, malgré les bons résultats obtenus par les troupes de Gilles Duceppe, le rôle du Bloc à Ottawa est toujours, et de plus en plus, remis en cause et le mouvement souverainiste est loin d'avoir sa vigueur d'antan.
Alors... que les partis fédéralistes au Québec, députés et militants, se mettent au travail!
***
Jean-Claude Rivest
Ancien conseiller de Robert Bourassa, l'auteur est sénateur indépendant.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé