Affaire Michaud

À l'approche du 20e anniversaire de l'Affaire Michaud - Plan d'action

Il est temps que justice soit faite

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Tribune libre

I- INTRODUCTION

[1] Le 14 décembre 2020, il y aura 20 ans que l'Assemblée nationale du Québec, sous le gouvernement de Lucien Bouchard, a adopté une motion de blâme à l'unanimité contre le citoyen Yves Michaud, ancien député, ex-délégué général du Québec en France, ex-directeur du Palais des Congrès et ami personnel de René Lévesque et Jacques Parizeau, avec lesquels il avait fondé le quotidien indépendantiste Le Jour.


[2] Cette motion se lit comme suit« Que l'Assemblée nationale dénonce sans nuance, de façon claire et unanime, les propos inacceptables à l'égard des communautés ethniques et, en particulier, à l'égard de la communauté juive tenus par Yves Michaud à l'occasion des audiences des états généraux sur le français à Montréal le 13 décembre 2000. »

(Je souligne)


 

[4] Or, M. Michaud n'a jamais prononcé de quelque façon que ce soit des "propos inacceptables" à l'égard des communautés ethniques et en particulier à l'égard de la communauté juive. Au contraire il a louangé le peuple juif et il a mentionné que le Québec avait besoin d'immigrants ayant des droits mais aussi des devoirs envers la majorité francophone et a souligné l'ardeur et la volonté de nombreux immigrants à s'intégrer au Québec.

 

[5] Vous trouverez ci joint le verbatim de l'allocation de M. Michaud tenue le 13 décembre 2020 et je mets au défi quiconque de trouver dans cette allocution le moindre propos "inacceptable" de ce dernier à l'égard des communautés ethniques et culturelles.

 

II - PLAN D'ACTION

 

[6] Demander  au nouveau chef du "nouveau" Parti Québécois, Pierre Saint-Paul Plamondon,  de présenter des excuses officielles à M. Michaud au nom du Parti québécois, entérinant ainsi les excuses officielles d'une cinquantaine de députés péquistes ayant participé au vote et qui l'ont fait de façon individuelle

 

[7] Demander au Premier ministre François Legault, seul membre encore actif de l'Assemblée nationale, ayant voté la motion de blâme contre M.Michaud a présenter  ses excuses individuelles et celles du Gouvernement du Québec à ce dernier au nom du  droit fondamental à la sauvegarde, de l'honneur et la réputation prévu à l'article 4 de la Charte des droits et libertés de la personne qui lie l'État par l'article 54 de cette charte.

 

[8] Subsidiairement trouver un député qui déposerait avec préavis et débat la motion suivante: 

 

 CONSIDÉRANT QUE le 14 décembre 2000 les membres de l'Assemblée nationale ont adopté une motion de blâme, sans préavis et sans débat, contre Yves Michaud pour des propos décrits dans cette motion comme «inacceptables» à l'endroit des communautés culturelles et de la communauté juive en particulier, lors d'une séance des États généraux sur la langue française tenue le 13 décembre 2000;


CONSIDÉRANT QUE la transcription des notes sténographiques de cette séance du 13 décembre 2000 démontre de manière prépondérante qu'il n'a prononcé aucun propos inacceptable à l'endroit des communautés culturelles et en particulier la communauté juive qu'il a, au contraire, louangée;


En conséquence, il est proposé que l'Assemblée nationale offre des excuses publiques à M. Yves Michaud.


[9] Subsidiairement trouver un député qui accepterait de parrainer une pétition en faveur d'Yves Michaud avec l'engagement que cette pétition sera étudiée par la Commission de l'Assemblée nationale comme le prévoient les articles 64.2 et 64.3 du Règlement de l'Assemblée nationale.


[10] Je n'ai pas besoin d'argent mais d'appuis et surtout que chacun qui recevra ce texte le diffuse dans ses réseaux afin qu'il se rende à destination.

 

Je vous remercie de votre collaboration.

 

Pierre Cloutier ll.m

avocat à la retraite

(450) 535-6716



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6 commentaires

  • Claude G. Thompson Répondre

    13 décembre 2020

    Le 5 décembre 2010, j’écrivais dans Vigile (Des excuses ? Pourquoi pas ?) que j’étais déçu et en même temps dans un certain état d’incrédulité face aux arguments de madame Marois et de ses députés. J’avais peine à croire que les membres du PQ approuvaient dans leur ensemble la décision de ne pas aller de l’avant avec la motion de monsieur Khadir, qu’ils auraient pu tenter d’amender le cas échéant. Or, comme j’ai pu m’en rendre compte en faisant la chronologie des événements qui ont conduit à la motion de M. Khadir, dès le 28 octobre il déclarait souhaiter rallier les parlementaires autour d’une motion qui permettrait de donner satisfaction à Yves Michaud et qu’il rencontrerait dans la semaine suivante des députés d’autres partis afin de discuter de la possibilité d’introduire un règlement qui empêcherait ce qu’il qualifiait de « dérapage ».


    Deux semaines plus tard, le 17 novembre, il faisait sa déclaration à l’Assemblée nationale stipulant qu’une injustice avait été commise parce que les faits allégués n’étaient pas fondés, que le principal intéressé n’avait pas été entendu et que le moyen pris par ses détracteurs était sans commune mesure et hors de proportion avec les moyens à la disposition du citoyen Michaud. Puis, le 1 décembre 2010, il adressait un message à M. Charest et Madame Marois affirmant entre autres qu’à l’examen, les propos qu’il avait tenus devant les États généraux du Québec et qui étaient à l’origine de la motion, n’étaient ni antisémites ni haineux, que M. Michaud n’avait pas eu l’opportunité de s’expliquer avant ce blâme et qu’il avait été condamné sans possibilité de défense pour des propos qu’il n’avait pas tenus. Il les invitait alors à l’accompagner ou à prendre eux-mêmes l’initiative de présenter une motion qui reconnaîtrait l’erreur commise à l’endroit de M. Michaud. Ainsi, tout geste des membres de l’Assemblée nationale qui traduirait leur capacité de porter un regard critique sur leur propre action serait perçu comme une attitude noble et un leadership susceptible de rehausser la crédibilité de nos institutions et celle de leurs personnes.”


    Ne recevant vraisemblablement aucune réponse à son invitation, il a donc présenté sa motion le 3 décembre. Elle ne fut pas débattue, le Parti québécois refusant d’y consentir. Le Parti libéral accepta quant à lui d’en débattre et M. Kadhir, restant sur son appétit, en fut quitte pour évaluer les suites à donner à sa proposition.


    Depuis lors, les choses n’ont fait que s’envenimer et nous avons assisté à plus d’un débat sur les raisons qui ont amené les libéraux à accepter de débattre de la motion Khadir et celles qui ont amené Madame Marois à refuser de le faire. Il a été beaucoup question du fait que débat il devrait y avoir et également que des excuses soient présentées à M. Michaud. Sur ce dernier point, certains intervenants, comme M. Bousquet, continuent à insister inlassablement.


    Le 7 décembre 2010, je prenais position dans Vigile en affirmant qu’il était plus que temps que cessent les tergiversations et que des gestes soient posés qui mènent à des actions concrètes, incluant débat et excuses, et que ceux qui feraient l’indépendance ne s’y prendraient pas autrement.


    Je réagissais à l’article de Jean-Marc Salvet dans le journal le Soleil intitulé “« Affaire Michaud » Marois propose un compromis à Khadir”, où il était écrit que Madame Marois avait demandé au président de l’Assemblée nationale de faire en sorte que plus personne ne puisse être blâmé sans avoir été entendu par les élus. On pouvait aussi y lire que pour son parti, il n’était cependant pas question de reconnaître formellement une erreur dans l’affaire Michaud.


    Je reprochais à Madame Marois de parler avec les deux côtés de la bouche parce ce que si il n’y avait pas eu erreur, je ne voyais la nécessité qu’elle veuille faire en sorte que plus personne ne puisse être blâmé sans avoir été entendu pas les élus et en qu’en même temps, elle refuse de reconnaître qu’il puisse y a voir eu une erreur de commise dans « l’affaire Michaud ». J’ai alors écrit que prendre une telle position me semblait tenir de la schizophrénie et que décidément, madame Marois ne savait plus à quel saint se vouer et prêchait par excès de sophismes pour essayer de se sortir du bourbier dans lequel elle s’était enlisée pour ne pas avoir pris l’initiative d’une lutte à finir avec l’histoire et éventuellement, avec le PLQ.


    Monsieur Barberis-Gervais répondit alors à mon envoi en reprenant les paroles de Madame Marois à M. Michaud dans sa lettre du 3 décembre dans laquelle, selon lui, elle affirmait : “[… Pauline Marois a écrit qu’elle n’a pas été équitable envers Yves Michaud, que l’Assemblée nationale n’a pas été équitable envers Yves Michaud.”


    Je lui répondis que pour moi, elle parlait à titre de députée de l’Assemblée nationale parmi les autres députés qui avaient voté pour la motion libéral et que rien ne laissait entendre qu’elle le faisait au nom de son parti puisqu’en réalité elle avait plutôt écrit : “J’estime, à titre de députée de cette Assemblée, que nous n’avons pas été équitables à votre endroit et que vous auriez dû avoir le privilège de vous expliquer sur cette motion avant son adoption.”


    De plus, nous n’étions pas d’accord lui et moi sur la notion d’excuses.


    Le dimanche 12 décembre, M. Barberis-Gervais nous revenait avec cette fois un très intéressant envoi dans lequel il reproduisait un extrait de la conférence de presse de Madame Marois à Québec et dont il nous proposait avec justesse de tirer nos propres conclusions : « ce qu’a dit Pauline Marois le 10 décembre 2010 » Tribune libre de Vigile.


    Voici le contenu de l’extrait dont il était question :


    "Le Modérateur (M. Yves Chartrand) : Marie-André Brassard, Radio-Canada.


    Mme Brassard (Marie-Andrée) : Mme Marois, bonjour. Il y a plusieurs députés péquistes, ou quelques-uns en tout cas, qui se sont excusés auprès de M. Michaud. Pour quelle raison n’en faites-vous pas autant ?


    Mme Marois : J’ai posé les gestes que je croyais devoir poser comme chef de l’opposition et comme membre de l’Assemblée. Je crois que M. Michaud n’a pas été traité équitablement il y a 10 ans, et ça ne… c’est une situation qui ne devrait plus se reproduire. J’ai donc demandé au président de l’Assemblée nationale de modifier, de nous présenter une proposition nous permettant de modifier nos règles pour qu’on ne puisse condamner les propos d’une personne sans l’avoir entendue. Je crois que c’est ce qu’il fallait faire pour faire en sorte que plus jamais ça ne se produise comme ça s’est produit il y a 10 ans, et c’est l’avenue que j’ai privilégiée et que je continuerai de privilégier pour la suite des choses.


    Mme Brassard (Marie-Andrée) : Ma question est : Mais pourquoi ne pas procéder par une motion, puisque c’est par une motion qu’on a blâmé M. Michaud ?


    Mme Marois : Alors, moi, je…


    Mme Brassard (Marie-Andrée) : Je comprends que vous regrettez ce geste-là.


    Mme Marois : Vous êtes conscients… Vous avez sûrement été au point de presse de M. Fournier, le leader du gouvernement, la semaine dernière, lorsqu’il est sorti publiquement suite à la présentation de la motion de M. Khadir. Si vous avez écouté M. Fournier comme moi je l’ai écouté, et j’ai même pris la peine de relire ses propos, M. Fournier veut profiter d’une motion qui aborderait cette question. Imaginons qu’on fait une question pour modifier nos règles à l’Assemblée nationale, il profiterait de cette question - et il l’a dit très clairement, je ne lui prête aucune intention, il l’a répété aujourd’hui - pour en faire à nouveau un procès de M. Michaud, et lui ferait le procès de M. Michaud et ferait le procès du Parti québécois. Je pense que c’est un piège très gros, et nous n’entrerons pas dans ce piège.”


    Par ailleurs, en consultant le site de l’Assemblée nationale et en continuant la lecture de la conférence de presse d’où avaient été tirés les propos cités ci-haut, je trouvai cet autre échange qui m’apparaît très révélateur de l’ambiguïté de la position de Madame Marois et qui avait vraisemblablement échappé à M. Barberis-Gervais :


    M. Robitaille (Antoine) : …considérez-vous que M. Michaud a tenu des propos inacceptables à l’égard de la communauté juive en l’an 2000.


    Mme Marois : Écoutez, moi, je ne veux pas revenir sur l’affaire Michaud, comme vous l’appelez, je crois que j’ai posé les bons gestes qu’il fallait poser à son endroit en reconnaissant que nous ne l’avions pas entendu, et que nous aurions dû l’entendre, et que c’était inéquitable de l’avoir traité de cette façon-là. Il me semble que ça dit bien ce que je souhaite pour l’avenir. Et je dis justement que, pour l’avenir, je demande au président de nous proposer de modifier les règles en ce qui a trait à des motions que l’on pourrait présenter et qui condamnent les propos de certaines personnes.


    M. Bédard : Permettez-moi seulement un commentaire. J’ai lu ce matin - puis là je ne me souviens plus où - que les libéraux auraient adopté la motion qui a été présentée. J’ai lu ça quelque part, là, et je ne me souviens pas dans quel journal.. Mais je pense qu’à l’évidence, les libéraux n’auraient pas adopté cette motion. Au contraire, ils s’en seraient servie pour refaire un procès. C’est juste si ce n’est pas dans votre journal. C’est pour ça, oui. Ah ! O.K.


    Le Modérateur (M. Yves Chartrand) : M. Laforêt.


    M. Bédard : Ah ! Il y a une correction ?


    M. Laforest (Alain) : Ça va être très rapide, Mme la ministre Marois. Vous savez, mes questions sont toujours très courtes. Je viens de vous entendre sur M. Michaud.


    Mme Marois : Oui.


    M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous êtes prête à présenter des excuses ?


    Mme Marois : Écoutez, je crois que la façon que j’ai choisi de procéder reconnaît que nous l’avons traité inéquitablement et je crois que c’est suffisant, dans les circonstances, pour qu’il puisse être, je dirais, soulagé d’un certain poids.


    M. Laforest (Alain) : Donc, vous lui dites de dormir tranquille maintenant et de passer à autre chose ?


    Mme Marois : Je lui dis de dormir tranquille.


    M. Laforest (Alain) : …passer à autre chose.


    Mme Marois : Pourquoi pas ?”


    Le lundi 13 décembre 2010 dans le journal Le Devoir, paraissait ce texte de M. Michaud, reproduit dans Vigile sous le titre « Passer à autre chose ? », dans lequel il exprimait clairement sa position quant à l’état actuel des choses :


    Madame Pauline Marois, je voudrais « dormir tranquille », comme vous dites. Hélas ! l’« inéquitable » somnifère que vous m’avez donné n’a aucun effet. Vous voudriez que je « passe à autre chose » ; je n’y arrive pas. Nous sommes des dizaines et des dizaines de milliers de Québécois qui souhaitent que vous vous excusiez carrément de l’injustice dont vous avez été complice, et que vous vous engagiez, une fois rendue aux plus hautes fonctions de notre État, à corriger les règlements de notre Assemblée nationale de sorte que nos droits imprescriptibles ne soient plus bafoués. Dans les plus hauts intérêts de notre parti, de ses membres, de nos concitoyens qui méritent mieux que la caricature barbouillée du gouvernement actuel, vous vous devez de prendre cet engagement.


    Nous n’allons tout de même pas entreprendre une prochaine campagne électorale avec le boulet du 14 décembre 2000 à votre cheville. La soldatesque fédéraliste aiguise déjà ses couteaux devant l’ambivalence — le mot est faible — de plusieurs députés du PQ incapables de reconnaître que l’Assemblée nationale du Québec, par surcroît unanime, a violé l’une des libertés humaines les plus fondamentales du citoyen, la liberté d’expression. Tout parlementaire sait, ou devrait connaître par coeur, le XIe article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen décrété par l’Assemblée nationale française les 23, 24 et 26 août 1789 :


    « La libre communication des pensées et des opinions est l’un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »


    C’est cette liberté que vous avez bafouée il y a dix ans, avec 108 de vos collègues, dont une poignée eut la décence de s’excuser. Je reconnais que vous avez pris le bon chemin d’une amende honorable en avouant que l’Assemblée nationale n’avait pas été « équitable » à mon endroit. Entre plusieurs mots, vous avez choisi le moindre. Il n’est cependant pas question d’équité (sic) dans l’affaire qui nous préoccupe, c’est-à-dire de partage des torts, comme si j’avais été partie prenante à la motion scélérate. Vous regrettez sans doute d’avoir voté « en vote âme et conscience » pour employer une pieuse expression de l’une de vos collègues de l’époque. Il faut avoir une âme grise et une conscience élastique pour participer sans honte à une « exécution parlementaire » dont il n’existe aucun précédent depuis quatre siècles de l’histoire des démocraties.


    Si vous en doutez, prenez le soin de lire le récent ouvrage de Gaston Deschênes sur l’affaire qui porte malheureusement mon nom. Vous serez alors complètement instruite des circonstances qui m’ont valu d’être pendu haut et court par un parlement égaré et ignoblement voué à l’exécration populaire.


    Je ne vous souhaite pas ce qui m’est arrivé. Un demi-siècle de services rendus à mes concitoyens de toutes origines jetés à la poubelle de l’histoire. Et vous voulez que « je dorme tranquille et que je passe à autre chose » ”


    Qu’y aurait-t-il à ajouter à ce qu’affirme M. Michaud. Il exprime clairement, à la satisfaction de tous ceux qui souhaitaient l’entendre, ce qu’il ressent et ce qu’il pense face à l’état dans lequel se trouvent actuellement les choses.


    Dès le 4 décembre, en réponse à un envoi à Vigile de M. Le Hir, « Le cas Michaud », j’avouais ma déception face à l’attitude de madame Marois, bien qu’il ne fut pas question pour moi de remettre en doute la légitimité de sa position à la tête du PQ. J’étais consterné qu’elle ne prenne pas fait et cause pour un règlement dans la dignité de "l’affaire Michaud", dans le cadre spécifique autour duquel il en décrivait l’avènement. Au lieu de cela, elle se contentait de faire un constat plutôt impersonnel de l’inéquitable traitement dont il avait victime, comme si elle n’avait rien eu à y voir.


    Eu égard à la situation telle qu’elle se présente encore aujourd’hui et compte tenu de la chronologie des événements à laquelle je me suis astreint dans mes deux textes précédents, ma position a peu changé, sinon que je reconnais que Madame Marois accepte sa part de responsabilités dans le vote du 14 décembre 2000.


    Par ailleurs, M. Le Hir a été le premier à nous faire comprendre que l’idée d’un « nouveau mécanisme » qui permettrait d’entendre toute personne ou organisme qui ferait l’objet de blâme avant que l’Assemblée nationale ne soit saisie d’une motion laissait entendre qu’elle pourrait ainsi continuer à agir en tribunal du peuple, ce qui, comme il l’expliquait dans sa réponse à monsieur Michaud à son envoi à Vigile du 6 décembre, n’est ni de son droit ni de son devoir.


    Il écrivait :


    [… En effet, même si l’Assemblée Nationale n’est pas à proprement parler un organisme judiciaire ou quasi judiciaire, elle est tenue de respecter les règles élémentaires de justice naturelle (ce qu’on appelle en droit anglo-saxon le "due process") à chaque fois qu’elle adopte une motion susceptible d’affecter les droits d’une personne, en raison de son statut de corps public…] […En l’occurrence, vous êtes la personne visée par cette motion, et celle-ci porte atteinte à votre image et à votre réputation. Or le droit à l’image et à la réputation est reconnu par le Code civil, et même si vous ne pouvez pas poursuivre les membres de l’Assemblée Nationale en raison de leur immunité parlementaire, vous êtes certainement bien-fondé à demander réparation sous forme de rétractation, même si vous ne pouvez pas requérir pour ce faire l’intervention des tribunaux. Vous devez procéder par voie de demande formelle à l’Assemblée Nationale signifiée au Président de celle-ci. Pour peu qu’elle soit médiatisée, cette demande sera lue à l’Assemblée Nationale et celle-ci devra se prononcer. S’il fallait qu’elle soit rejetée, l’Assemblée s’enferrerait dans l’erreur et deviendrait la risée du monde entier…]


    L’engagé lui aussi soutenait très clairement et très lucidement dans une réponse à Madame Marois que :


    […L’affaire Michaud est donc une occasion inespérée de faire avancer notre cause. Que les Libéraux veuillent refaire son procès nous donnera justement une tribune. Si vous trouvez que les médias sont trop puissants et trop favorables au Parti libéral et au fédéralisme, ce constat doit lui aussi devenir l’objet d’un combat et non d’une stratégie défensive de repli. Les changements en lesquels vous, moi et une majorité de francophones croyons commandent de l’audace, c’est à nous d’influencer l’opinion et non d’obéir à la dictature des soudages. […Nous ne devons pas craindre que Charest agite sa sempiternelle « chicane » et « le référendum », il faut lui demander en quoi ce Canada en lequel il tient tant est bon pour la survie du français à Montréal et en quoi l’intégration de tant d’immigrants pour le Québec peut être favorable pour la majorité. En consolidant les doléances de la minorité, c’est lui qui divise le Québec…]”


    L’Attitude du gouvernement Libéral, par la voie de son chef Jean Charest et de son ministre de la justice Jean-Marc Fournier constitue la plus belle démonstration de ce que sont l’hypocrisie, le manque d’éthique, la mauvaise foi, la manipulation, le mensonge et la tromperie.


    À lire l’interminable question de M. Charest adressée à M. Bouchard le 14 décembre 2000, où sont dénoncés des propos qu’aurait tenus M. Michaud devant la Commission Larose sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec, que rien ne vient ni ne peut confirmer, qui sont insidieusement et mesquinement mis en parallèle avec des déclarations déformées de l’ancien premier ministre Parizeau tout en condamnant sans procès ni appel M. Michaud, on reste pantois. Qu’un premier ministre s’abaisse à pareille manipulation et qu’il s’attire en même temps l’approbation du chef de l’opposition sans que ce dernier ne tente de quelque façon que ce soit de s’informer du contenu exact des déclarations mises en preuve est encore plus étonnant. Comment, en effet, un chef de parti peut-il ainsi laisser un candidat nanti d’une fiche personnelle remarquable, d’une carrière politique prestigieuse et d’une réputation sans tache la proie de l’injustice, du mépris et du mensonge ?


    Plus étonnant encore, par quel extraordinaire effet du hasard se pourrait-il qu’un député du parti au pouvoir et un autre de l’opposition présentent, moins de 24 heures après la participation de M. Michaud à la commission Larose une motion truffée de mensonges dont personne ne prend la peine de vérifier la validité ?


    Pour ajouter à l’incroyable, comment cette motion présentée sans préavis a-t-elle pu être remportée sans débat par 109 voix sur 110, le 110e s’étant retiré pour ne pas enfreindre la ligne de parti, sous prétexte que le texte parlait de lui-même et qu’il était présenté par des parlementaires de part et d’autre de l’Assemblée nationale.


    Plus incroyable encore, comment après dix ans, les partis responsables de ce gâchis peuvent-ils encore tenter de se disculper par des arguments irrecevables et refuser de faire amende honorable en réhabilitant le citoyen Michaud et en s’excusant auprès de lui ?


    Poser la question, c’est y répondre. Dans mon texte du 11 décembre « Qui a peur de Yves Michaud 1- » j’ai d’ailleurs commis un lapsus révélateur en transcrivant la réponse du leader de l’opposition officielle, M. Pierre Paradis, en écrivant : “[…il y aurait lieu de procéder par un « vole » par appel nominal” plutôt que d’écrire « par un vote par appel nominal ».


    Les lecteurs auront eu la possibilité de se faire une idée sur « l’Affaire Michaud » à travers les nombreux textes qui ont été publiés sur Vigile ou dans les autres médias d’information et les débats auxquels ils ont donné lieux.


    Il est désormais bien établi que rien dans l’intervention de monsieur Michaud devant la Commission des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française le 13 décembre 2000 ne laisse planer quelque doute ni quelque ambiguïté que ce soit sur sa profonde compréhension et son respect des communautés culturelles.


    L’attitude mesquine des libéraux et leur refus de faire amende honorable ne peuvent que les voir s’enfoncer davantage dans leur manque d’éthique et de leur habituelle culture de la dissimulation et du mensonge. L’hypocrisie de leur conduite depuis le début est indigne des attentes légitimes de la population qui les a élus pour les servir plutôt que de les voir se servir.


    Le parti Québécois, sur lequel devraient naturellement se fondre nos espoirs de voir naître le pays a lui aussi manqué lamentablement à ses devoirs en trahissant un des leurs comme ils le firent le 10 décembre 2000. Quels étaient les véritables motifs de M. Bouchard pour se comporter comme il le fit et comment ou pourquoi, face à son adversaire politique, s’est-il laissé entrainer dans pareille mascarade en amenant avec lui tous ses députés ?


    Nous n’avons pas encore obtenu de réponse satisfaisante à cette question. À la fin de mon précédent envoi, je terminais ma chronologie des événements en écrivant que je tenterais dans le prochain de faire le tour des différentes opinions qui se sont vues exprimées et des conclusions que nous pouvons en tirer. Je m’en tiendrai donc pour le moment, compte tenu du nombre de textes qui ont été envoyés à Vigile et des réponses que certains apportent au sens à leur donner, m’en tenir aux réflexions que je viens de partager avec les Vigiles et aux citations d’autres auteurs que j’ai utilisées. Toutefois je me demande, comme M. Le Hir l’écrit dans son envoi d’aujourd’hui à Vigile « Le PQ est en train de se faire hara-kiri » :


    Y a-t-il un autre problème qui se cache en dessous de l’affaire Michaud ? L’affaire Michaud servirait-elle de paravent à une autre saloperie encore plus grave ? Laquelle ? C’est le genre de question qu’on ne peut pas s’empêcher de poser lorsqu’on en arrive à ce point.”


    Pour l’heure, en tant que citoyen et électeur ayant toujours voté pour le parti Québécois, le manque de clarté et la faiblesse des arguments de madame Marois dans toute cette affaire laissent planer un doute sur sa capacité à se comporter comme je m’attends qu’un chef de parti le fasse, en donnant l’exemple et en commençant par payer de sa personne en témoignant d’abord en toute simplicité et en toute franchise du manque de perspicacité et de l’absence d’éthique dont firent preuve les 109 députés de l’Assemblée nationale le 14 décembre 2000 en votant comme ils le firent en faveur de l’immonde motion des libéraux. Des excuses de sa part, comme certains de ses députés en ont fait depuis peu, n’auraient pu que la grandir à la face de la Nation. Attendre comme elle le fait encore et ne pas répondre aux attentes de la majorité des citoyens qui voteront aux prochaines élections ne pourra rien lui apporter de bon, ni à son parti.


    Tout souhait pour que pareil événement ne puisse se reproduire n’a de valeur à mes yeux que s’il est précédé de cette reconnaissance et de ces excuses.


    Madame Marois, faites-nous la preuve que vous avez l’étoffe d’un chef d’État.




     


    ÉCHANGE AVEC M. MENESTRELEM




     


    Le 14 décembre, M. Menestrelem faisait parvenir à Vigile la réponse suivante à mes textes sur M. Michaud :


    Merci M. Thompson pour votre article, il inspire à une réponse un peu longue, mais qui vient du coeur.


    À votre question sur le "pourquoi" derrière cette "mascarade" dans laquelle Bouchard s’est laissé entrainer, je vous donnerais, tout en m’inspirant des plus sages, la réponse suivante :


    Les juifs ont comme adage : "Les gens riches ont des héritiers, pas des enfants", en d’autres termes, les intérêts pour la richesse conditionnent, parfois très subtilement, le comportement des hommes et des femmes de pouvoir sans égard aux conséquences sur la vie des êtres même de leurs plus proches. Bouchard jusqu’à preuve du contraire, ne fait pas exception.


    Aussi, dans le même esprit, Joseph Fievée écrivait : "Les hommes n’ont pas toujours besoin de raisonner leur conduite pour la conformer à leurs intérêts." Et l’intérêt de Bouchard était d’abord celui de protéger sa réputation :


     lui qui avait été traité d’Hitler par le passé ;


     lui qui vivait ou apprenait à vivre avec une nouvelle culture ; sa femme d’origine juive ;


     lui qui aimait se trouver avec les hommes de pouvoir comme Desmarais ;


     lui qui, selon ses propres dires, suppliait l’agence de notation financière la Standard and Poor’s de ne pas baisser la cote financière du Québec ;


     lui qui ne pouvait et ne voulait avoir dans sa députation un homme de caractère et d’idée comme Michaud ;


     lui qui enfin, venait de trahir Mulroney et ne voulait pas laisser le moindre doute sur sa fidélité à ses nouveaux amis ainsi qu’aux principes de respect d’autres cultures, en particulier celle des juifs.


    Ces juifs que j’aime de tout mon coeur, malgré le fait qu’au sein de leurs communautés (comme au sein de d’autres) vivent des hommes dont le degré d’abomination est si élevé qu’il n’en reste que mystère. Un mystère toutefois, que je crois avoir résout après ma lecture de ce proverbe hébreu :


    "Un des plus grands mystères de l’existence est de comprendre comment le garçon qui n’était pas digne d’épouser votre fille a pu devenir le père de la plus belle petite-fille du monde".


    Un adage qui m’a permis de comprendre que parfois, la défécation de certains se transforme sous nos actions, en riche compost pour la terre à travers laquelle nous aspirons aux plus belles roses.


    En ce sens, Bouchard et cie dans leurs ignominies successives, pourraient devenir, moyennant la juste approche, les larrons qui nous permettent de transformer toute cette affaire en une « Miche » et en une « Eau » qui sustentent nos enfants, leurs petits enfants et les générations suivantes. Je m’explique.


    Rarement dans ma vie, ai-je été aussi carburé pour que la vérité soit dite haut et fort pour un Québécois autre que ceux qui sont de ma famille ou de mes amis. Cette histoire de Michaud m’a pris au coeur dès les premiers moments et me poussa à me dépasser, et ce, en dépit des risques que je voyais se profiler.


    Je savais aussi que la fougue de notre « patriarche » à chercher et révéler la transparence dans les institutions, et son acharnement à proposer des solutions à l’opacité des banques devaient l’amener tôt ou tard au pilori des innocents. C’était inévitable dans une société comme la nôtre, qui devient tout en douce, conformiste et confortable dans son inconfort.


    Je prenais conscience aussi, dans le douillet confort de mon anonymat, que mon sens de l’honneur et les qualités de Michaud que je reconnaissais en moi prendraient tôt ou tard le dessus.


    Mon expérience personnelle M. Thompson, n’est pas très différente des autres Québécois à la différence près, que je suis probablement moins attaché aujourd’hui à mes privilèges, mon confort et ma réputation que d’autres. Je suis prêt à révéler le meilleur qui m’habite, en particulier le courage, tout en étant extrêmement vigilant pour ne pas tomber dans la témérité. Toute cette aventure vécue par M. Michaud m’y prépare bien.


    Il y a donc dans toute cette affaire, une opportunité pour préparer le prochain 14 décembre 2011, et la révéler comme la JOURNÉE NATIONALE DE L’AFFIRMATION DE LA PAROLE CITOYENNE - clin d’oeil à la "Parole d’un homme libre", mais surtout faisceau de lumière sur la force des Québécois : leur langue, leur souhait et leur expression vive pour une nation qui révèle le meilleur d’elle-même.


    Cet événement, si il est utilisé pour harnacher l’opportunité du meilleur en nous et non le pire dans l’autre (ce qu’évoque le thème proposé par Vigile i.e 14 décembre Journée de la honte), pourrait devenir le moment de l’histoire qui nous permet de donner naissance à la plus belle des petites filles du monde : la nation québécoise.


    Merci encore pour votre engagement, cela m’inspire beaucoup et me réconforte pour l’avenir des Québécois.”


    Le 15 décembre, je lui répondais en ces termes :


    M. Menestrelem,


    merci pour ce commentaire qui prend pour moi valeur d’enseignement. Il se dégage de votre intervention sagesse, respect, maturité, lucidité et courage. Rarement avons-nous la chance de lire un témoignage qui donne autant à réfléchir et à méditer sur nos intentions, même les plus secrètes ou les plus inconscientes, face aux réactions que déclenchent en nous des événements comme celui du 14 décembre 2000 et à l’attitude que nous prenons face à ceux-ci.


    J’avais, comme beaucoup sinon la majorité des Québécois, oublié ou mis de côté cet épisode de la vie parlementaire, poussez que nous sommes sans cesse par les "unes" accrocheuses qui se bousculent aux portes des journaux, des caméras, des microphones et des écrans de nos ordinateurs ou de nos téléviseurs. Les nécessités de la vie quotidienne et l’usure du temps qui émoussent tout et dont profitent ceux qui ne désirent pas que soient approfondis les regards de ceux qui voudraient en savoir plus nous font trop facilement perdre le fil des évènements et passer à autre chose, jusqu’au jour où nous réalisons qu’en laissant aller et en ne faisant rien, nous devenons parties prenantes des exactions et des injustices en mêmes temps que leurs victimes.


    Il faut alors la détermination, la volonté inflexible et la fidélité à ses engagements sociaux et politiques d’un homme comme M. Michaud pour éveiller notre sens de l’honneur et de la justice, pour nous ramener à nos valeurs de solidarité et d’empathie envers ceux des nôtres qui sont injustement traités et dont l’apport pour notre nation mérite que nous exigions que réparation soit faite.


    C’est ce qui m’a motivé à revenir sur la chronologie des événements qui ont conduit à "l’Affaire Michaud" et à tenter d’en comprendre les tenants et aboutissants.


    Votre commentaire constitue un apport plus qu’appréciable à ma recherche et je vous en remercie beaucoup.


    Claude G. Thompson”


     


    • Claude G. Thompson Répondre

      15 décembre 2020

      Article que j'écrivis en décembre 2010 et qui parut dans Vigile suite à deux autres qui précédaient la publication de “L'Affaire Michaud : Chronique d'une exécution parlementaire” de Gaston Deschênes en septembre 2010 aux éditions Septentrion.

  • Henri Marineau Répondre

    8 décembre 2020

    https://www.lesoleil.com/chroniques/jean-marc-salvet/affaire-michaud-reparer-une-injustice-2d77607fdd22a98bbb2e42c3340f2fc6?


  • François Ricard Répondre

    2 décembre 2020

    J'ai partagé cet article sur ma page Facebook


  • Marc Huber Répondre

    30 novembre 2020

    Vous avez mon appuis. J'aurais aimé vous le communiquer par téléphone, mais ma ligne IP ne couvre pas votre région. L'affaire Michaud est un des nombreux cadavres qui remontent à la surface de notre histoire. L'injustice est là, encore aujourd'hui, ce quelque chose qui n'est pas réglé et dont la victime fut sans aucun doute un des personnages généreux que le Québec ait connu. Trop? J'ai toujours en moi cette impression que si Yves Michaud n'avait pas été si tenace dans sa lutte contre les banques (ses actionaires), ce qui en a fait le «Robin des Banques», les attaques contre sa personne auraient été moindres. Est-ce que je me trompe?


  • Éric F. Bouchard Répondre

    25 novembre 2020

    Si, au fil de toutes ces années, vous aviez tenté de comprendre les raisons pour lesquelles l’establishment péquiste choisit Yves Michaud comme victime expiatoire, nous aurions plus de sympathie pour votre démarche. Yves Michaud ne compte pas vraiment dans cette affaire, et il aurait dû avoir l’humilité de le reconnaître. Car sa déconvenue n’a du sens que dans la mesure où elle a influé sur notre destin national.


    Le gouvernement Bouchard se devait de faire un exemple en 2000, se devait de montrer que désormais l’avenir du Québec se déclinerait dans le strict respect de la diversité culturelle et d’un plus grand bilinguisme. Yves Michaud a cru pouvoir jouer au plus fin, il a voulu ergoter sur le sujet, et le couperet est tombé. Sa disgrâce fut si expéditive et si définitive qu’elle a depuis délégitimé toute défense effective du Québec français. Vœux pieux politiques et complaintes journalistiques à la petite semaine, voilà depuis tout ce qui nous reste.


    Pourtant, la reprise de ce combat est vitale pour notre nation. S’élever contre le Québec de la loi 99, le Québec multiculturel et bilingue que nous a imposé le gouvernement Bouchard, voilà le combat à mener où nous pourrions tous retrouver honneur et dignité.


    M. Cloutier, si les gens de votre génération avaient pu cesser de se regarder le nombril, si elles avaient pu constater à quel point le rêve de québécitude nous a collectivement diminués, et réagir en conséquence, nous pourrions peut-être les considérer avec plus de respect.