375e anniversaire de Montréal: des dépenses de 107 M$ pour des retombées de 106 M$

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Pas de surprise : le 375e a coûté cher aux contribuables pour engraisser les amis de Coderre

Les activités du 375e anniversaire de Montréal ont généré des retombées économiques de 106,7 M$ l'an dernier. C'est tout juste en-deçà des 107 M$ dépensés par la Ville de Montréal et les gouvernements.


La Société du 375e a présenté vendredi le bilan de ses opérations. On note que, sur le budget de 123 M$ accordé, environ 107 M$ ont été dépensés.


Ces dépenses ont attiré 2,4 millions de visiteurs uniques, principalement des Montréalais, qui ont dépensé 261,3 M$. La firme KPMG estime que ces dépenses ont ajouté 106,7 M$ à l'économie.


Ces chiffres concernent uniquement le volet culturel du 375e. Le milliard de dollars dépensé en infrastructures est exclu.


À titre comparatif, les 85 M$ investis par les différents paliers de gouvernement dans les festivités du 400e anniversaire de Québec ont été multipliés par quatre en 2008, pour des retombées économiques atteignant presque 350 M$.


Parmi les événements uniques de la métropole, le Festival de Jazz génère des retombées de presque 40 M$ annuellement pour des subventions publiques de 4 M$.


Décevant pour les contribuables


Carl Vallée, porte-parole de la Fédération canadienne des contribuables, se dit déçu des résultats.


«On aurait été en droit de s'attendre à des résultats similaires à Québec il y a 9 ans. En termes d'investissements et de retombées, c'était du 1 pour 4 alors qu'à Montréal, c'est même pas 1 pour 1. C'est certain que les résultats obtenus par Montréal sont quelque peu décevants», dit-il.


M. Vallée s'est dit surpris de la faiblesse des résultats. Certaines des activités du 375e ont attiré des centaines de milliers de personnes, notamment l'illumination du pont Jacques-Cartier et l'arrivée des Géants.


«Est-ce qu'on aurait pu dépensé un peu moins pour le même résultat?», se demande-t-il.


D'autres retombées à venir


Alain Gignac, directeur général de la Société du 375e, estime tout de même que les contribuables en ont eu pour leur argent. Il souligne que les chiffres de KPMG sont très conservateurs, calculant uniquement les retombées générées directement par les activités du 375e. Il ajoute que les retombées se poursuivront au-delà de 2017.


«Est-ce que ça comprend les retombées de rayonnement international? Il faut tenir ça en ligne de compte parce que, si on veut grandir et rayonner, il faut investir. Les retombées sont très positives pour un événement de la sorte», affirme-t-il.


Selon la Société, les retombées médiatiques hors-Québec ont augmenté de 73% en 2017. Tourisme Montréal a aussi calculé un «gain de réputation» de 23 M$ pour la Ville de Montréal. Et environ 40% des événements à grand déploiement issus de la programmation officielle du 375e prévoient revenir.


La Ville de Montréal et les gouvernements provincial et fédéral recevront également un total de 30,8 M$ en argent non dépensé et en revenus de taxes supplémentaires.


Ambivalence de l'administration Plante


Le parti Projet Montréal, qui était dans l'opposition pendant l'organisation et la majorité des célébrations du 375e, a déjà été fort critique de la hauteur des investissements publics dans ce «grand party». Alors candidate à la mairie, Valérie Plante dénonçait une «orgie de dépenses».


Aujourd'hui au pouvoir, les commentaires sont plus évasifs.


«Le 375e, c'était un gros party organisé sur une longue période. Si on avait été l'administration au pouvoir à l'époque, est-ce qu'on aurait fait les mêmes choix? Probablement pas. Mais c'est ça que nous célébrons aujourd'hui: 375 ans de continuité. Montréal fait de grandes choses et elle fait des erreurs. Et nous apprenons de ces erreurs», affirme la responsable de la culture au comité exécutif, Christine Gosselin.


«Étant donné qu'il y a eu des contributions généreuses de la part des gouvernements fédéral et provincial, je pense que c'était une aubaine pour Montréal», ajoute-t-elle.


La Ville publiera son propre bilan en juin. Celui-ci se concentrera essentiellement sur les infrastructures, ces nombreux «legs» du 375e comme l'amphithéâtre au parc Jean-Drapeau, la Place des Montréalaises au métro Champ-de-Mars, la place publique qui remplace l'ancienne autoroute Bonaventure et la Promenade Fleuve-Montagne.


La Ville a déjà retrouvé quelques millions en argent non dépensé, somme qui a été saupoudré dans les différentes priorités de l'administration, selon Mme Gosselin. Une autre somme de 4 M$ sera également retournée à la Ville pour être dépensée en culture. Les projets spécifiques ciblés restent à déterminer.


Année record de tourisme


L'année 2017 a tout de même été une année record pour le tourisme à Montréal, qui a reçu 11,1 millions de visiteurs. C'est le plus fort achalandage touristique depuis Expo 67.


En septembre, le président-directeur général de Tourisme Montréal, Yves Lalumière, attribuait ce succès en partie aux festivités du 375e en disant que «Montréal est sur l'adrénaline».


L'organisme s'attend à recevoir encore plus de visiteurs en 2018, soit environ 11,6 millions.


Le 375e en chiffres


250 événements


107 M$ de dépenses


106,7 M$ de retombées économiques


1688 emplois directs créés


1,8 million de participants montréalais


296 242 participants québécois hors-Montréal


304 646 participants hors-Québec