La CAQ est la mal-aimée du débat des jeunes

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Aussant défend honorablement le PQ dans un débat devant la jeunesse

La Coalition avenir Québec (CAQ) devra trimer dur pour convaincre les jeunes électeurs d'ici le 1er octobre, si l'ambiance à un débat tenu mardi est un bon indicateur de l'humeur des 18-34 ans. La foule a rouspété contre certaines propositions du candidat Simon Jolin-Barrette, alors que les pointes lancées contre lui ont été applaudies.


L'organisme Force Jeunesse organisait mardi un débat centré sur les enjeux touchant les jeunes électeurs, animé par l'ex-députée et commentatrice Marie Grégoire. L'attrait auprès des jeunes est un enjeu majeur de cette élection puisque, pour la première fois depuis des décennies, les 18-34 forment le tiers de l'électorat, soit autant que les baby-boomers et la génération X. Ces «milléniaux» votent aussi en plus grand nombre que les X ne le faisaient à leur âge, selon la politologue Catherine Côté.


Si la centaine de personnes rassemblées au parc La Fontaine n'ont semblé adopter aucun chouchou, elles ont clairement manifesté leur opposition à la baisse d'impôts et aux coupures dans la fonction publique proposées par la CAQ.


Grands besoins en éducation


Les premiers échanges ont été courtois, mais le ton a monté à mi-chemin, lorsque le thème de l'éducation a été abordé.


«Il y a deux formations politiques sur quatre qui proposent des coupures de taxes alors qu'on a un réseau d'éducation qui est déjà saigné et qui a besoin de ressources. [...] Si on veut couper 1,3 G$, il faut expliquer aux gens quels services on va couper pour financer ça. C'est mathématique», a lancé le péquiste Jean-Martin Aussant, en référence à la promesse de la CAQ de réduire et uniformiser la taxe scolaire.


L'argument a attiré les premiers applaudissements notables de la soirée.


M. Jolin-Barrette a répliqué en rappelant que les taxes scolaires seraient compensées par des investissements venant du ministère de l'Éducation. La CAQ prévoit d'ailleurs augmenter le salaire des enseignants.


Réduire la fonction publique?


La CAQ prévoit dégager une marge de manoeuvre en ouvrant l'entente avec les médecins spécialistes, dont l'augmentation fulgurante de la rémunération a été maintes fois critiquée. Le parti prévoit aussi couper 5000 postes dans la fonction publique.


Cette proposition a fait bondir la représentante de Québec solidaire, Ruba Ghazal. Celle-ci a fait sa carrière dans le domaine de l'environnement dans des entreprises privées.


«J'ai eu une seule fois la visite d'un inspecteur du ministère de l'Environnement. On a des lois, mais après on met quelles ressources pour les faire respecter?», a-t-elle lancé.


Le passé des chefs fortunés


M. Jolin-Barrette a marqué un bon point contre Marwa Rizqy, représentante du Parti libéral bien qu'elle ne fait pas partie du gouvernement sortant.


Mme Rizqy s'est faite connaître pour son opposition aux paradis fiscaux. Le candidat de la CAQ lui a rappelé que le gouvernement Couillard a ignoré certaines recommandations de la Commission Bernier sur le phénomène des paradis fiscaux.


«On se retrouve dans une situation où vous allez devoir convaincre votre premier ministre, parce que lui-même a aussi bénéficié de ces accès [aux paradis fiscaux]», a-t-il dit.


M. Jolin-Barrette faisait référence au fait que le premier ministre a déposé 600 000$ dans un compte de l'île Jersey, considéré comme un paradis fiscal, alors qu'il pratiquait la médecine en Arabie saoudite. Mais Mme Rizqy lui a renvoyé la pareille.


«Rappelez-vous qu'Air Transat était au Bahamas», dit-elle à propos de la compagnie aérienne fondée par le chef de la CAQ, François Legault.


En fait, la compagnie avait une filiale à la Barbade. M. Legault nie que la filiale a été créée pour éviter de payer de l'impôt.


Le Parti vert était également présent lors du débat, mais à l'extérieur de l'Espace La Fontaine. Le chef Alex Tyrell déplore que son parti n'a pas été invité alors que la majorité de ses candidats, dont lui-même, ont moins de 35 ans.