1995 : la petite honte

3c21cf4360f739adf528e7f5d95f8467

La honte est ailleurs





Petite réflexion de fin de soirée en cette semaine de commémoration du référendum de 1995 sur l’indépendance. Je me demande une chose: mis à part les ultrafédéralistes qui ne font probablement pas plus de 20% chez les francophones (je parle des trudeauistes, des fédéralistes purs et durs à la Jean Chrétien ou à la Stéphane Dion, de ceux qui se représentent comme des Canadiens first and foremost), qui eux, doivent se dire qu’ils l’ont échappé belle le 30 octobre 1995, y a-t-il vraiment des Québécois francophones qui se remémorent avec bonheur et fierté le résultat du référendum? Y en a-t-il vraiment plusieurs qui se disent : commémorons la victoire du Non, c’était une belle bataille et nous en sommes fiers, à ce moment, nous avons sauvé notre beau grand pays du péril séparatiste? Au fond d’eux-mêmes, ne peut-on pas croire que la grande majorité des Québécois francophones pense au 30 octobre 1995 avec un pincement au cœur, une pointe de mélancolie, avec le sentiment, en fait, qu’à ce moment, nous avons raté quelque chose d’essentiel? Ne peut-on pas croire qu’ils ressentent la deuxième défaite référendaire comme un échec collectif? En fait, je suis convaincu d’une chose: il y a bien des Québécois qui ont voté Non en 1995 et qui ces jours-ci, lorsqu’ils y repensent, ne sont pas fiers de leur vote. Peut-être ressentent-ils même quelque chose comme une petite honte: celle des gens qui, pour de bien mauvaises raisons, ont eu peur à un moment fondamental et ont pris une décision irréversible qu'il leur arrive de regretter. Ils n’en appellent pas à un troisième référendum, ils ne sont pas devenus des souverainistes pratiquants, mais au fond d’eux-mêmes, ils savent bien qu’ils n’ont pas été là quand l’histoire était au rendez-vous. On comprendra leur sentiment: il correspond à la réalité.




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé