Vigile joue ainsi dans le jeu des fédéraleux qui veulent sortir Martine Ouellet du débat public
20 octobre 2018
À la fin de sa réponse du 20 octobre à M. Carmichael, M. Patenaude appelle sans y croire à d'autres voies qu'un parti politique au pouvoir pour régler la question nationale. La question est pourtant très pertinente et on peut y réfléchir.
Par définition, les partis politiques agissent dans une perspective à court terme. Peut-on le leur reprocher ? La stratégie des partis est électorale avant d'être nationale. Leur programme peut changer au gré des sondages et de l'actualité ou, sinon, du fait qu'ils se trouvent dans l'opposition ou au gouvernement. Au pouvoir, leur gouvernance introduit des clivages entre les groupes d'intérêt au sein même de la nation. Un parti politique n'est-il pas trop sujet à changements pour qu'on puisse croire qu'il garde le cap sur un objectif qui dépasse un mandat électoral ? Et encore !
Pourtant deux générations y ont cru ! Et elles ont été très déçues. Il faut rappeler que ceux qui veulent résoudre la question nationale défendent une cause existentielle et non une ambition électorale. N'est-il pas temps de reconnaître cette distinction capitale ? La cause nationale n'est pas soluble dans un programme de gouvernement. Elle fait la promotion d'idées fortes. Oui, de ces idées qui restent quand les partis ( et les gouvernements !) passent. Cette cause requiert une stratégie sur le long terme qu'un parti politique apparaît inapte à incarner. En tout cas, ce fut le cas du Parti québécois pendant cinquante ans d'existence.
Aujourd'hui, le camp national devrait éviter les erreurs du passé. Il devrait refuser d'être instrumenté au profit d'ambitions politiciennes et, au contraire, préserver son indépendance. On peut participer à la vie politique sans se mettre au service d'un parti politique. Madame Ouellet l'aurait-elle compris ? L'avenir le dira. Mais il est clair que l'échec du péquisme - un échec qu'on peut qualifier d'historique puisqu'il s'agit d'un échec de cinquante ans - nous a bien montré que la cause nationale ne peut être portée de façon stable que par des institutions indépendantes d'un parti politique. Ce qui renvoie la responsabilité à la société civile : à des organisations patriotiques et non partisanes, ouvertes à une large union nationale et prêtes à travailler avec les membres des différents partis, sans distinction.
Faut-il le répéter, notre cause est nationale et non partisane. La nation n'est pas réunie dans un parti mais se distribue en plusieurs. Les partis politiques sont destinés à se transformer par un effet d'entraînement, ils forment des terreaux peu propices à faire germer les germes du changement. Le Parti québécois n'a-t-il pas été créé en 1968 pour profiter d'une impulsion crée par d'autres ? Les partis se mobiliseront, plus vraisemblablement au stade intermédiaire, ou final, du processus de prise de conscience nationale - si « d'autres » peuvent la faire renaître - et non à ses débuts. Concéder le leadership du combat national a un parti politique a été une grave erreur, dont plusieurs se sont repentis au fil des ans sans qu'on les écoute.