La nation canadienne-française est-elle à l’agonie, ou déjà morte ?
30 décembre 2017
Mme Doucet écrit parlant de Monsieur Le Hir et de moi-même :
«Toutefois, le problème, ce n’est pas que ce qu’ils disent ne soit pas pertinent, (bien au contraire), c’est qu’ils s’expriment toujours comme s’ils s’attendaient à ce qu’une entité extérieure (comme la Ligue d’action nationale)se charge de recueillir leurs propos et de les mettre en application à leur place…»
Il est temps de faire preuve de réalisme. Tout changement de direction dans un mouvement national et social comme celui des Québécois qui aspirent à la justice pour eux, les « descendants des vaincus », ne peut se réaliser sans au préalable un brassage d'idées qui invalide et rend caduc, argumentation convaincante à l'appui, tout ce qui s'est passé depuis cinquante ans. De nouveaux états généraux ne peuvent s'échafauder que sur une reconnaissance générale d'un bilan généralement négatif de la Révolution tranquille. À part des gains économiques, cet épisode a été nuisible à la cause de l'émancipation nationale. Vous conviendrez avec moi que nous n'en sommes pas là. Si vous êtes d'accord avec cette idée, vous faites partie d'une minorité assez réduite, voire très réduite, dont je suis. Ce n'est que lorsque nos idées auront percolées à travers une tranche significative de l'opinon publique, si elles sont acceptées, que nous pourrons passer à la vitesse supérieure. Entre temps, il n'y a pas de mal à réclamer que la Ligue d'Action nationale convoque des états généraux, nous savons tous que cela ne se fera pas dans un avenir prévisible. Mais j'estime pour ma part que nous pourrions nous situer dans une phase préparatoire de l'opinon publique pour qu'une chose semblable se produise.
La tâche impérative actuelle pour les plus conscients d'entre nous n'est donc pas de renverser les libéraux, même si je ne suis évidemment pas contre, mais, en l'absence d'alternative électorale véritable, de diffuser énergiquement les idées qui nous permettront de chausser des bottes de sept lieues, pour évoquer la fameuse fable du Chat botté.
Selon moi, ma série d'articles en cours, publiée dans Vigile et ailleurs, contribue à faire le deuil de cinquante ans perdus. Et cela ne se fait pas en criant ciseaux. Car tant de Québécois y ont cru si fort. Il faut respecter la démarche de ceux qui veulent vérifier deux fois plutôt qu'une, et même trois ou quatre, c'est légitime, avant de tourner la page sur ceux qui ont suscité tant d'espoirs déçus sans jamais être à la hauteur, comme René Lévesque, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et plusieurs autres, y compris Robert Bourassa. Une désorientation nationale, comme celle que nous avons vécue depuis la tant vantée modernisation du Québec - devenue déprime profonde après le référendum de 1995 et le gouvernement Bouchard - est bien pire qu'une déprime familiale ou individuelle. Mme Doucet, nous en sommes à peine aux relevailles ! Rien ne sevirait de convoquer des états généraux dans un tel contexte, ce serait un échec.
Il est vrai que celui qui donne ne donne jamais assez, je le conçois. Mais cette série d'articles - en cours - représente ma modeste - et meilleure - contribution pour faire évoluer l'opinion publique. Le bilan - celui que je fais - est une condition pour passer à un autre paradigme. Une condition pour passer à la vitesse supérieure. Si vous voulez que nous allions plus loin, il faut d'abord diffuser ce bilan et en discuter l'esprit. En débattre certes, et s'y opposer pour plusieurs, je n'en ai cure.
La première partie de cette série, qui explore les moyens de redonner l'initiative aux « descendants des vaincus », aborde les prochaines négociations constitutionnelles qui feront des Premières nations des vedettes, alors que le Québec risque d'être exclus et même complètement ignoré. La deuxième partie revient sur l'inutile éclatement du camp des vaincus survenu à l'occasion des États généraux du Canada français en 1967. La troisième partie analyse le manque flagrant de sérieux du projet de René Lévesque
René Lévesque : Entre pays fantasmé et amour du Canada
et de ses continuateurs dans tous les partis autonomistes d'aujourd'hui. La quatrième partie propose un examen sans complaisance des quatre tentatives infructueuses de modifier le statut constitutionnel du Québec. La cinquième partie traite du syndrome du Grand Jour : le remplacement de la lutte contre un fédéralisme assimilateur par une pédagogie préparatoire à l'indépendance. Le combat vs la discussion dans les salons. [ Serait-ce une conséquence de la féminisation de la société ? ] Après la présente, sixième partie, qui expose avec concision la nature destructrice du fédéralisme et notre obligation de le combattre par tous les moyens légaux et légitimes à notre disposition, d'autres analyses inédites attendent les lecteurs.
Nous continuerons de poser les jalons qui mènent à un changement de paradigme, à une refondation rendue indispensable après cinquante ans d'échecs ininterrompus. Nous aborderons le refus Québécois de tenir tête au fédéralisme alors que la réthorique indépendantiste-souverainiste a été plus que jamais dans l'actualité depuis cinquante ans. Et, dans un texte documenté, nous nous pencherons sur la manipulation générale qui frappe désormais l'indépendantisme mondial au-delà du droit international. Y a-t-il un sens à ce que le Kosovo obtienne son indépendance sans lutte et sans référendum et, à coté, que la Catalogne, qui compte des organisations indépendantistes de longue date et qui a dit OUI échoue.
La suite à lire sur mon blogue en version beta : https://gilles-verrier.blogspot.com/2017/12/les-descendants-des-vaincus-et-les.html