Programme d'un parti CANADIEN-FRANÇAIS
2 novembre 2021
Pour écouter la vidéo associée à ce texte : https://www.youtube.com/watch?v=BdicgOppkjE&t=4s
Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier &a...
Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca
Il y a 28 ans commençait la campagne référendaire
L'échec du référendum n'est pas là où l'on pense
Pour comprendre la question nationale
À l'assaut du temps !
Porter notre identité comme la veste du patriote à la pipe
Les contestations judiciaires réglées
Une révision en profondeur s'impose
La Confédération et les Accords de Minsk...double duperie ?
Un fédéralisme des nations, l'option traditionnelle des Canadiens-français
Pour mettre fin à une controverse inutile
Article refusé!
Dans vos textes, on retrouve toujours ces éléments de la même rengaine : • un anachronisme et un révisionnisme de projection puisqu’ils sont en fait les vôtres ; • des amalgames échevelés ; • des informations historiques tronquées ; • l’irréalisme constitutionnel fondé sur la prétention stérile de reprendre le Canada malgré sa configuration actuelle, ce qui implique votre rejet de l’indépendance du Québec ; • le mépris du nom Québec sciemment adopté par notre nation dans les années 1960 ; • l’hostilité contre la québécitude, c’est-à-dire notre identité ; • la certitude grandiloquente d’avoir raison malgré tout contre le peuple québécois.
Notre État français c'est celui du Conseil souverain (1663), de Lionel Groulx, de Maurice Séguin et de Daniel Johnson (père)
L'urgence de tout revoir !
Canal historique-catholique
Notre histoire est une épopée !
À l'occasion de la fête du Canada... mais lequel ?
LAÏCITÉ
SOUVERAINISME
Ballottés entre "le grand soir" et "les petits pas"
NATIONALISME
Le patriotisme québécois est un leurre
L'AFFAIRE MICHAUD
Après vingt ans, les événements de décembre 2000 dans leur contexte
2 novembre 2021
Pour écouter la vidéo associée à ce texte : https://www.youtube.com/watch?v=BdicgOppkjE&t=4s
31 octobre 2021
Dans ce texte bien documenté, Jean-Claude Pomerleau retrace notamment les étapes de notre évolution nationale vers l'émancipation : un courant intellectuel (Lionel Groulx), devenu mouvement politique, devenu pouvoir politique, devenu près d'assumer la plénitude d'un État national. À la mort de Duplessis (1959), que ça plaise ou pas, les Canadiens-Français étaient plus unis que jamais sur le sentiment de posséder un destin collectif. Leur cohésion nationale atteignait un sommet, si bien que le parti libéral ne pouvait se présenter devant l'électorat sans défendre un agenda nationaliste. Rappelez-vous le "Maîtres chez-nous" de Jean Lesage ! Mais l'influence trudeauiste, faite de philosophie libérale, d'antinationalisme et de globaliste; le tout qualifié de "progressisme" par les influenceurs de l’opinion publique et les organisateurs d'élection faisait son chemin.
Lionel Groulx, mort en 1967, n'a malheureusement pas eu en nombre et en qualité les continuateurs qu'il aurait fallu pour nous donner une école de pensée bien constituée, capable de réfuter de manière convaincante l'idéologie trudeauiste. Certes, il y en eut plusieurs. Il y eut bien parmi eux un François-Albert Angers, dont le bilan lapidaire du référendum de 1980 n'a pas vieilli. Mais le ver trudeauiste était dans la pomme. Il s’était logé au coeur même de nos institutions nationalistes canadiennes-françaises qui s'étaient trop hâtivement ralliées au PQ, se soumettant graduellement aux tendances libérales trudeauistes. Or, quand on a pour mission historique de défendre la nation canadienne-française et qu'on finit par livrer un combat inspiré par sa mauvaise conscience nationaliste, rien ne va plus! Comparaison n’est pas raison, mais, en quelque sorte, nous sommes revenus aujourd'hui devant le même défi : celui de reconstruire une doctrine du national. Le contexte diffère toutefois de celui de l'époque puisque le mondialisme représente désormais un défi inédit - et peut-être encore plus considérable - à l'existence des nations socioculturelles historiques. Mais, en revanche, la pertinence des nations s'en trouve décuplée car ce sont les seules instances qui peuvent faire barrage au mondialisme totalitaire.
9 juillet 2021
Je soutiens la nation acadienne socio-culturelle et historique dans sa réclamation d’une reconnaissance statutaire par Ottawa et je salue l'énergie déployée par David Le Gallant et ses collègues pour y arriver.
Par la même occasion, il importe de faire quelques rappels utiles. La nation acadienne et la nation canadienne-française sont des nations sœurs qui ont beaucoup en commun. Elles sont d’abord toutes deux sorties du giron de la Nouvelle-France, participant ensemble à une épopée d’un siècle et demi de présence, d’acclimatation et de naturalisation françaises en Amérique. Elles ont toutes deux subies une guerre de Conquête aux effets dévastateurs, qui entravent depuis ce temps la stabilisation de leur existence, leur émancipation et leur prospérité. Sous l’effet de la Conquête, elles sont devenues toutes deux autochtones (d’ascendance européenne - v. le mot autochtone au dictionnaire) et elles ont subi la dévalorisation et souvent la répression de leur langue commune. Elles vivent la précarité d’une mise en minorité croissante dans un deuxième Canada, dont le peuplement s’est poursuivi sous l’égide du nouveau régime anglais et anglicisant.
Les deux peuples fondateurs du Canada (dans le sens européen), nations socio-culturelles et historiques incontestables, ont tout intérêt à unir leurs forces pour que leur statut soit reconnu par l’État fédéral. Aujourd’hui, les circonstances pour le faire sont plus favorables qu’on pourrait le penser, puisque cette démarche pourrait également intéresser les peuples autochtones pré-européens. Ils réclament, eux aussi, unanimement, une amélioration de leur statut qui porte en elle une remise en question des institutions canadiennes. Une refondation constitutionnelle du Canada, basée sur la reconnaissance et les droits de ces trois entités historiquement constituées, témoignages vivants de la diversité écologique des organisations humaines, additionnées de l’anglophonie multiculturelle et post-nationale, ou tout autre nom que cette dernière population voudra se donner, n’est donc pas à écarter.
Il vient un temps où les institutions politiques doivent s'accorder avec les réalités humaines. Pour sauvegarder la diversité bien comprise, les peuples historiquement constitués ont le devoir de se perpétuer dans leur être.
20 mai 2021
Je reviens sur les propos d'Alexandre Cormier-Denis. Il écrit
« ll serait très facile de réduire les budgets alloués aux anglophones si c'était le seul objectif visé. Cela ne demanderait aucune modification constitutionnelle ou législative, seulement Ottawa comblerait l'argent soustrait par Québec et les réseaux anglophones seraient encore surfinancés. Je suis pour ma part en faveur de la francisation intégrale des réseaux collégial et universitaire anglophones au Québec (ce que nous permet la constitution canadienne), même si cela risque de créer une levée de bouclier au sein même de la population canadienne-française »
Rien de tel n’a jamais été dans les cartons au Québec et je ne suis pas prêt à croire que ce serait « très facile ». Le plus loin où nous sommes allés en ce sens était le mouvement de francisation de Mc Gill en 1969, boudé par le PQ, et enterré en octobre 1970. À la différence d’aujourd’hui, ce mouvement de francisation profitait tout de même d’une affirmation nationale en plein essor. Vous pouvez bien rappeler que la constitution le permet en principe, mais l’état des lieux l’empêche. Cela serait dénoncé comme une attaque frontale contre les anglophones du Québec et du Canada et s’attirerait peu de sympathie dans le monde, sinon aucune. L’idée est d’une dangereuse témérité. Elle ferait boomerang au moment où les tendances démographiques pointent vers notre mise en minorité prochaine.
« Par ailleurs, sur la question démographique, c'est bien l'élection du PQ qui a fait fuir environ 200 000 anglophones hors du Québec à partir de 1977. Un exploit que l'UN n'est jamais parvenu à accomplir en plus de 20 ans de pouvoir total. La loi 99 a des défauts, mais peut servir de base à la future élaboration d'une constitution québécoise dans laquelle il faudrait inclure une formule de ce type : « Le Québec est le foyer national des Canadien français. Toutes les orientations, lois et prérogatives de l'État doivent prendre en considération ce principe fondamental. » »
Une telle formule d'amendement pourrait effectivement modifier le premier considérant de la loi 99, marquer la fin d’un déni des Canadiens-Français par Québec. Ceci forcerait une ré-écriture de la loi en conséquence, comme les troisième et quatrième considérants avant la fin, qui établissent une relation de cause à effet principale entre le droit à l’autodétermination et les référendums. Une liaison qui constitue une occultation de l’histoire, ce qui est tout à fait loufoque dans la perspective du déni de nationalité des Français canadiens commencé avec la Conquête.
« Le Canadien français est devenu Québécois avec Vatican II et l'effondrement interne de l'Église catholique. Le phénomène est bien plus anthropologique que pleinement politique et c'est ce qui rend le retour à la culture canadienne-française pré-révolutionnaire tranquille impossible considérant l'abandon de l'Église à notre endroit. »
Je ne discuterai pas ici de votre analyse des causes, la part du politique et de l’anthropologie dans l’adoption d’une identité refondue, laquelle deviendra vite purement étatique et territoriale. Mais je refuse votre conclusion qu’il s’agirait d’un « retour à la culture canadienne-française pré-révolutionnaire tranquille » Selon moi, la renaissance nationale se fera par nécessité historique et réflexe de survivance et elle sera "post"-révolutionnaire tranquille. Car, si elle s’inspire de l’histoire longue, elle n’est pas figée par elle, l’évolution se poursuit.
Il est clair qu’une armature nationale aux assises profondes nous est indispensable pour affronter les défis actuels posés par la fin du néonationalisme péquiste, lequel apparaît inévitable. Nous pouvons assurer notre avenir à titre de Canadiens-Français, peuple fondateur, devenu autochtone par la Conquête, et dépositaire de la légitimité et de droits historiques, y compris le droit à l’autodétermination, interne ou externe, le tout pouvant faire l'objet de représentations devant des instances internationales. Peu importe ce qu’on peut penser de la valeur de ces instances, ce sont les seuls forums internationaux qui peuvent entendre notre cause. .
« Ce qui favorise notre assimilation, c'est notre déclin démographique en raison de la noyade migratoire que nous subissons. »
Le PQ a proposé son plan. « ...un objectif pour 2031 : que trois allophones sur quatre choisissent le français, plutôt qu’un sur deux actuellement. » Le PQ propose d’aller à notre disparition mais moins vite. Compte tenu de notre natalité, il faudrait que 90 % des immigrants se rallient aux francophones pour éviter le déclin linguistique.
Mais former des locuteurs du français n'est pas un facteur suffisant pour inscrire les immigrants dans le continuum historique des Canadiens-Français. Notre assimilation est accélérée par l’immigration de masse, certes, mais c’est l’absence de volonté d’exister chez-nous, chez les nôtres, qui en décuple les effets. En 1969, le gouvernement de PET adoptait la loi sur les langues officielles, faisant passer l’existence de deux peuples fondateurs à l’existence de deux communautés de langues officielles. Le nationalisme québécois s’est adapté et conformé. Il a délaissé la défense de notre personnalité nationale dans sa plénitude pour tout ramener à la défense du français. Amère déception. Ce sera peine perdue car la langue n’est pas un liant suffisant pour faire nation. Pour nous sauver, il faudra d'abord reconstituer pour nous-mêmes un pôle d'attraction et d'appartenance, défendre et enseigner notre épopée nationale, redonner droit de cité à un récit historique construit depuis la Nouvelle-France. C’est ce que font tous les autochtones. Sans qu’un tel mouvement se manifeste, les tendances observées actuellement ne pourront être renversées. L'identité québécoise à double pôle linguistique, constituée de francophones et d'anglophones, est suicidaire. Elle envoie un message double non seulement aux immigrants, mais également aux anglophones et aux francophones. Avec le temps, c’est l’identité québécoise anglophone qui prévaudra, et nous en sommes presqu’au coude à coude.
17 mai 2021
Il y a vingt ans, comme si c'était aujourd'hui. Dans le numéro de mai 2001 de la revue Relations, Jean Pichette écrivait :
« Dans son discours de clôture du conseil national du Parti québécois, alors qu’il venait d’être officiellement désigné président du parti (avant de devenir Premier ministre quelques jours plus tard), Bernard Landry affirmait que "la réflexion [sur la souveraineté] est largement terminée". Il en appelait ensuite « à l’imagination stratégique », puisque, ajoutait-il, "nous savons ce que nous voulons et ce serait une erreur d’essayer de préciser à la énième décimale ce que le Québec souverain sera". [Le Devoir, 5 mars 2001]
Nous croyons au contraire, à Relations, que les considérations stratégiques ont depuis trop longtemps pris le pas sur une réflexion de fond sur le sens de la souveraineté nationale [mon soulignement] dans un cadre mondial en mutation. Aussi nous paraît-il urgent de repenser les bases du projet souverainiste plutôt que de consacrer temps et énergie à de simples opérations de marketing – pudiquement nommées « pédagogiques ».
Oui, des « considérations stratégiques » qui font encore l'objet de toute l'attention, à l'instar de ce dernier édito de Vigile qui attribue à l'orientation référendaire la faiblesse du Parti québécois et propose, en revanche, une relance par "l'édification de l'État du Québec". On tourne en rond. Et si c'était le projet lui-même qui avait besoin d'être revu ? Comme pour remettre en son centre le peuple qui l'a fait naître et qui le porte ? Comme pour l'idéologie canadian trudeauiste, l'identité québécoise est construite sur la négation et le refus de reconnaître la nationalité canadienne-française comme premier enjeu d'une lutte nationale en Amérique. https://cjf.qc.ca/.../art.../la-fatigue-politique-du-quebec/
15 mai 2021
Je poursuis...
Vous écrivez : «Or, jamais l'Union nationale de Duplessis ou de Johnson ne s'est attaquée aux « droits linguistiques » des anglophones.»
À ma connaissance personne ne propose d’attaquer les droits linguistiques des anglophones. On parle de les ramener à leur juste proportion, mettre fin au sur-financement de leurs institutions qui contribue à accroître le prestige et l’attraction de ces dernières. Une situation établie et chiffrée par plusieurs études, comme vous le savez. L’État du Québec a rendu plus problématique tout redressement à cet égard en octroyant des « droits consacrés » aux anglophones. Comment interpréter ces droits consacrés? Le maintien du statu quo qui les favorise? C’est en tout cas dans cet esprit qu’a agi récemment le gouvernement Legault avec toute la puissance de l’État, vous le savez aussi. Cette consécration d’un statut spécial aux Anglos cache mal l’infériorité historique des Canadiens-Français et la survivance de comportements coloniaux dans une logique inversée qui laisse croire que les Anglos sont ou pourraient être une minorité vulnérable au Québec, ce qui n’a jamais été le cas. Une minorité démographique, certes, mais jamais une minorité sociologique et politique.
Vous remarquerez que les mouvements de francisation (MQF, IF) ne pointent jamais du doigt la loi 99 comme élément de cristallisation du déséquilibre linguistique. Pourquoi ? Est-ce que parce que c’est une loi « québécoise » affirmative du droit à l'autodétermination ?
Plus loin : «Ce n'est pas la québécitude révolutionnaire-tranquille qui entraîne le respect des institutions anglophones du Québec (universités, collèges, hôpitaux, etc.), mais l'esprit de modération des Canadiens français et la culture politique consensuelle héritée du parlementarisme britannique que partagent nos élites politiques depuis 1791 qui sont en cause. Il faut aussi souligner la peur que suscite la réaction du Canada anglais envers notre diaspora suite à toute action contre les Anglais du Québec.»
Cet « esprit de modération » est le produit de l’indirect rule institué par l’empire colonial britannique. C’est en réalité une soumission du peuple au régime par la médiation des élites récompensées par l’élévation de leur statut économique, social, etc. Ce mode de gestion colonial est bien connu pour son succès dans l’empire britannique. Ce qui fera dire à Laurier : «I am English to the core». Mais il y a des nuances qui méritent d’être faites. La première période se distinguant de la suite.
« Les Canadiens élaboreront de 1763 à 1837, toute une théorie de la «nation canadienne», des ses droits, de ses rapports avec la Grande-Bretagne, les États-Unis et les colonies anglaises. La nation canadienne devient chez eux une expression courante. » (Maurice Séguin)
Mais si vous voulez dire que la québécitude n’est pas la cause unique de nos déboires, je suis tout à fait d’accord.
14 mai 2021
Merci de votre intervention qui me donne l'occasion de préciser certains points.
Vous écrivez : « Il faudra alors assumer pleinement le caractère multinational du Québec et arrêter de se bercer d'illusion sur le Québec comme seul État français d'Amérique du Nord. »
Oui, vous avez raison, il faut assumer la réalité. Les deux grandes communautés "nationales" au Québec sont à peu près de force égale mais les « Québécois francophones », expression courante pour désigner ce peuple sans nom, sont en déclin. Notre État français, que Lionel Groulx appelait de ses voeux, nous l’avons perdu à l'élection du PQ en 1976 et au référendum de 1980. Pour faire le contraire de ce que les Yankees avaient fait avec succès en 1776, soit de laisser partir les Loyalistes, un acte fondateur pour leur pays, le PQ a tout fait pour les retenir. Les initiatives audacieuses n’ont pas été saisies en temps opportun, on est quitte pour se rappeler que l’histoire ne repasse pas les plats.
Nous ne possédons pas l’État du Québec parce qu’il n’y a pas eu de geste identifiable pour se l’approprier depuis la Conquête. Nous n’avons pas d’autre choix, dans la perspective prochaine de notre mise en minorité, que de rivaliser avec les « Québécois anglophones », pour influencer les décisions de l’État du mieux que nous le pouvons. Nous pourrons mieux le faire par un sain séparatisme, ou une saine indépendance si vous préférez. C’est ce que nos ancêtres avaient compris en fondant des institutions comme la SSJB, l’Action nationale, les caisses populaires, des syndicats, etc., aujourd'hui disparues dans leur forme nationale.
Nous pourrons mieux affronter les nouveaux défis posés par la fin du néonationalisme péquiste à titre de Canadiens-Français, peuple fondateur, autochtone par la Conquête, et dépositaire de la légitimité et de droits historiques, le tout pouvant faire l'objet de représentations devant des instances internationales. Le Québec étant une province plurinationale entrée volontairement dans la Confédération est par nature divisé sur ces questions et n'a aucun droit à ce titre.
11 février 2021
« Si le seul critère pour qu'un immigré devienne canadien-français est la maîtrise de la langue, en quoi votre projet nationaliste se distingue-t-il du patriotisme civique québécois de type péquiste ? »
Comment pouvez-vous honnêtement ramener l'identité canadienne-française à la seule maîtrise de la langue ? Êtes-vous de bonne foi ? Vous savez bien que c'est l'identité québécoise, « two nations at war » (Durham) désormais fusionnées dans une communauté de destin, qui fait d'une supposée "langue commune" le liant national.
Et qu'est-ce qui constitue selon vous un « repli sur soi réactionnaire »?
Bonne question qui m'amène à préciser. Les Canadiens-Français de souche sont aujourd'hui à 60 % de la population. Avec leur minorisation progressive, ils pourraient rejoindre dans leur attitude future le repli sur soi réactionnaire des nations pré-européennes qui idéalisent le passé et acceptent peu d'apports de l'extérieur, sinon aucun. Autrement dit, former une nation métaphorique et folklorique. C'est ce qui nous guette.
Jugez-vous que l'aspiration que les descendants des colons ayant fondé la Nouvelle-France demeurent majoritaires sur le sol de leurs ancêtres est légitime ?
Légitime ou pas, c'est un peu une fausse question car toute la réalité démo-linguistique nous entraîne à grands pas dans le sens contraire. À défaut d'être reformulée en termes de revendication politique, une pétition de principe ne changera rien. Pour redonner du tonus à une nation menacée dans son être même, il y a urgence de réclamer la reconnaissance statutaire de la nation canadienne-française par l'État du Québec. Voilà un premier pas vers un possible retournement des choses. Mais si je comprends bien, vous ne seriez pas d'accord ? La "résistance nationaliste" que vous voulez incarner voudrait plutôt se mettre au service d'un Éric Duhaime sans qu'il s'engage à défendre un amendement à la loi 99 pour reconnaître la nation canadienne-française ? Serait-ce là la limite de votre ambition ?
10 février 2021
Merci d’exprimer un accord global avec le portrait que je dresse. De plus en plus de gens s’accordent sur ce constat. Ceci dit je comprends bien les réserves et appréhensions que vous exprimez.
Vous avez sans doute raison de penser que le référendisme n’aurait jamais vu le jour sans la révolution tranquille. Il est aussi vrai qu’on ne peut réduire à une seule cause l’érosion continue du grand potentiel national qui arrivait à maturité vers 1967, un phénomène complexe qui s’étend maintenant sur plus d’un demi-siècle.
Mais, à la fin du processus, une nation socioculturelle qui revendiquait le droit historique à maîtriser son destin s’est trouvée déplacée par une nation civique, plurinationale et multiculturaliste, jusqu’à exclure la première de toute reconnaissance statutaire. Une exclusion entérinée par la loi 99, je ne vous apprends rien.
Contrairement à la légende, l’État du Québec a toujours fait partie du dispositif de domination fédérale. Tenu par les griffes menaçantes du grand frère d’Ottawa, il s’est toujours arrangé pour éviter le conflit. C’est ce que le PQ a fait, à l’instar de tous les autres partis. L’identité québécoise devenue graduellement multiculturelle, plurinationale et chartiste, tout en se défendant de l’être, accuse sa subordination politique. Il faut se dire une chose, les gains que nous pourrions faire auprès de l’État du Québec seront toujours à son corps défendant, et ils ne se réaliseront que si nous l’assiégeons de l’extérieur comme s’il s’agissait d’un bastion à prendre. Autrement dit, les Canadiens-Français doivent se redonner du poids politique.
D’apparence assez proche de la nation canadienne-française de 1960 à 1972, la nation québécoise, intrinsèquement plus ambiguë, car elle pouvait vouloir dire deux choses bien différentes, a fini par devenir ce qu’il fallait craindre : une nation dans laquelle se dissolvait la nation porteuse du projet de libération. Pour cette raison, on ne peut adhérer à l’idée qu’une existence politique distincte pour les Canadiens-Français est interchangeable avec l’identité québécoise. Il faut revenir à la clarté des enjeux.
Par ailleurs, la plupart des appréhensions que vous évoquez dans votre commentaire sont des obstacles surmontables ou, peut-être, un manque de compréhension de notre projet.
Pourquoi dites-vous qu’un Africain ne pourrait pas devenir canadien-français après une ou deux générations ? Il ne faut pas prendre Canadien-Français comme figé dans le passé. Les Canadiens-Français ont pour bassin les Québécois francophones d’aujourd’hui, peu importe leur nation d’origine. Les premiers intéressés sont ceux qui réalisent que leur identité s’est perdue dans la construction d’une nation québécoise artificielle formatée sur des critères mondialistes. Il faut les rassembler en leur expliquant que nous demandons ce qui a été accordé à onze autres nations, en tenant compte bien entendu des différences qui s’appliquent. Nous avons encore le nombre qui nous évite un repli sur soi réactionnaire. Mais notre position est fragile. Et pour améliorer notre performance en tant que nation d’élection, nous devons accroître notre pouvoir d’attraction, ce qui ne peut se faire en définitive que par la puissance que nous projetons. Il faut donc s’affirmer. Et pour mieux le faire, il nous faut réclamer les protections accordées aux minorités, ceci tant que notre réalité politique sera d’abord configurée par notre appartenance au Canada. Ce type de revendication ne peut être mené à bien que par les Canadiens-Français organisés. J’y reviendrai d’ailleurs avec Céline Lebel à Radio Infocité, jeudi le 11 février à 19h30.
Selon moi, l’heure est venue de sortir du commentaire politique, autant que cesser de se constituer captif d’une allégeance partisane. En revanche, une action politique indépendante, authentiquement nationale et axée sur nos intérêts existentiels est très souhaitable. Notre proposition est claire et mobilisatrice. C’est une proposition qui pourrait devenir le poil à gratter de tous les acteurs politiques. Des élections sont prévues pour 2022 et d’autres échéances se présenteront, que ferez-vous ?
Extrait :
« En l’état actuel, la poursuite de l’« expérience québécoise » mène ainsi à une totale assimilation. Il nous faut d’urgence exiger des changements statutaires majeurs. Au premier chef, obtenir une modification de la loi 99 (2000) de manière à ce que soit reconnue la nation canadienne-française, française de langue et de culture, et que lui soient accordés en conséquence droits, appuis et protection de la part de l’État du Québec.
Cette modification devrait prendre la forme d’un nouveau considérant :
CONSIDÉRANT l’existence de la nation canadienne-française, fondement du peuple québécois, nation de langue et de culture française, jouissant de droits consacrés issus du Canada de la Nouvelle-France, et notamment du droit d’aménager l’espace juridique, politique, institutionnel et public du Québec de manière à lui permettre de refléter son identité nationale, à pouvoir la transmettre et à la faire s’épanouir; »
https://gilles-verrier.blogspot.com/2020/12/communique-la-federation-des-canadiens.html
7 février 2021
Trois éléments d’importance s’imposent avec le texte de Me Néron. D’abord un retour à une vérité historique toute simple : les Canadiens-Français sont les seuls détenteurs d’un droit légitime à la souveraineté. Les Canadiens-Français et tous ceux qui au fil du temps ont fait cause commune avec eux : Benjamin Sulte, Jules-Paul Tardivel et les ancêtres irlandais de Daniel Johnson, pour en nommer quelques-uns parmi des milliers. Il faut insister là-dessus, car pour plusieurs, les Canadiens-Français seraient un repoussoir absolu pour l’humanité, aucun immigrant ne voudrait adopter leur identité. Sourd à ce mauvais procès qu’on leur fait, Me Néron ramène la nation historique au cœur de la lutte nationale.
Deuxième élément, Me Néron fait voler en éclat la stratégie référendaire qu’il qualifie de fausse démocratie. Cette stratégie, œuvre maîtresse de « French menuet », a été mise en place pour retirer aux Canadiens-Français le droit de décider de leur destin.
Le troisième élément, la cause des Canadiens-Français serait recevable en vertu des normes impératives du droit international. C’est ce que Me Néron nous démontre, mettant à notre profit ses compétences de juriste.
Il brosse ensuite à grands traits la façon dont ces trois éléments pourraient trouver leur application pratique. Il écrit :
«Le gouvernement du Québec, dans la mesure où il jouit d’une forte majorité à l’Assemblée nationale et que la population le supporte dans son entreprise, devrait tout d’abord s’adresser à l’Assemblée nationale – détentrice du pouvoir législatif suprême dans l’État – pour lui demander de voter une résolution proclamant l’indépendance pure et simple du Québec.»
Force est de constater qu’un très profond fossé sépare la situation actuelle de celle d’une Assemblée nationale transfigurée qu’il évoque. Même si le but de l’article n’était pas de définir les étapes à franchir successivement pour en arriver à la proclamation de l’indépendance par l’Assemblée nationale, on se doute bien que sans passer avec succès des étapes intermédiaires, la vision d’avenir de Me Néron restera un autre projet sans lendemain.
Selon nous, la première étape voudrait que l’Assemblée nationale reconnaisse la nation canadienne-française. La dernière loi qui décrit avec détails le « peuple québécois » date de vingt ans. Il s’agit de la loi 99 (2000). Elle reconnaît onze nations autochtones, mais ne reconnaît pas l’existence d’une nation canadienne-française, devenue elle-même autochtone par la Conquête. Qui plus est, elle consacre la bonification des droits de la communauté québécoise anglophone. À ce stade, nous sommes très loin d’un État du Québec sympathique aux Canadiens-Français. Le 7 décembre dernier, pour les vingt ans de la loi 99, la Fédération des Canadiens-Français a lancé un appel pour que Québec reconnaisse le peuple canadien-français.
Le texte de la réforme proposée consiste à l’ajout d’un nouveau considérant qui se lirait comme suit :
CONSIDÉRANT l’existence de la nation canadienne-française, fondement du peuple québécois, nation de langue et de culture française, jouissant de droits consacrés issus du Canada de la Nouvelle-France, et notamment du droit d’aménager l’espace juridique, politique, institutionnel et public du Québec de manière à lui permettre de refléter son identité nationale, à pouvoir la transmettre et à la faire s’épanouir;
Son adoption par Québec annoncerait un changement de paradigme, une première étape vers la réalisation du plan de match ambitieux que propose Christian Néron. C’est pourquoi nous réitérons notre appel à tous les patriotes de soutenir cette modification de la loi 99 et de militer en sa faveur.
22 juin 2019
Effectivement, le Québec n'a pas de cause en droit international. L'injustice qui pourrait être plaidée est celle commise envers les Canadiens-français, les fondateurs du premier Canada. Ils étaient signataires des articles de capitulation de Québec et de Montréal avec deux autres puissances (France et Angleterre) et reconnus comme les "descendants des vaincus" dans les débats constitutionnels sur la confédération. En 1865, 26 des 48 députés canadiens français ont
posé un acte de confiance sur le base des promesses qui leur avaient été faites. En droit, une promesse acceptée devient un droit objectif. C'est de là qu'il faut partir pour constituer un dossier, mais on ne sera même pas sur la ligne de départ sans revendiquer notre identité de toujours.
19 juin 2019
Ce que je trouve de plus original et porteur de renouveau dans le discours de remerciement de M. Rodrigue Tremblay, c'est qu'il recommande la contestation du coup de force de 1982 devant des instances internationales. Il a lancé : "... je recommanderais au gouvernement du Québec, (...) de contester l’Acte constitutionnel anglo-canadien de 1982 devant une cour internationale appropriée, du fait qu’il fut adopté dans des conditions fort illégitimes et anti-démocratiques..." Le constitutionnaliste Christian Néron s'est déjà exprimé fermement dans le même sens. La défense de nos droits sur la scène internationale est le seul recours possible si nous voulons être entendu avec impartialité, sans le parti pris négatif de la cour suprême. Pour se rendre utile sur une question "existentielle", le Bloc québécois devrait-il en faire un élément de sa prochaine campagne électorale ? Moi, je pense que oui.