Que faites-vous donc sur Vigile, à vouloir nous maintenir dans l’impasse du « bluff québécois »?
30 novembre 2018
Dans cet échange, M. Cormier-Denis nous présente une idée chère à beaucoup de militants :
« ... la volonté de créer un État national indépendant ».
Je mets quiconque au défi de retrouver cette volonté dans les faits et gestes du Parti québécois depuis cinquante ans. Elle ne s'y trrouve tout simplement pas. Ce que nous avons c'est une volonté de reconfédération avec le tandem Lévesque-Morin (référendum de 1980), une volonté d'accorder plus de pouvoirs aux provinces (négociations constitutionnelles du tandem Lévesque-Morin en 1981) et, finalement, le référendum de 1995, mené par Parizeau-Bouchard et Dumont, visant une sorte de partenariat mal défini avec le Canada. Et, depuis 1995, « la [ présumée ] volonté de créer un État national indépendant » n'a jamais été reprise ou défendue par le Parti québécois. Point. En fait, le PQ n'ose plus rien depuis 1995. Principalement parce qu'il a été traumatisé par la menace de la nation canadienne-anglaise au Québec, depuis qu'elle a signifié clairement qu'elle ferait sécession si jamais une majorité de Québécois francophones se prononçaient en faveur d'une relation avec le Canada qui leur serait plus profitable. Cette sécession se ferait avec l'appui du ROC et elle entraînerait fort probablement avec elle les Premières nations. Quant aux objections qui tiennent au droit international, ils en feront leur affaire le moment venu, croyez-moi ! Comme les partis politiques cherchent à se perpétuer, pour conserver intact l'illusion que le Québec forme une nation, le PQ n'ose plus rien tenter qui ferait éclater sa généreusde fiction. Or, il n'y a visiblement pas de nation québécoise et il n'y en a jamais eu. Il y a deux nations en forte concurrence au Québec. Une se bat pour préserver ses avantages issus de la conquête, l'autre se bat pour son existence. La pluralité nationale du Québec est d'ailleurs reconnue par la loi 99 qui nomme onze nations autochtones et deux autres groupes, dont le mieux défini des deux est décrit comme une « communauté anglophone aux droits consacrés ». Mais cette « communauté » s'en fout de la loi 99. C'est Ottawa qui la défendra jusqu'au bout si jamais ses privilèges coloniaux apparaissent menacés, si jamais on voulait la séparer de son pays, le reste du Canada, ce serait un casus belli.
Une question me vient, que proposez-vous au juste ? Vous avez un Parti québécois qui a été rejeté par la population parce qu'il parle des deux cotés de la bouche depuis cinquante ans. Les péquistes sont d'ailleurs massivement passés à la CAQ. La CAQ est un nouveau PQ, l'enflure des prétentions sur le « pays » en moins. Votre programme est-il que la CAQ fasse l' «indépendance » en avançant masquée, un petit pas à la fois ? C'est exactement ce que le PQ a tenté de faire 99 % du temps, hormis ses foireuses aventures référendaires.
Avec d'autres, dont l'auteur de cette tribune, j'apporte de nouvelles idées dans un contexte où tout ce qui a été entrepris depuis cinquante ans sur le plan de la question nationale est un lamentable échec. Dans ce contexte, je regrette que vous ne trouviez que des aspects négatifs au vocable Canadien-français, que vous associez à une politique de collaboration et d'impuissance, du déjà vu. Mais ne voyez-vous pas que la politique péquiste n'a jamais été autre chose qu'une politique de soumission et de collaboration, pour ne pas dire une parfaite imposture ? Avez-vous tant aimé la métamorphose néo-nationaliste québécoise des cinquantes dernières années pour la défendre à ce point ? J'espère que vous n'iriez pas jusqu'à dire que tout le ratage est la faute de « la gauche » ?