CHRONIQUE DE LA CROQUEUSE DE MOTS

Vous avez dit...: "Re-bonjour, Pauline" ?

Chronique de Thérèse-Isabelle Saulnier

J'aimerais bien conclure ce texte par son sujet, où le "?" serait remplacé par un "!", mais... le pourrai-je, suite à la position péquiste sur les accommodements? A la première lecture du mémoire du PQ, mon coeur a tout de suite balancé de ce côté. Il m'a plu par son aspect positif et assez réaliste, mais c'était oublier ma raison, qui devait se mettre à l'oeuvre pour une analyse plus approfondie et sérieuse.
Pour moi, la question fondamentale est: le PQ y fait-il preuve de COURAGE POLITIQUE, comme il avait commencé à le faire, il y a quelques mois, avec ce qu'on a appelé "la réhabilitation du NOUS"? (Vous savez combien me tient à coeur l'affirmation de ce nous bel et bien existant et que nous avons le droit, comme l'ont tous les autres nous de ce pays, de nommer et de faire valoir.) Examinons donc la nature et la hauteur de ce courage, avant de prendre la décision qui s'impose.
LES RAISONS DE DIRE: "OUI ! RE-BONJOUR, PAULINE!"
1) Le NOUS est présent et mis en valeur
Voilà, évidemment, ce qui m'a plu au premier abord. Si, comme je l'ai expliqué, la semaine dernière, dans ma critique du mémoire de Québec solidaire, ce dernier tenait et avait tenu un discours méprisant, voir même offensant à notre égard, le mémoire du PQ reconnaît "la richesse de la réflexion entreprise" grâce à la Commission B-T, et "la capacité que démontre le peuple québécois à débattre d'une question aussi complexe et chargée sur le plan émotif". - Ce sur quoi je suis entièrement d'accord et qu'il me plaît énormément d'entendre sur la harpe péquiste, car il suffit de lire les mémoires déposés à la Commission et se rappeler la somme des excellentes interventions aux forums et audiences pour constater cette réelle richesse. On aura beau continuer à mettre de l'avant les interventions négatives, voire même xénophobes, qu'on a pu entendre de certaines de nos bouches; je suggère qu'on examine aussi ce qui est sorti de celles des autres, tant devant la Commission que dans des sites web et des blogues: vraiment pas mieux, voire, pire. Kif-fif.
Le PQ affirme aussi que nous sommes une société "accueillante et pluraliste", manifestant une grande ouverture, mais aussi de l'inquiétude, particulièrement pour la langue française qui est la nôtre et qu'il est de notre devoir de protéger, tout comme il faut aussi protéger et promouvoir notre culture et nos valeurs fondamentales. - Voilà une musique qui sonne bien à mes oreilles.
2) Le modèle de l'intégration est favorisé
Le PQ se détache clairement du modèle multiculturaliste en mettant de l'avant un modèle d'intégration des immigrants "établi sur la primauté de la langue française, de la culture québécoise et de ses valeurs fondamentales". Cela signifie que, par diverses mesures, on invite les nouveaux arrivants à monter dans ce "train en marche" (expression que j'aime bien) qu'est l'histoire du peuple canadien français, incluant celle des peuples autochtones, des Anglos-Québécois et de tous ceux et celles qui sont venus, par la suite, s'établir sur notre territoire et qui ont participé au développement du Québec en s'y intégrant. - J'y reviendrai dans une chronique subséquente, mais je dirai, pour le moment, qu'entre la mosaque multiculturaliste, l'intégration interculturelle et l'assimilation, c'est le meilleur modèle à promouvoir et c'est, de surcroit, ce que choisissent la très grande majorité de ceux et celles qui viennent nous rejoindre. Et nonobstant ce que disent et continueront à dire certains, au point de parler d'une soi-disant urgence d'entreprendre une campagne de sensibilisatoion sur l'apport des immigrés, nous sommes parfaitement capables de nommer une quantité de noms. Seulement quatre, ici, car la liste est trop longue: Fatima Houda-Pépin, Amir Khadir, Joseph Facal et Dany Laferrière, ça vous dit quelque chose? Plus QUÉBÉCOIS qu'eux, tu meurs!!!
3) Une raison de plus en plus évidente de faire l'indépendance
J'en surprendrai sans doute un grand nombre, ici, mais il me semble de plus en plus évident que les travaux de la Commission B-T ont mis en évidence, pour une grande majorité de Québécois et de Québécoises, la raison majeure, et nécessaire, de faire l'indépendance au plus vite. Le français langue commune fait consensus depuis le début (affirmé par Jean Charest lui-même, et donc par le Parti libéral en entier dont il est le chef, dans le mandat donné à la Commission B-T, comme étant une valeur non négociable) et n'a été contesté par personne, du moins pas à ma connaissance. Il y a aussi un assez large consensus sur la nécessité de définir des balises et d'élaborer des directives claires pour la gestion des demandes d'accommodements, mais comme les juristes l'ont expliqué, rien à faire, les chartes vont démolir tout cela, à moins qu'on ne les change, et on ne peut que modifier notre charte, qui reste dépendante et inférieure à la charte canadienne... La seule solution est donc de se tenir debout, d'affirmer ce que l'on veut comme société et de devenir indépendant pour l'obtenir.
A cela, il faut ajouter les problèmes supplémentaires auxquels nous faisons face pour bien intégrer les nouveaux arrivants. Comme le souligne le mémoire du PQ, on veut les intégrer à notre culture, mais ils viennent d'abord vivre au Canada, un pays bilingue et multiculturel, et ensuite au Québec, un territoire... lui aussi bilingue et multiculturel? ou francophone, avec une culture particulière? Il faut donc avoir le courage politique d'affimer ce Québec FRANÇAIS et d'en assurer la réalisation par, entre autres, un renforcement de la loi 101. Mais encore là, qu'adviendra-t-il des mesures de renforcement face à la primauté des lois et de la charte canadiennes sur les lois et la charte québécoises? Sans l'indépendance, inutile de songer un instant que cela se fera.
4) Les forces souverainistes ont besoin de cohésion et de moyens financiers
Il suffit de lire quotidiennement Vigile et de voir ce qui se passe au sein du PQ pour se désoler olympiquement de la division qui mine de l'intérieur le projet souverainiste, une division proche de la guerre - et par conséquent de la défaite. Qu'on se rappelle l'adage "Diviser pour régner". Dans ce cas-ci, notre division interne et nos chicanes intestinales (j'ai bien dit intestinales) font régner les fédéralistes ou, tout au mieux, les autonomistes provincialistes. En plus, non contents de manquer de solidarité envers la cause, des "psycho-politicologues" se plaisent à présenter une image extrêmement négative et pessimiste du peuple québécois... - Pas de quoi susciter l'enthousiasme et la passion pour la cause souverainiste, ça!
Le PQ, heureusement, nous considère de façon pas mal plus positive et pas mal plus réaliste. Il met en évidence nos forces, au lieu de nous écraser sous nos faiblesses (qui n'en a pas?), condition essentielle de l'action. Il reste aussi le seul parti souverainiste bien structuré et bien expérimenté pour nous mener, en tant que moyen politique, au pouvoir, à la proclamation de l'indépendance. Sa tête dirigeante, celle de Pauline Marois, est, elle aussi, bourrée de positivité, de réalisme et d'expérience. Admirable Pauline, qui toujours maîtrise tous ses dossiers, sait les présenter clairement, et qui a toujours su faire preuve d'esprit démocratique. Espérons qu'elle saura consolider et unir les forces souverainistes actuellement divisées et faire un large consensus autour d'elle et de ses idées. Qu'on lui souhaite aussi ce COURAGE POLITIQUE de nommer les choses par leur nom, et qu'on souhaite aux péquistes de quitter leurs multiples chapelles idéologiques destructives pour se centrer, comme un seul bloc, sur l'objectif: devenir enfin un pays indépendant.
Il nous faut aussi des moyens financiers, considérables, pour mener une campagne électorale. Or, le PQ est en déficit... Il a besoin d'augmenter son membershhip, de le reconstituer, et de renflouer son compte en banque. Alors, mon 300$ de l'an dernier, versé à QS, je le donnerais au PQ en 2008.
Mais! Sont-ce là des raisons suffisantes pour envoyer ma demande d'adhésion et ma contribution financière dès aujourd'hui? - Hum... Je me donne encore une semaine de réflexion! Car je n'ai encore rien dit de l'attitude du PQ par rapport aux accommodements... Et si COURAGE POLITIQUE il y a à manifester, c'est bien sur cette question.


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