Chronique de la croqueuse de mots

Vous avez dit... "les raisons"?

Chronique de Thérèse-Isabelle Saulnier

Le petit exercice de réflexion sur les raisons de faire l'indépendance (ma chronique du 22 août dernier, dont celle-ci est une suite) n'a pas donné grand résultat. Ce qui en ressort, c'est plutôt la difficulté de les trouver ou de les formuler! Et surtout de les expliquer! Les expliquer pour construire un discours politique stimulant pour la cause de l'indépendance. Un discours qui ranimera la flamme qui allumera le flambeau indépendantiste!
Quelqu'un m'a écrit que le fédéralisme était une position existentielle et politique. - Mais l'indépendantisme en est aussi une! Et qu'est-ce que ça veut dire, une position existentielle? L'existence est un fait et bien peu de personnes, à part les philosophes, en cherchent la justification: on existe, on vit, c'est tout. "Pourquoi la vie? - Parce que la vie!" - On dirait que c'est exactement la même chose pour l'indépendance: "Pourquoi l'indépendance? - Parce que l'indépendance! Parce que la liberté!"
La liberté. Voilà le mot par lequel Pierre B a résumé toute la question et, s'il a raison, alors c'est ce désir de liberté qu'il faut stimuler! Paraît-il que le peuple québécois y préfère le confort et l'indifférence.... - Y a-t-il un psy dans la salle pour nous expliquer comment retourner cette situation? S'il n'y en a pas, alors on peut toujours revenir à l'introspection, à cet examen de conscience, dont j'avais parlé, sur les raisons ou motifs qui nous ont menés, un jour, lointain dans le passé pour bon nombre d'entre nous, à opter pour l'indépendance, pour un pays à nous. Selon les commentaires que j'ai reçus, cet examen n'a pas l'air d'avoir été fait. Aucun, du moins, ne va en ce sens, même si, depuis, on a beaucoup parlé du sujet.
SE RAPPELER de ces raisons... de nos raisons personnelles! - Vraiment, quelle foutue devise que la nôtre! Ce n'est pas "Je me souviens", mais "Je ne me souviens plus!" Ou, comme chantait Jeanne Moreau: "J'ai la mémoire qui flanche, j'me souviens plus très bien"... Au point qu'on se demande si, comme Candide, on ne devrait pas, désormais, se contenter de cultiver son jardin sur son terrain...
Ces deux dernières semaines, je les ai consacrées, justement, à recouvrer la mémoire. Je vous fais part de quelques réminiscences. Ça nous aidera peut-être à enfin trouver quelque chose, une piste intéressante sur laquelle nous engager pour remporter les prochaines élections. Je réfléchis donc, ici, à voix haute.
PREMIER CONSTAT
Opter pour l'indépendance, c'est d'abord une question de SENTIMENT. (Une position existentielle, justement!) Le sentiment d'appartenir à un peuple qui a une histoire et qui tient à la continuer, pas à disparaître tranquillement à plus ou moins longue échéance. Le sentiment de fierté d'en faire partie, et de s'affirmer, et d'être connus et reconnus, partout dans le monde, en tant que Québécois dont la langue est le français. Le sentiment de poursuivre des luttes de libération et de devenir vraiment "maîtres chez nous". Or, nous ne le sommes toujours pas.
DEUXIÈME CONSTAT
L'affaire, c'est que ce sentiment-là, il ne se manifeste, collectivement, que sporadiquement: lors de la fête nationale, le 23 ou 24 juin, ou d'autres fêtes comme celle du 400e de la ville de Québec: Paul MacCartney se promenant sur scène en brandissant le drapeau du Québec, notre grande Céline avec ses "invités"... - Ah! oui!, alors, on se sent Québécois dans l'âme! Profondément et intensément! - Et puis après...
De Gaulle, 24 juillet 1967 (qui nous a appelés "Les Français du Canada"): c'est son coeur qui a parlé et qui a touché celui des Québécois et Québécoises, et le touche encore, quand on regarde à nouveau son discours du haut du balcon de l'Hôtel de ville. - Et puis après...
La victoire du PQ en 1976: quel grand moment d'ÉMOTION! - Quatre ans et 2 ou 3 plus tard ("crise économique" oblige...), on déchantait... - Il faut nous remonter le moral! Et réussir à le maintenir en permanence.
TROISIÈME CONSTAT
Qu'est-ce qui, il y a 7 ou 8 ans, a tiédi affreusement mon sentiment nationaliste et m'a éloignée pour un temps de la cause indépendantiste? - L'invention et la promotion bien orchestrée du "nationalisme civique", opposé au nationalisme prétendûment "ethnique". Un coup presque mortel, ou à tout le moins gravement paralysant, pour le peuple québécois dans son ensemble, et pour bien des individus. Car à quoi bon l'indépendance de ce peuple, s'il n'existe plus et va jusqu'à se renier lui-même? Quand on ne te considère même plus comme le peuple fondateur de ton propre pays et qu'on réussit à t'en convaincre, tu déchantes - ou tu te révoltes, quand tu t'aperçois de la supercherie!
Le NOUS existe, mais on a cherché à nous faire croire que le simple fait de le dire était "exclusif" et xénophobe. - Ah! non!, alors! On ne marche plus dans ces plates-bandes-là, Noulah! Nous l'avons très majoritairement dit à la Commission Bouchard-Taylor, nous y avons dit que nous existions et que nous étions chez nous, ici, et nous avons d'ailleurs été (ou sommes) appuyés par un grand nombre de Néo-Québécois. Nous avons réaffirmé et repris possession de ce Nous, et nous continuerons à l'affirmer, sans peur et sans reproche, selon la formule que se plaît à dire et redire G-E Cartier: "Et honni soit qui mal y pense"! Au lieu de baisser les bras à chaque objection, nous continuerons d'affirmer l'existence de ce Nous que nous sommes, et nous contre-objecterons à la moindre occasion!
QUATRIÈME CONSTAT
Suite à ce que je viens de mettre sur papier, le discours à tenir, particulièrement mais non exclusivement par le PQ, doit changer ou, du moins, se concentrer sur des idées-forces que ce parti a déjà mises sur la table mais reléguées sur des tablettes, semble-t-il (comme le projet de Constitution québécoise; comme le renforcement nécessaire de la loi 101; comme l'image du train en marche dans lequel embarquent des passagers pour avancer avec nous dans la même direction, celle de notre indépendance).
Premièrement, il faut lâcher le discours victimaire, comme l'a écrit Marcel Haché, un genre de discours que boude l'électorat et qui l'éloigne de la cause. On ne veut pas se faire taper dessus, on ne veut pas se faire dénigrer, dévaloriser et mépriser, surtout pas par ses propres compatriotes, qu'ils s'appellent Gérard Bouchard ou je ne sais qui. On veut se servir de nos forces et de nos talents! On veut un projet axé sur notre désir de liberté en tant que peuple! - En tant que peuple d'origine canadienne-française, en tant que, tout court, peuple historiquement canadien-français, arrêtons d'avoir peur des mots!
Deuxièmement, il faut donner, ou susciter, ou ressusciter, le goût de la liberté. De la liberté collective, celle du peuple dont nous faisons partie. Ce qui suppose ou présuppose que ce peuple, notre peuple, ne l'a pas. Pas encore.
Pour la démonstration de cette absence de liberté, des éléments sont déjà sur la table:
- Affirmer notre identité et notre historicité en tant que peuple fondateur.
- Québec français, mais encore faut-il démontrer qu'il est en danger, surtout à Montréal. Démontrer qu'on n'a pas les pouvoirs nécessaires au maintien et au renforcement de notre culture et de notre langue, particulièrement dans la métropole.
- Que nous devons avoir le pouvoir de voter des lois et ce, sans interférence d'un autre peuple, sans intrusion dans nos priorités, pour pouvoir enfin régler nous-mêmes nos problèmes.
- Que l'indépendance, créant un Etat-Nation québécois, est la seule voie pour mettre fin aux chicanes constitutionnelles, qui n'ont jamais été résolues et ne le seront sans doute jamais, surtout pas avec un gouvernement fédéral centralisateur.
- Que la prédominance de la Charte canadienne et de la Cour suprême du Canada est un obstacle majeur au "Maîtres chez nous".
Voilà une partie de mes réflexions des deux dernières semaines. Suite au prochain numéro! Mais en attendant, pourquoi ne pas me faire parvenir vos propres souvenirs de ce qui a déclenché votre choix pour l'indépendance?
N'oublie pas que ce sont les gouttes d'eau
Qui alimentent le creux des ruisseaux
Si les ruisseaux savent trouver la mer
Peut-être trouverons-nous la lumière!
Si tu cherches à savoir le chemin qu'il faut suivre
Si tu cherches à comprendre ce pourquoi tu t'en vas
Si tu vois ton bateau voguer à la dérive
Amène-toi chez nous, j'aurais du rhum pour toi
Je ne suis pas marin, je vis loin de la rive
Mais peut-être qu'à cent nous trouverons la voie!

(Jacques Michel)


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11 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 septembre 2008

    Quand on cherche trop loin, on se perd.
    Vous avec dis trouver des raisons. C'est simple pourtant, il n'y en a qu'une : Protéger notre culture.
    En protégeant notre culture, on la défend, on la met en valeur on développe nos richesses autour, on fait respecter nos droits, on a plus à défendre nos droits contre l'envahisseur, on mets nos talents à notre service, on choisit qui on veut pour faire des affaires, on a plus peur de s'affirmer etc.
    Pourquoi chercher plus loin?...Moi je pense ce qui fait problème chez les souverainistes c'est le doute....de soi.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    8 septembre 2008

    Mme Saulnier,
    Vous vous appuyez sur une épître de Marcel Haché pour ressortir le bannissement du « discours victimaire ». Quant à moi, cette expression appartient à l’adversaire. Précisément sur ce thème, j’ai déjà répondu à M. Haché, avant que ne tombe dans les limbes de Vigile ce texte : "Réponse à Rififi, à Même-pas-bashing et au frigidaire" Je lui apportais cette précision :
    « Le peuple québécois n’a jamais réussi à éclore parce que les Canadians l’ont toujours voulu minoritaire et à chaque période où il est venu près d’émerger, on a triché pour le maintenir comme province, riche en chair à canons, en agents de dénationalisation comme PM à Ottawa, en ressources naturelles non protégées, en population sous éduquée par l’appauvrissement dû aux délocalisations d’industries, en masse désinformée sous un CRTC orienté…On a triché aux référendums, en commandites et en usurpation d’identité au Q400(le succès inconditionnel de Céline n’annule pas l’affront de la GG et du drapeau éliminé des Fêtes)… On a bafoué sa langue et on l’a noyé a répétition par des vagues immigratrices.
    Cela, M. Pas-bashing(Haché), que vous appelez langage de victime, c’est de victime de tricherie qu’il est question. S’il éloigne vos parvenus en Hummer(trop à l’aise, disait-il, pour être convaincus que victimes), ce langage lucide éveille les gros payeurs tannés d’obtenir la pacotille en retour en plus du mépris. »
    En rapport avec le propos d’aujourd’hui, ce n’est pas se faire misérabiliste que d’énoncer clairement les causes histoirques ayant mené aux points que vous soulevez comme oppressants sur la minorité canadienne française :
    -démontrer que le Qc français est en danger
    -que nous n’avons pas les moyens politiques pour le maintenir
    -que les chicanes constitutionnelles sont toujours pendantes
    -que la Cour Suprême constitue pour nous un obstacle…
    De faire en temps opportun la liste des injustices que Nous subissons à l’intérieur du Canada, c’est de la « lucidité ».
    Et pendant que nous touchons à la rhétorique de M. Haché, la concision de sa dernière intervention lui a obstrué la compréhension de mon mémo précédent :
    · « Seule sa dernière ligne aurait été pertinente : voter Bloc en bloc. »
    Cette phrase est une approbation ! Comment peut-il y lire que j’en aie été offensé ? Et personne, ici, ne lui contestera que, à Québec comme à Ottawa, un indépendantiste est un indépendantiste est un indépendantiste est un……
    O pour Ouhgo, facile…

  • Marcel Haché Répondre

    8 septembre 2008

    Mme Saulnier.
    J'ai répondu à votre texte qui ne portait pas du tout sur la campagne électorale fédérale actuelle.
    M.Bouchard m'a nommé dans sa réponse à votre texte.C'est à vous et à lui que j'ai répondu.
    Je vais essayer d'être plus court à l'avenir.
    Quant à la campagne électorale fédérale,affirmer Vive le Bloc !en fin de texte ne devrait pas être bien grave sur Vigile.
    Si cela offense m.ou mme "O",j'en suis désolé.
    Je ne cache pas que je suis indépendantiste.Et il n'y a pas deux peuples québécois ;un qui vote à Québec et un autre qui vote à Ottawa.Il en est de même pour les indépendantistes.
    Qu'on le veuille ou non,les vases communiquent...parce qu'il n'y a qu'une seule et même cause.Ce qui était justement l'objet de votre texte.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    7 septembre 2008

    Mme Saulnier,
    Constatant qu'on oublie déjà la règle nouvellement établie d'éviter les apostrophes entre participants, je vais simplement souligner que M. Haché persiste à promouvoir son parti sous-terrain sans jamais dévoiler la moindre approche qui en émanerait pour faire voter la population plus fortement que ne le fait le parti déjà à l'Assemblée.
    Il en ressort un interminable panégyrique tout à fait inutile en cette campagne fédérale.
    Seule sa dernière ligne aurait été pertinente: voter Bloc en bloc.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 septembre 2008

    Il ne faut pas confondre le Bloc et le PQ.
    Le Bloc est à Ottawa, pas au Québec. Le Bloc ne cherche pas à gouverner le Québec comme c'est parcontre le mandat du PQ. Donc, la relation du citoyen québécois avec le Bloc est bien différente de l'image qu'il se fait du PQ.
    Le Bloc a l'image d'un expatrié qui parle au nom du citoyen québécois. Un porte-parole. Un embassadeur. Il n'aura jamais un rôle de pouvoir sur le citoyen québécois, au contraire il jouit de l'image d'un pouvoir au service de celui-ci.
    C'est tout le contraire pour le PQ.
    Le Québécois a une horreur maladive des élites. Elles l'ont toutes trompé, tant anglaises que françaises que québécoises. Les fédéralistes ont compris celà depuis longtemps et leur approche envers le citoyen québécois le réflète bien. Dans le ROC, les médias cherchent une certaine solennité ou presitge dans l'image tandisque les Gesca-Québécor se présentent comme du "peuple" et sont avec raison les plus lus. Ils cherchent la complicité, le rapport le plus intime avec le citoyen québécois. Il n'y a qu'à voir leur prolifération de blogueurs-maison aux allures de voisins de quartier et non de journalistes érudits.
    C'est tout l'inverse pour Le Devoir.
    C'est pareil pour les partis. Les libéraux ont toujours jouer la carte des "ptits gars de ..." et ont surtout toujours collaboré et encouragé les innitiatives citoyennes par des relations étroites. Un peu trop, même, allant jusqu'aux scandales.
    Le PQ souffre d'une image d'élite, fermée, qui n'a aucun rapport avec le citoyen. Il ne parle que d'état et de gouvernement. Ne parle que de gouverner le citoyen. Il se place au dessus du citoyen. Il n'a aucune relation avec lui. Aucun contact. Il n'encourage ni ne participe à aucune innitiative citoyenne.
    Cette image en fait le parti le plus haïs au Québec. Cette haine déteint sur l'option indépendantiste, car le citoyen ne veut pas être gouverner par cette élite. Il préfère son geolier qui est plus "intime".
    Mme Marois a eu beau essayer de se débarasser de cette image il y a quelques temps, mais ce n'est malheureusement pas qu'une image et c'est une réalité qui est étendue à tout le parti.
    Au Québec, l'élite fédéraliste se tient dans les coulisses (Desmarais) et le PQ devrait en faire autant pour laisser la place à des personnes plus proches des gens, plus accessibles, afin de permettre cette complicité et synergie créative avec le citoyen. La relation qui manque terriblement et qui fait le plus grand tort à la cause nationale et dirige ce parti vers sa perte.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 septembre 2008

    une bonne raison!
    La monarchie canadienne et sa presque reine vient de donner le droit de faire des élections.
    Les colonisés iront voter pour les partis canadiens.
    Les autres voterons pour le seul parti qui veut nous sortir de cette monarchie et nous rendre autonome : le bloc.

  • Marcel Haché Répondre

    6 septembre 2008

    La prochaine élection fédérale pourrait permettre aux indépendantistes de juger quant à l’opportunité de continuer leurs appuis au P.Q.
    La prochaine performance électorale du Bloc pourrait bien servir de mesure, en effet, à ce que seront les résultats du P.Q. aux prochaines élections.

    Je fais donc référence ici aux militants. Aux militants indépendantistes du P.Q. S’il en reste au P.Q. Je crois qu’il en reste. Et je crois qu’ils sont nombreux et fidèles.
    Quant à l’électorat péquiste, souverainiste et indépendantiste, cet immense électorat si fidèle lui restera fidèle. Rien n’est pourtant joué. La vraie question---bien plus importante qu’il n’y paraît à première vue--- sera de savoir si les militants indépendantistes préféreront rester fidèles à l’indépendantisme, ou à un parti politique, très capable encore, très porteur, très performant, souverainiste ou indépendantiste, si on veut, mais piégé dans une conception de son rôle historique, qui pourrait bien l’acheminer à se marginaliser sur l’échiquier politique.
    Cette marginalisation politique très possible du P.Q. marginaliserait plus encore la cause indépendantiste elle-même. Mais le plus grave serait que toute cette force politique indépendantiste du P.Q. serait tue. Aphone. Inexistante politiquement. Comme prisonnière à l’intérieur d’un parti lui-même prisonnier de sa stratégie.

    La stratégie des fédéralistes, elle, ne passe pas par la constitution bidon de partis faussement indépendantistes. Cela ne lui est pas nécessaire. Les sondages et les deux dernières élections indiquent depuis assez longtemps une désaffection à l’égard du P.Q. lui-même, pour que les indépendantistes ne se réfugient pas dans le déni.
    L’idée que l’union fait la force (celle de tous les indépendantistes), d’une nécessaire alliance, n’est pas ICI, À CE MOMENT-CI, l’argument le plus convainquant, la dernière élection ayant relégué le P.Q. comme tiers parti, lui dont toute la stratégie a constitué, depuis toujours, à se présenter comme un parti d’alternance, lorsqu’il était dans l’opposition.
    Les militants du P.Q. peuvent bien croire qu’un parti d’alternance (avec ou sans nécessaire alliance) peut éventuellement devenir un gouvernement de ruptures, ou même de Rupture. L’électorat n’est pas obligé d’y croire, et j’avance l’hypothèse que l’électorat n’y croit plus, s’en méfie plutôt.
    Le P.Q. réussit donc le tour de force de s’aliéner une partie son électorat naturel, en plus de conforter et de fédérer fermement ses opposants !(les sondages ne contredisent pas cette affirmation).
    Je crois que l’électorat se méfie maintenant plus du P.Q. que du parti libéral. Non pas que les libéraux aient la cote ! Ils sont détestés tout autant qu’ils le méritent, et ils le méritent beaucoup et plus encore, mais ils ont simplement l’avantage de ne laisser planer aucune ambiguïté, aucune incertitude. Ils sont à genoux! Nous le voyons bien. Et ils ne cherchent même pas à le cacher.
    Cela est triste à écrire : le parti libéral est cynique, mais le P.Q. l’est tout autant !
    Simplement ambitionner et se satisfaire de devenir la prochaine opposition officielle (peut-être !), en espérant un retournement du sort (re-peut-être !) en faveur du parti de l’alternance, ce n’est pas précisément très prometteur pour la cause indépendantiste. Je répète ici que la révolution tranquille est loin derrière : ce qui était possible d’espérer alors, ne l’est plus. C’est comme si l’histoire mondiale avait accéléré le pas. Le peuple du Québec---tout centré qu’il soit sur lui-même, (très normal), comme bien d’autres peuples---n’échappe pas à l’histoire !
    Contrairement à ce que semble croire ici M. Bouchard, mon propos n’est pas de nier les injustices passées, ni même récentes, ni même futures… Elles ont existées, elles existent et méritent amplement d’être dénoncées. Même par avance, si on y tient !
    Je veux simplement soumettre que le peuple(les peuples) du R.O.C. ne s’intéressent plus à la question québécoise. Pas seulement par assurance, par lassitude aussi. Telle est une victoire importante mais sous-estimée de l’étapisme, que je dénonce par ailleurs.
    Les indépendantistes n’avaient pas bien remarqué que leurs actions avaient conforté le P.L.C de Pierre Trudeau. En effet, en n’investissant pas la sphère fédérale, comme le fait maintenant le Bloc, ce sont les fédéralistes canadiens qui avaient été fédérés assez facilement par l’action du P.Q. Cela avait été particulièrement CONTRE-PRODUCTIF comme stratégie. Mais le P.L.C est mort depuis, ainsi que nous pourrons le voir au soir des prochaines élections fédérales. Il y a une nouvelle donne politique à être prochainement confirmée.
    Les choses sont maintenant inversées : ce sont les fédéralistes provinciaux du P.L.Q qui sont confortés, mais par l’action et le discours en demi-vérité du P.Q.Ajoutez-y en plus un discours « victimaire », et si le discours « victimaire » n’existe pas, un discours dénonciateur de l’indolence du peuple québécois, de son incurie, de sa manipulation, de la traîtrise et du mépris du peuple canadien aussi, des combines d’Ottawa et de Washington, jour et nuit, de Paris et Sarkhozy cet automne, de tout ce que vous voudrez---aussi juste que cela soit !(et cela est juste)---cela ne fera que s’éloigner DAVANTAGE l’électorat, déjà éloigné, en général, du P.Q.et de….l’indépendantisme !
    Il me semble qu’il serait grandement temps que ce soient les partis indépendantistes qui parlent de liberté (pas juste des chaînes « victimisantes » !).Qu’ils en parlent haut et fort ! Avec du ton. Fermement. Résolument et DUREMENT, très DUREMENT, s’il le faut ! Avant que l’idée n’en vienne à nos libéraux capitulards, qui sont à genoux, et qui voudraient bien qu’on les croit combattant.

    Dénonçons donc nos aimables bourreaux à genoux avant de s’en chercher au R.O.C. ou dans le West Island ! Le peuple québécois est majeur, et ne s’occupe pas de ces derniers. S’en cal…souverainement ! Un Québec indépendant ne pourrait pas changer son voisinage extérieur de toute façon. L’Ontario va rester au sud et à l’ouest du Québec… Mais le peuple québécois devrait devoir changer son environnement intérieur …Le Boul. René Lévesque, à Montréal, devrait être le Boul. René Lévesque de bout en bout de la rue… !

    Pour l’heure, le BLOC s’appuie sur le P.Q. Je crains que ce ne soit le BLOC qui en paie bientôt le prix le premier.
    Je voterai BLOC. Il faut voter BLOC en bloc !
    Si jamais un seul vote stratégique indépendantiste fut nécessaire, c’est bien celui à la prochaine élection fédérale.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    6 septembre 2008

    Publié en commentaire de l’hebdomadaire Voir 3 sept.’08 (Josée Legault : »Questions existencielles » ):
    Une prise de bec où le protagoniste du Bloc Québécois utilise les exemples de tricherie d’une majorité contre une minorité. Il se fait servir la cinglante riposte de qualificatifs écrasants : délire de persécution, pauvre victime, boulet imaginaire traîné pour se plaindre…
    La « pauvre victime émotive » n’a pas tardé à lui pondre une réplique rationnelle :
    Dans un litige d’injustice, le seul moyen de convaincre le juge est d’apporter des preuves. Le cas lancinant de la question nationale au Québec met en cause ceux qui optent pour « être amis » avec la majorité canadian, pour « éviter la chicane », pour ne pas devenir une victime. Ils ont choisi le bandeau sur les yeux pour ne pas se remettre constamment en question. L’autre partie dans ce litige est constituée de ceux qui « voient ». Quand les « zamis » veulent les « rentrer dans la bande » par l’insulte(délire de persécution, pauvre victime), ils n’argumentent pas avec des faits réels : ils nient la réalité, sans doute de bonne foi puisqu’ils ont épousé les thèses du conquérant : « aucune entrave ne retient la pauvre victime, n’en tient qu’à elle de prendre son envol »…Alors que les tricheries rapportées au sujet du référendum, des commandites, du Q400 usurpé à Québec sont bien réelles et incontestables. Que la langue française à Monréal ait perdu la majorité par l’OQLF rendu inopérant pour servir les assimilateurs avoués, ce n’est pas une lubie, ce sont des faits vérifiés. Le Bloc Québécois s’est battu pour que le gouv fédéral se conforme à la loi 101 sur le territoire de la nation québécoise, sans aucune attention de la part du Grand Représentant du ROC à Ottawa.
    Ces tricheries visent à empêcher à tout prix « ceux qui voient » de prendre justement leur envol, pacifiquement si possible. Les « zamis » souvent fort éloquents en parlent comme d’un « boulet imaginaire par lequel les « voyants » se plaignent continuellement d’être limités dans leurs mouvements. Pure rhétorique, qu’un juge renverrait à la table de travail : ce que doivent faire les « zamis » c’est la démonstration non équivoque qu’il n’y a pas là collusion d’une majorité pour anihiler une minorité dérangeante.
    Les « zamis de la majorité canadian » lisent sûrement l’anglais : ils n’ont qu’à lire Suburban du West Island, The Gazette, Globe and Mail. Il n’y a pas de cachette dans ces lieux, le Quebec-bashing est leur politique éditoriale. Leurs zamis anglo ne s’embarrassent pas de faibles insultes à la : « … paranoïa permettant à un individu affecté de tout interpréter conformément à ses prémisses biaisées, à travers un prisme déformant… » pour quêter une caresse de son maître.
    Des faits palpables. Voilà ce qui mène à cette lutte à finir. Après 400ans de présence francophone en Amérique, nous devons bien à nos ancêtres de résister à cet ultime assaut en élisant le plus grand nombre possible de députés bloquistes à Ottawa notre étendard sommant l’autre nation de lâcher prise.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2008

    Bonjour Mme Saulnier,
    personnellement, je ne supporte pas qu'on nous oblige à vivre comme les autres, ceux que nous ne sommes pas. Je ne supporte pas qu'on ne nous considère pas, que nous n'existons pas. Je ne supporte pas que les canadians refusent de nous accepter tels que nous sommes, tels que nous voulons être. Je refuse, moi, de vivre comme ils nous y obligent. Nous sommes différents. Nous devrions être égaux. Pour le ROC, les gouvernements provinciaux sont secondaires, c'est le fédéral qui compte. Pour nous au Québec, c'est l'Assemblée Nationale qui nous représente, avant Ottawa. A nos yeux, il y a 3 peuples fondateurs, pas aux yeux du ROC. Je ne supporte pas cette déconsidération arrogante, cette position de force, cette négation de la réalité, cette incivilité, cette inhumanité.
    Faites-vous l'amalgame quand vous dites "… il faut lâcher le discours victimaire, … un genre de discours que boude l’électorat et qui l’éloigne de la cause. On ne veut pas se faire taper dessus, on ne veut pas se faire dénigrer, dévaloriser et mépriser …" ? Dénigrer les Québécois, ce n'est pas tenir un discours victimaire. Dire dans le blanc des yeux aux Québécois qu'ils se comportent comme des imbéciles, politiquement, ce n'est pas tenir un discours victimaire. Mais c'est contre-productif bien sûr, personne n'aime se faire dire ses 4 vérités, et seulement cela.
    Le Québec est victime du comportement oppressant du Canada. C'est la réalité. C'est pourquoi l'indépendance est nécessaire. Maintenant, comment expliquer cela convenablement ? Comment convaincre ceux qu'on a déjà convaincus qu'il n'y a pas de dominants et de dominés ? On se tire dans le pied quand on affirme n'avoir rien à reprocher aux canadians. Présentez-moi des individus et je saurai m'en faire des amis, peut-être, mais ça ne change pas le fait que la majorité des canadians, malgré leur amitié apparente, nous oppresse par leur comportement politique.
    Si on ne tient pas de discours victimaire, ça se traduit toujours, alors, par l'attitude que rien n'est jamais tellement si grave. A part quelques personnalités comme Pierre Falardeau, personne ne tient plus de discours victimaire dans les grands médias, surtout pas les politiciens. Donc ce discours victimaire, tant honni, il n'existe pas ailleurs que dans nos obstinages obscurs sur le réseau, dont personne n'entend jamais parler.
    Moi, c'est précisément ici, dans cette nuance, que tout se justifie. Je veux que le Québec soit pris au sérieux. Je suis scandalisé qu'il ne le soit pas. Tout, tout est là. Il ne s'agit pas d'avoir raison ou pas, il s'agit d'être entendu, d'être pris au sérieux, d'exister. Exister comme tous les autres humains de la planète devraient exister, sans domination des uns sur les autres. L'anglosphère prend trop de place sur la planète et elle bouscule trop de monde. Jamais on ne devrait considérer les gens comme des sous-citoyens, des gens de seconde classe. Or on nous rentre dans la tête que ce n'est pas grave, que c'est normal en fait de ne jamais pouvoir faire et agir réellement comme nous l'entendons. Nos chaines sont normales imaginez-vous donc. Elles sont normales parce que l'anglosphère constitue la norme, voyez le raisonnement.
    Les Québécois sont ignorés, ils n'existent pas ; nous sommes des canadians qui parlent en français. La plus grande raison pour faire l'indépendance, c'est pour qu'enfin on se rende compte que nous existons. Mais on a habitué les Québécois à considérer que ce n'est pas grave de ne pas vraiment exister, de ne faire que suivre les autres, de vivre en permanence dans la remorque, dans l'arrière-boutique. L'important, c'est d'être bien n'est-ce pas. Nos dirigeants s'appliquent alors à rendre notre vie confortable. Nous sommes des occidentaux extrêmes.
    M. Haché a raison, les Québécois, en général, ne ressentent pas cette oppression. Je crois pourtant, quand même, qu'il n'y a pas d'autre moyen que de faire en sorte (comment) qu'ils en arrivent à se rendre compte de la situation, qu'ils s'aperçoivent enfin de leurs chaines.
    Je sais bien que ce n'est pas très joli, mais la plupart des commentateurs autorisés (télé et journaux) se trompent : cessons de dire que nous n'en voulons pas aux canadians, qu'ils sont nos amis, etc. Non. Ils sont nos ennemis politiques. Leur opinion est bien celle-là qui nous ignore et nous impose la civilisation, et la philosophie, anglo-saxonne. Les élites du ROC agissent comme leurs électeurs veulent qu'ils agissent, c'est la démocratie. Si les élites anglo-saxonnes nous sont hostiles, c'est bien parce que les canadians qu'ils représentent nous sont hostiles aussi. Ils diront qu'ils nous aiment, comme nous-même nous le disons d'eux, mais ils nous montrent toujours le contraire par leurs actes. Ils nous rejettent, ils nous haïssent, en général. En leur for intérieur, l'homme blanc britannique représente le summum de la civilisation sur terre.
    Les anglais sont les dominants, les ennemis du moment donc. Un jour peut-être les oppresseurs seront chinois. Ils sont russes ou français, ailleurs. Il ne s'agit pas de détruire l'anglophone mais bien de se réveiller, de s'apercevoir de cette dominance et de la briser. De veiller aussi, quand nous serons indépendants, à ne pas agir en dominant à notre tour. C'est une question de savoir vivre. Quand je vois les colonies d'Israël, je me dis que ces gens-là, et la cinquantaine de millions d'états-uniens qui les supportent, ne savent pas vivre.
    Le comportement du Canada et des canadians en général à l'égard du Québec, ça me heurte véritablement. Je ne prend pas la peine d'énumérer des faits concrets, je l'ai déjà fait ces dernières années, d'autres l'ont fait aussi, et il n'en manque pas.
    En maquillant l'oppression, en disant que les gens du ROC sont nos amis, on se tire dans le pied. On provoque le contraire de ce qu'on recherche. Je ne comprend pas les indépendantistes qui disent qu'il ne faut pas s'attarder aux agressions du Canada, à mes yeux ils escamotent l'essentiel. Ils se demandent ensuite pourquoi on ne les suit pas. Le PQ nous dit qu'il faut se séparer, mais que ce n'est pas à cause de l'attitude des canadians, non, ils sont nos amis. On nous dit que 2 plus 2 égale 5. Je comprend bien qu'il faut ménager nos voisins puisqu'on vivra encore voisins après mais là, on laisse le voisinage faire chez nous comme chez eux, sans honte et sans remord. C'est incroyable. Des aberrations comme ce qui s'est passé à Québec cette année, normalement, dans une société non hypnotisée, ça devrait suffire pour soulever l'indignation.
    Avec leur consentement tacite qui dure et qui perdure, les Québécois sont en train de se convaincre qu'ils sont réellement des canadian comme les autres. C'est ici, dans ce combat à faire pour ouvrir les yeux, que nous ratons le bateau.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2008

    Je ne me sers pas de de Gaulle ou de MacCartney pour "servir la cause". J'ai simplement dit que lors de ces deux événements, le sentiment nationaliste québécois était à un très haut degré.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 septembre 2008

    Merci d'avoir redécouvert le mot CANADIEN-FRANÇAIS
    c'est rafraîchissant de votre part.
    Quant à se servir de DeGaule et de Paul McCartney
    pour servir la cause je crois que vous faites réellement fausse route.