Le défi de votre père fut de développer son projet de journal en faisant corps avec la culture populaire. Ce « journal du peuple » fut le levier qui lui a permis de donner l’essor à ce qui est maintenant un empire médiatique. Vous avez pris la suite en relevant un premier défi majeur : celui de réaliser la conversion au nouveau monde du numérique.
Là où d'autres ont failli, vous avez trompé les sceptiques en étant le seul en Amérique à réussir la stratégie de la convergence. En cours de route, une distance s'est créée entre votre entreprise et le « peuple », particulièrement depuis le conflit de travail au Journal de Montréal.
Au moment où votre concurrent, propose de faire naître un géant de la convergence (Bell-Astral) susceptible d'influer, durablement et de l'extérieur, sur notre culture. Il vous revient de relever cet autre défi. Celui de refaire la convergence entre vos intérêts et ceux du « peuple ».
Et la manière la plus convaincante de le faire est de vous porter à la défense de ses intérêts face aux abus de pouvoir dont il est victime de la part d'une élite illégitime.
Ce lien privilégié avec le peuple, naturelle chez votre père, le semble moins chez vous. Ce lien a été mis à mal suite au pénible conflit de travail au Journal de Montréal. En a résulté un coup de barre à droite : L'Institut Économique de Montréal ( organe de propagande du clan Desmarais) est devenu la référence d'autorité pour les idéologues de droite qui nourrissent vos colonnes.
Toutes les opinions ont droit de cité, me direz vous. Le problème se pose quand ces idéologues de cubicules influencent l'orientation générale du contenu de l'information chez Québecor Média pour faire avancer leurs intérêts idéologiques qui, au final ne sont pas les vôtres. Et cela au détriment du devoir d'informer sur des dossiers qui touchent aux intérêts supérieur du « peuple ».
Nous sommes à l'heure des bilans politiques et économiques d'un gouvernement qui croule sous les affaires de corruption. Or il y a 3 semaines, la une du Journal de Montréal était consacrée au scandale d'une fonctionnaire qui s'est offert un pot de fleurs à 50 piastres. Pendant ce temps, silence radio sur 3 dossiers d'abus de pouvoir portant sur des milliards de dollars :
1- Caisse de dépôt, le papier commercial : – 6 milliards de $ de perte
La Caisse a perdu 40 milliards $, dont 30 sont dus à la crise de 2008 et 10 à la spéculation attribuable au changement de la loi sur la gouvernance en 2004 : « Le rendement d’abord ». Ce qui a transformé un fond de pension en fond spéculatif, d’où l’achat de ces 13 milliards $ de papier commercial (PCAA).
Coventree Capital Group, au centre du scandale du PCAA, a été trouvé coupable, par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario, d’avoir trompé ses actionnaires et ses clients en automne 2011. Or la Caisse a été son principal actionnaire et son principal client !
La Caisse a radié 6 milliards $ d’actifs à cause des PCAA, 60 fois Vincent Lacroix. Et toujours « silence radio » sur ce dossier. Je vous rappelle que Gesca-La Presse, qui ne voulait pas d'enquête publique sur les pertes historiques, reproche à la Caisse d'avoir investi dans Québecor Média, pour votre prise de contrôle de Vidéotron, une pièce maitresse de votre stratégie de convergence.
Est-ce normal que le gérant d'estrade que je suis, soit le seul à avoir poser cette question : « la Caisse victime consentante ou victime d’une fraude, avec le papier commercial ? »
http://www.vigile.net/La-question-qui-tue,41992
2- Hydro Québec, centrale de Bécancour : – 3 milliards de $
Hydro Québec a signé une entente à long terme avec TransCanada Energy de Calgary, propriétaire de la centrale au gaz de Bécancour, pour la fourniture d’électricité. Moins de 13 mois plus tard, on en a plus besoin.
Depuis Hydro-Québec a payé 1 milliard $ en pénalités pour ne pas que la centrale produise ! En tout 3 milliards $ seront envoyés à Calgary d'ici la fin du contrat. Comment expliquer cette décision ? Alors qu'Hydro-Québec avait le choix de reconvertir sa propre centrale TAG pour un coût de 120 millions.
À l'époque, le gouvernement Charest avait 13 centrales au gaz dans ses cartons. Heureusement, l'opposition citoyenne contre le Suroît a fait dérailler ses projets. Silence radio sur ce dossier dans le journal du « peuple ».
3- Anticosti : – 40 milliards de barils de pétrole
Ces droits d'exploration appartenaient à Hydro-Québec, jusqu'au moment où le gouvernement fiduciaire de ce bien public a décidé de le céder au privé. Quels sont les termes de l'entente ? Le public n'a pas le droit de le savoir. Une plainte pour vol a été déposée le 22 novembre 2011 par Daniel Breton. Seul Le Devoir a couvert l'événement.
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/354630/un-portrait-inquietant-pour-le-quebec
Daniel Breton, devenu candidat du Parti Québécois depuis ; a pris un engagement au nom de son parti pour faire la lumière dans ce dossier :
Pouvoir de vérification des livres d'Hydro-Québec au Vérificateur général pour connaître la tenue de l'entente liant Hydro-Québec et Pétrolia
Si besoin est, enquête plus approfondie sur la question. C'est à nous de choisir l'avenir de l'île d'Anticosti.
http://pq.org/actualite/videos/a_nous_de_choisir_lavenir_de_lile_danticosti
Le « peuple » a-t-il été victime du vol du siècle ? Encore là, silence radio.
Ce ne sont là que 3 exemples de dossiers pour lesquels le « peuple » se fait avoir à coup de milliards, et, sur lesquels le devoir d'informer au nom de l'intérêt du bien public cède le pas à l'idéologie de droite qui a fait son nid chez vous. Vous devriez réaliser que cela ne va pas dans le sens de vos intérêts à long terme.
Au moment où se profile dans le décor un géant de la convergence comme Bell-Astral, il est temps de revenir sur la philosophie qui a guidé votre père. Il est temps de rétablir ce lien avec le « peuple ». Il est temps de reprendre le contrôle et donner un coup de barre pour rapprocher Québecor Média des intérêts de ce « peuple ». On ne peut se réclamer du « peuple » sans défendre ses intérêts. Ce qu'aurait très bien compris votre père à cet égard.
Votre défi : assumer l'héritage de votre père.
Lettre ouverte à Pierre-Karl Péladeau
Votre défi : assumer l'héritage de votre père
Faire coïncider vos intérêts avec ceux du « peuple »
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
17 août 2012PKP n'a pas la classe ni l'intelligence de son père.Il se comporte plutôt comme un capitaliste autoritaire,sans classe ni intelligence et sans culture.
C'est une sorte de clown Éric Duhaime qui serait riche!
Archives de Vigile Répondre
17 août 2012Chose certaine, le directeur général des élections passe souvent son annonce à la TV comme quoi les "absents ont toujours tort".
Il y a quelqu'un chez l'élite qui lit Vigile et qui a lu l'article de monsieur Michel Rolland (et qui veut surtout ne pas donner raison à monsieur Rolland) (probablement parce que monsieur Rolland a raison):
http://www.vigile.net/Liberons-nous-des-neoliberaux