Le président Hugo Chavez joue gros dimanche: les électeurs vénézuéliens se prononcent par référendum sur des réformes constitutionnelles qui élargiraient considérablement ses pouvoirs et lui permettraient notamment de briguer un nombre illimité de mandats.
A l'ouverture des bureaux de vote vers 10hGMT, les électeurs patientaient en longues files. Le scrutin s'achève à 20hGMT et les résultats sont attendus plus tard dans la soirée.
Il s'agit du plus grand défi du leader socialiste depuis des années, et la tension a crû durant les derniers jours précédant le scrutin, l'opposition organisant d'importantes manifestations et certains rassemblements ayant débordé dans la violence. La crispation pourrait toucher à son comble en cas d'un scrutin serré.
Alors que plusieurs sondages d'instituts privés indiquent que l'issue pourrait être très disputée, M. Chavez a averti vendredi ses détracteurs qu'il ne tolérerait aucun acte de violence. Il a également menacé les Etats-Unis de couper l'approvisionnement en pétrole si Washington s'immisce dans le scrutin. "Dans le cas d'une agression de la part du gouvernement américain, nous n'enverrions plus de pétrole à ce pays", a-t-il répété samedi. "Oubliez notre pétrole".
Le président Chavez juge ses réformes nécessaires pour l'avènement d'un Etat socialiste, et accuse ses adversaires de collusion avec l'administration du président américain George W. Bush.
Alors que le gouvernement a publié plusieurs sondages donnant le "oui" gagnant, d'autres enquêtes pronostiquaient une forte résistance de l'opposition, qui avait pourtant été laminée lors de la réélection de M. Chavez en 2006. Le sondeur Luis Vicente Leon, qui dirige l'institut Datanalisis, a déclaré que les sondages de cette dernière semaine sont trop serrés pour prédire l'issue du référendum, qui dépendra selon lui largement de la participation des deux camps.
"S'il (Chavez) gagne avec une avance très étroite, c'est un scénario source de conflit", a averti M. Leon. "Dans un pays où il y a un important manque de confiance entre les différents camps, il est évident que l'opposition (...) penserait qu'il s'agit de fraude".
Selon le ministère de la Défense, 140.000 soldats et réservistes sont déployés dans le pays dimanche pour assurer la sécurité. Le scrutin est surveillé par environ 100 observateurs de 39 pays d'Amérique latine et d'Europe, et également des Etats-Unis, a fait savoir de son côté le Conseil électoral national. Des centaines d'observateurs vénézuéliens sont également mobilisés.
Devenu la bête noire de Washington et le leader de gauche sud-américain le plus en vue depuis sa première élection à la présidence en 1998, Hugo Chavez joue gros. La réforme lui permettrait de se représenter en 2012, ce que lui interdit pour l'instant la Constitution. Et il n'a pas caché qu'il souhaitait - "si Dieu me donne la vie et son aide" - enchaîner les mandats pendant les décennies à venir.
Le mandat présidentiel serait en outre prolongé de six à sept ans. Parmi les 69 amendements constitutionnels figurent également des dispositions pour créer des formes de propriété collective, la suppression de l'indépendance de la Banque centrale, ou encore la nomination directe de responsables provinciaux et municipaux par le président.
L'ONG Human Rights Watch a averti que ces réformes menaçaient les droits fondamentaux, notamment une disposition permettant au chef d'Etat de déclarer l'état d'urgence pour une durée illimitée, pendant laquelle des suspects pourront être détenus sans inculpation formelle et la presse censurée.
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