Véhicules électriques: Hydro investira dans la recharge rapide

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Le vernis écolo du gouvernement Couillard ne trompe personne

Le gouvernement québécois prend les grands moyens pour multiplier le nombre de véhicules électriques sur les routes. Il donne le mandat à Hydro-Québec de tapisser le territoire de bornes de recharge rapide, ce que la société d'État assure pouvoir faire sans aucun impact sur les tarifs d'électricité.


« C'est un modèle assez unique qui ne fait que des gagnants », a résumé le porte-parole d'Hydro-Québec, Louis-Olivier Batty, au sujet du projet de loi déposé la veille par le gouvernement Couillard pour établir un service public de recharge rapide.


Des investissements de 130 millions de dollars seront nécessaires de la part d'Hydro-Québec pour ajouter 1600 bornes de recharge rapide au Québec d'ici 10 ans. Ces investissements seront entièrement compensés par l'augmentation des ventes d'électricité qui résultera de la hausse du nombre de voitures électriques, prévoit Hydro.


Avec la multiplication des bornes, le nombre de véhicules électriques devrait passer de quelque 24 000 actuellement à 100 000 dans deux ans, selon le gouvernement, et doubler chaque année par la suite.


 


En 2030, leur nombre devrait atteindre 1 million, soit environ 20 % du parc automobile total, qui tourne autour de 5,6 millions de véhicules.


« Ça ne sort pas de nulle part, assure le porte-parole d'Hydro-Québec. On se base sur les expériences ailleurs dans le monde, notamment en Norvège. »


Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau, est revenu d'un récent voyage en Norvège convaincu qu'un réseau de bornes de recharge rapide est un préalable pour convaincre les automobilistes de passer à l'électricité. C'est le gouvernement norvégien qui a financé le réseau de bornes.


La proposition du gouvernement Couillard prévoit que ce sont les propriétaires de véhicules électriques, et non l'ensemble des clients d'Hydro-Québec ou des contribuables, qui paieront pour le réseau en augmentant leur consommation d'électricité.


Le professeur Pierre-Olivier Pineau, spécialiste des questions énergétiques à HEC Montréal, doute que ce modèle fonctionne. « Je me demande comment un tel investissement peut se faire sans impact sur les tarifs, dans la mesure où c'est un investissement significatif qui sera un coût à prendre en compte dans les coûts d'Hydro-Québec. »


Selon lui, ce n'est pas à Hydro-Québec de jouer le rôle d'investisseur dans la recharge rapide. « Hydro-Québec devrait se concentrer sur gérer la transition plutôt que d'étendre sans doute à perte ses activités », estime-t-il.


UN MODÈLE ESSOUFFLÉ


La décision de confier à Hydro-Québec le déploiement d'un réseau de recharge rapide vient du constat qu'un tel réseau n'est pas rentable et ne le sera jamais, compte tenu du coût des bornes et de leur faible utilisation. Nécessaire pour rassurer les automobilistes et les inciter à faire l'acquisition d'un véhicule électrique, le réseau sert peu, puisque 80 % des recharges se font à la maison.


70 000 $


Coût d'une borne de recharge rapide. Il y a 113 bornes de recharge rapide publiques au Québec, et ce nombre atteint 130 en comptant les bornes privées.


Avec son Circuit électrique, Hydro-Québec avait commencé à déployer des bornes de recharge avec des partenaires du secteur privé, comme St-Hubert ou Jean Coutu, sur la base du partage des coûts en parts égales. Ce modèle de partage des coûts commençait à s'essouffler et le nombre de bornes de recharge rapide n'augmentait pas assez pour répondre aux besoins.


« On a constaté qu'on ne peut pas laisser au secteur privé la responsabilité de déployer un réseau de recharge rapide, explique le porte-parole d'Hydro-Québec. Un coup de main doit être donné, et c'est ce que nous allons faire. »


« La solution proposée permettrait de pallier le coût élevé et l'absence de rentabilité des bornes de recharge rapide », a fait valoir le gouvernement en présentant son projet de loi. Il prévoit des changements à la Loi sur Hydro-Québec afin de permettre au gouvernement de fixer par règlement les tarifs du service de recharge public.


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