Une valeur sûre

Corruption à la ville de Montréal

Gérald Tremblay a annoncé qu'il solliciterait un troisième mandat à la mairie de Montréal. Archives La Presse

En 2003, alors que j'étais PDG de Loto-Québec, nous avions décidé de présenter le projet d'agrandissement du Casino de Montréal au maire Gérald Tremblay, question d'avoir l'appui de la Ville avant d'aller trop loin. Il nous avait reçus en grande pompe dans la salle du comité exécutif en présence de tous les membres dudit comité. Le projet de Loto-Québec incluait un minirail qui allait du bassin Peel au Casino et qui permettait à tous les citoyens de se rendre gratuitement au parc Jean-Drapeau.
Au cours de la présentation, il nous est apparu évident que le projet plaisait au maire qui voyait là un projet porteur pour sa ville. Pourtant, après la rencontre, à la suite d'une longue discussion, nous n'avions aucune idée si Gérald Tremblay était pour ou contre, et si la Ville appuierait le projet. De toute évidence, monsieur le maire voulait connaître la direction du vent avant de se prononcer. Il ne voulait pas déplaire à Loto-Québec, mais voulait en même temps s'assurer qu'il n'y aurait pas de contestation.

À mon avis, cette rencontre décrit l'essence même du personnage Gérald Tremblay, quelqu'un qui veut plaire à tout le monde en ne mécontentant personne, quelqu'un qui veut choisir seulement les batailles qui ne soulèvent pas d'opposition, même si cela signifie ne pas prendre de décision ou pelleter par en avant.
Par la suite, Gérald Tremblay m'a invité à plusieurs reprises à aller prendre un café à son bureau pour discuter de tout et de rien, invitations auxquelles je n'ai pas donné suite par pure négligence. J'aurais certes dû y aller, si ce n'est que pour lui dire de ne pas avoir peur d'être un vrai maire avec tout ce que cela implique.
Donc, monsieur le maire, si vous m'invitez à nouveau, cette fois j'irai et on pourra se parler entre quatre yeux du vieux principe voulant qu'on ne peut pas plaire à tout le monde et à son père en même temps, et de l'importance d'aller au bâton même si, parfois, on est retiré sur trois prises. Dans la vie, un coup de circuit opportun peut faire oublier bien des revers.
Je n'ai nul désir de me prononcer sur les odeurs de scandale qui semblent flotter à l'Hôtel de Ville. Je laisse cela au vérificateur général et à la police. Cependant, devant les appels répétés dans certains milieux demandant la démission du maire, je crois important de me prononcer sur la candidature de M. Tremblay pour un troisième mandat.
Selon moi, le maire devrait se présenter à nouveau. À moins qu'un nouveau Jean Drapeau, en plus économe que l'ancien, ne surgisse de nulle part pour prendre la relève, Gérald Tremblay demeure, malgré tout, la meilleure personne pour diriger la Ville de Montréal, d'autant plus que les récents événements lui auront probablement donné une sévère leçon qu'il voudra mettre en pratique.
Également, si Gérald Tremblay est réélu pour un troisième et dernier mandat, il pourra accepter de déplaire à certains alliés, car il n'aura pas à se faire réélire. À l'heure actuelle, entre Benoit Labonté, Richard Bergeron et Gérald Tremblay, le choix me semble évident. Il ne faut surtout pas changer pour pire. Gérald Tremblay demeure une valeur sûre et un maire expérimenté.
Tous admettent qu'il est d'une intégrité et d'une honnêteté exemplaires et qu'il aime Montréal plus que tout au monde. De toute façon, les gouvernements du Québec, aussi bien péquiste que libéral, ont tellement massacré Montréal qu'elle est devenue ingouvernable. De fusions mal faites par les péquistes à des défusions mal faites par les libéraux, c'est à qui ferait de son mieux pour que le lent déclin de Montréal se poursuive de façon accélérée.
Avant de penser à changer de maire, il vaudrait mieux modifier la Charte de la Ville pour la rendre gouvernable. Autrement, que ce soit Gérald Tremblay ou quelqu'un d'autre à la mairie, Montréal continuera de dépérir.
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Gaétan Frigon
Après avoir occupé différents postes de direction dans le commerce de détail pendant près de 40 ans, notamment à la SAQ, l'auteur est aujourd'hui copropriétaire de plusieurs entreprises, dont Publipage Inc.

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