Une majorité pour qui?

Élection Québec - 8 décembre 2008



En lançant hier sa campagne électorale, le premier ministre Charest a plaidé pour un gouvernement majoritaire. «Il faut une stabilité politique pour avoir la prospérité économique», a-t-il dit.
Nous sommes d'accord avec M. Charest sur ce point: en période d'inquiétude économique, un gouvernement majoritaire est nettement préférable à un gouvernement qui se trouve à la merci de l'opposition. Il reviendra à M. Charest, toutefois, de démontrer aux Québécois que le gouvernement majoritaire dont le Québec a besoin doit être libéral plutôt que péquiste ou adéquiste.

Pourquoi un gouvernement majoritaire? Comme le souligne dans la page ci-contre le sénateur Jean-Claude Rivest, ce sont les majorités qui ont fait preuve dans le passé d'audace et de courage. Sans un gouvernement majoritaire à Ottawa, pas d'accords de libre-échange. Sans un gouvernement bien en selle à Québec, pas de Charte de la langue française.
On dit que bien des citoyens préfèrent les gouvernements minoritaires parce que ceux-ci sont moins autoritaires, moins arrogants. La réalité, c'est qu'un gouvernement en minorité au Parlement est incapable de prendre les mesures difficiles qu'impose parfois la réalité et de mettre en place les politiques essentielles qui ont le défaut de ne pas faire l'unanimité.
Dans un tel Parlement, tous les partis songeant au court terme sont obsédés par la tactique. L'atmosphère d'esprit partisan exacerbé qui règne ne fait qu'encourager le cynisme des citoyens. Ce cynisme augmente aussi avec la fréquence des élections, nécessairement plus grande en situation de gouvernement minoritaire.
Il n'est pas vrai que les gouvernements majoritaires peuvent agir à leur guise. On sait le prix qu'a payé le gouvernement Charest, au début de son premier mandat, pour ne pas avoir suffisamment tenu compte de l'opinion publique. Par la suite, les libéraux ont été pratiquement paralysés, incapables de réaliser les projets comme le Suroît, la privatisation du Mont-Orford ou le déménagement du Casino de Montréal. Même lorsqu'une formation jouit de la majorité à l'Assemblée nationale, les partis de l'opposition sont en mesure d'alerter la population et de forcer le gouvernement à reculer.
Les prochains mois risquent d'être difficiles au Québec. Le gouvernement provincial ne pourra satisfaire tous les groupes qui vont demander son aide. Il devra sans doute comprimer ses dépenses, peut-être trouver des moyens d'augmenter ses revenus. Minoritaire, le gouvernement sera vite bloqué et nous nous retrouverons une nouvelle fois en campagne électorale.
À notre avis, les Québécois seraient bien avisés d'élire un gouvernement majoritaire. C'est le rêve des libéraux, bien sûr, que d'obtenir cette majorité. Toutefois, celle-ci ne leur revient pas de droit. M. Charest et son équipe devront démontrer qu'ils ont le meilleur plan pour calmer l'inquiétude ambiante tout en préservant le fragile équilibre budgétaire.
Les deux autres partis de l'opposition auront le même fardeau. Quelle équipe peuvent-ils asseoir autour de la table du conseil des ministres? Les mesures qu'ils proposent sont-elles efficaces et sages?
Chose certaine, l'heure n'est pas au vote de protestation. Ce vote-ci doit en être un de gouvernement.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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