Coûts du PPP de l'Adresse symphonique

Une comparaison dissonante

PPP sous surveillance



Dans son édition du 4 juin, Le Devoir a présenté comme une «explosion» de coûts le fait que le budget de la nouvelle salle de concert acoustique de Montréal, l'Adresse symphonique, soit aujourd'hui établi à 266 millions de dollars, alors qu'un montant de 105 millions avait été présenté comme le «coût de réalisation» du projet lors de son lancement, en juin 2006.
D'entrée de jeu, il faut préciser que ce montant de 266 millions a été dévoilé en décembre dernier lors du lancement de l'appel de propositions, qu'il est depuis disponible dans le site Internet de l'Agence des partenariats public-privé du Québec et qu'il ne constitue donc pas un fait nouveau ou caché au public.
Il convient toutefois de rétablir les faits quant aux limites d'une comparaison entre ces deux montants. Un examen sommaire révèle en effet qu'il n'y a eu ni explosion de coûts, ni mauvaise surprise, mais simplement une gestion rigoureuse, précise et transparente, comme le recours aux partenariats public-privé l'exige.
Ainsi, le montant de 105 millions qui a été communiqué en 2006 se trouve à représenter l'estimation préliminaire du coût de conception et de construction de la salle qui avait alors été faite. Pour sa part, les 266 millions représentent le montant total maximum qu'il en coûtera au gouvernement pour la conception de la salle, sa construction, son exploitation, son entretien et son financement sur une période de 30 ans. Ces coûts d'entretien, d'exploitation et de financement sont d'ailleurs bien réels et doivent ultimement être acquittés, qu'il s'agisse d'un PPP ou non.
Coûts à long terme
Une image toute simple permettra d'ailleurs de bien comprendre la distinction entre ces deux montants. Comparons ainsi le montant de 105 millions au prix d'achat initial d'une maison neuve.
Ce montant ne représente bien sûr pas le coût total qui devra être assumé par le futur propriétaire au cours de la durée de vie de cette maison. Pour y arriver, il faut en effet ajouter des coûts comme ceux de l'entretien courant et du remplacement éventuel du toit et des fenêtres. On parle alors d'un montant total plus important, mais qui reflète mieux le coût véritable de cet investissement pour sa durée totale. Il en va de même du partenariat public-privé de l'Adresse symphonique.
Avant de s'engager avec un partenaire privé auquel il effectuera des paiements réguliers pendant 30 ans, le gouvernement doit savoir combien il en coûtera en fin de compte, lorsque toutes les responsabilités prises en charge par ce partenaire auront été assumées.
Dalle de béton
Le montant de 266 millions est ainsi le maximum que le gouvernement devra payer au partenaire privé qui aura remporté l'appel de propositions actuellement en cours. Nous parlons bien ici d'un maximum, car trois consortiums se font aujourd'hui la lutte pour offrir aux contribuables québécois cet équipement au meilleur coût total, entendu que chacun doit d'abord se conformer à une série d'exigences acoustiques, architecturales et structurelles très précises pour cette future salle.
D'autre part, en ce qui concerne la dalle de béton, nous tenons à réaffirmer que nous n'avons été victimes d'aucune mauvaise surprise à cet égard, car nous savons, depuis le premier jour, que celle-ci devait être modifiée pour accueillir la salle.
Certains insisteront néanmoins pour savoir combien il en coûtera uniquement pour la construction de la salle, hormis toutes les autres responsabilités qui incombent au partenaire privé. La réalité, et cela peut sembler incongru à prime abord, est que nous ne le savons pas de façon précise, car le coût de construction final dépendra des choix précis effectués par le soumissionnaire à l'intérieur des critères de performance qui lui ont été imposés.
Mais, ce qui importe avant tout et qui constitue le plus grand avantage de recourir à la formule des PPP, c'est que les contribuables québécois sont assurés, avant même que la première pelletée de terre ne lève le sol, que, quoi qu'il arrive durant la construction, ils n'auront jamais à payer un sou de plus que le montant convenu pour bénéficier d'une salle de concert de calibre mondial.
Inquiétudes
De plus, comme l'entretien et le maintien du bâtiment font partie des responsabilités qui incomberont au partenaire privé, les contribuables québécois seront assurés de récupérer, après 30 ans, une infrastructure de qualité, maintenue dans un état impeccable.
Compte tenu des inquiétudes actuelles quant à l'état de nos infrastructures et au dépassement de coûts de plusieurs projets d'infrastructure publique, cette double assurance quant au coût et à l'entretien de la future Adresse symphonique ne manquera pas d'avoir un air plaisant aux oreilles des contribuables québécois.
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Pierre Lefebvre, Président-directeur général de l'Agence des partenariats public-privé du Québec

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