Infrastructures - Assez, le paternalisme !

PPP sous surveillance



Ottawa maintenant sa décision de ne pas rembourser sa part des dépenses publiques engagées dans les projets d'infrastructures qui ne seront pas terminés le 31 mars prochain, les municipalités devront donc chercher ailleurs les 200 millions manquants. Est-ce par entêtement ou par paternalisme envers les provinces et les municipalités que le gouvernement Harper refuse de repousser la date butoir?
Dans son budget 2009-2010, Ottawa avait annoncé un Plan d'action économique de deux ans destiné à atténuer les effets de la récession.
On se rappellera que le premier ministre Harper ne s'était pas rallié de gaieté de coeur à l'idée d'injecter des milliards empruntés pour stimuler la reprise. Selon la thèse conservatrice, il est inutile, voire nuisible, d'agir ainsi. Une année et demie plus tard, il est donc pour le moins ironique de lire dans le «Sixième rapport aux Canadiens» présenté la semaine dernière que «les mesures du Plan d'action économique ont ajouté 1,5 point de pourcentage à la croissance du produit intérieur brut (PIB) du Canada à chaque trimestre depuis le deuxième trimestre de 2009».
Parmi ces mesures, la bonification des prestations d'assurance-emploi a rendu la vie moins pénible à des dizaines de milliers de chômeurs, mais c'est le programme d'infrastructures qui a eu le plus d'impact en permettant à des centaines de municipalités de récupérer un peu du retard accumulé au fil des ans. À l'échéance prévue pour le 31 mars prochain, Ottawa aura dépensé la presque totalité des fonds.
Pourquoi la «presque» totalité et non la totalité? Voilà où le bât blesse puisqu'à ce jour, les ministres conservateurs ont refusé de s'engager à rembourser les dépenses des municipalités dont les projets ne seront pas achevés à cette date.
Au Québec, la présidente du Conseil du trésor, Mme Michelle Courchesne, évalue à 251 le nombre de projets touchés et à 200 millions le manque à gagner des municipalités si Ottawa s'entête.
Comme le reportage de notre collègue Guillaume Bourgault-Côté publié ce matin dans nos pages l'illustre bien, les raisons qui expliquent les retards sont multiples. Dans certains cas, le trop grand nombre de projets lancés la même année a créé un embouteillage dans une industrie déjà sous pression, dans d'autres cas, le retard est dû à l'incapacité d'un entrepreneur de tenir ses engagements dans les délais impartis, sans oublier que tout le monde a été affecté par la lenteur des autorités à s'entendre sur les paramètres d'un programme auquel les provinces et les municipalités doivent aussi contribuer.
On peut comprendre qu'Ottawa ait voulu concentrer son intervention sur une période restreinte pour obtenir un impact maximum sur la croissance économique. Mais il y a des limites à se comporter de façon aussi paternaliste avec les élus locaux. Ces gens ne sont en rien responsables de la disponibilité des entreprises de construction. De surcroît, ce sont eux qui risquent de recevoir une facture plus salée que prévu à cause des pressions inflationnistes que l'imposition d'une date butoir rapprochée fait peser sur l'industrie des infrastructures.
Au cours des derniers jours, certains ministres fédéraux se sont montrés ouverts à plus de souplesse, mais ce n'est pas suffisant. La faiblesse de la reprise exige que l'on élimine la date butoir pour tous les projets en cours puisque l'argent est là et que tout le monde est à l'ouvrage. Qu'on les laisse finir ce qu'ils ont commencé!
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j-rsansfacon@ledevoir.ca


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