L’ancien ministre Robert Poëti affirme qu’un groupe d’employés était réfractaire à collaborer avec lui pour faire le ménage au ministère des Transports.
Sortant à peine de ce qu’il qualifie de «semaine de tourmente», le député a livré ses états d’âme sur son passage au ministère des Transports (MTQ), dans une longue entrevue accordée au Journal à ses bureaux hier.
« Les employés des ministères savent qu’un ministre n’est pas là pour rester éternellement quand il arrive. ils peuvent bien penser qu’un ministre n’est là que de passage, mais il faudrait quand même que certaines orientations des ministres restent après leur départ.» – Robert Poëti, ex-ministre des Transports
Il a révélé avoir rencontré de la résistance lorsqu’il a voulu remettre en question des pratiques discutables à son arrivée à la tête du ministère.
«Ma perception est que la grande majorité des employés étaient contents qu’une personne arrive pour regarder tout ça et fouiller», a-t-il indiqué.
«(Mais) il y avait certaines personnes réfractaires à changer la culture. Elles disaient qu’elles avaient toujours fait les choses comme ça et que ça allait continuer parce que ça allait bien. Moi, ce n’était pas mon opinion» a-t-il dit, soulignant qu’il n’avait pas toujours été «accueilli avec le sourire».
Des problèmes administratifs
Plus tôt cette semaine, L’actualité rapportait que M. Poëti avait dénoncé des irrégularités concernant le MTQ, peu avant d’être évincé du cabinet Couillard.
Robert Poëti affirme que les problématiques qu’il a observées au ministère relevaient essentiellement de «l’administratif» et que les changements qu’il voulait faire étaient « difficiles pour certains employés».
«Si on donnait un contrat à un ancien employé du MTQ, je n’étais pas contre. Mais si on scindait le contrat en deux, l’un au nom de l’employé et l’autre à une compagnie à numéro, il y avait un problème. On ne peut pas faire indirectement ce qu’on ne peut pas faire directement. Est-ce que ça peut faire partie d’une culture?» s’interroge-t-il.
Ménage
Le député libéral soutient également qu’il avait un «plan» pour faire le ménage au sein de son ministère, avant d’être rétrogradé au rôle de député.
«Je m’étais donné 4 ans. J’avais déjà identifié les gens les plus réfractaires au changement et les secteurs d’activité où il fallait se pencher davantage. Dans les deux ans qui s’en venaient, à mon avis, j’aurais réussi à tout replacer. Si en fin de mandat je n’avais pas réussi à tout faire, j’aurais sonné l’alarme», assure-t-il.
Ce plan, dit-il, dépendait en grande partie des informations obtenues par l’analyste Annie Trudel, qu’il avait embauchée. Dans sa lettre de démission, cette dernière a dénoncé le fait qu’on avait tenté de lui mettre des bâtons dans les roues.
«C’est sûr que les portes ne s’ouvraient pas en soufflant dessus. Il fallait que je lui donne des coups de main à l’occasion», admet M. Poëti.
Parmi les changements que ce dernier voulait apporter, il étudiait la possibilité d’unir les secteurs de la vérification interne et des enquêtes du MTQ pour plus d’efficacité.
Ce qu’il a dit à propos de...
Sa relation avec ses collègues du Parti libéral du Québec
«Je ne peux pas dire que je n’ai pas été mal à l’aise dans la tourmente de la dernière semaine. Ça a ébranlé le parti. Ça a ébranlé les citoyens et le MTQ, parce que ça touche la confiance des gens envers les institutions. Mais je ne pouvais pas mentir. Finalement, j’ai eu beaucoup d’appuis de mes collègues.»
Jean Charest, qui l’a recruté en politique
«Quand je l’ai rencontré, je lui ai dit qu’il ne voulait pas de quelqu’un comme moi. Je lui ai dit que si je voyais quelque chose d’illégal, je le dénoncerais et je porterais plainte. Il m’a répondu qu’il n’avait aucun problème avec ça, qu’il avait lui-même demandé à tous ses ministres s’ils avaient déjà séjourné sur le bateau de (l’entrepreneur) Tony Accurso. M. Charest m’a dit qu’ils avaient tous dit non, mais que si je pouvais prouver le contraire, il mettrait le ou la ministre dehors immédiatement.»
Sa rétrogradation au rôle de député
«C’est probablement le travail le plus difficile pour moi, celui d’être un député au pouvoir. Tu participes à la démocratie en levant ta main pour un vote, mais tu ne participes pas aux décisions. Tu n’as pas le pouvoir de faire changer les choses comme un ministre. Est-ce qu’il y a eu une adaptation à faire? Oui.»
Sa relation avec son chef Philippe Couillard
«Nous n’avons pas toujours eu les mêmes idées, notamment sur le dossier de Uber. Mais la force du Parti libéral, c’est sa capacité à accepter qu’on est pas toujours d’accord. Je l’ai dit lors du remaniement. J’ai été déçu et surpris. [...] Mais c’est la décision de M. Couillard. C’est lui le patron. Il m’a dit qu’il voulait plus de femmes, de jeunes et de gens des régions comme ministres. Je ne présume pas qu’il y a d’autres raisons que celles-là.»
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