Une autre pensée magique du PLQ

On peut aussi appeler cela de la démagogie

Tribune libre

Le présent article se réfère à l'article de l'économiste Pierre Fortin dans l'Actualité du 6 octobre 2014 (Note 1). J'ai choisi cet article parce qu'il constitue un bel exemple de pensée magique comme se plaisent à entretenir plusieurs de nos leaders du monde politique, économique, ou des affaires, soit:

«D'atteindre le déficit zéro en 2105-2016 (Note 2) et un ratio dette brute/PIB de 45% pour 2025-2026 (Note 3) en misant intensément sur les revenus et les dépenses. On nous demande de croire (et nous avons cru, puisque nous les avons élus en avril dernier) qu'en appliquant les mêmes méthodes que pendant les des deux dernières décennies (produire plus, réduire plus) nous aurons des résultats différents de ceux des 15 dernières années».

Cela relève de la pensée magique, voire irresponsable. Je m'explique.

1) Des hypothèses irréalistes:

• Les prévisions utilisées par M. Fortin misent sur une croissance annuelle du PIB de 3 % de 2014 (377MM $) à 2026, pendant 11 ans;

• De 2011 à 2014 la croissance du PIB a été entre 1 & 1.9 %, pour un cumulatif de 1.5 % (Note 4) et de 1992 à 2012 elle a variée entre 1.4 & 3.7 % pour un cumulatif de 2.6 % (Note 5);

• De 1999 à 2013, le déficit budgétaire cumulatif (bien entendu j'ai pris soin d'exclure les versements au fonds des générations) a été de 7,282MM $ (Note 6) et ce malgré une la loi antidéficit ( décembre 1996);

• Plusieurs économistes estiment que les croissances économiques que nous avons connues au cours des dernières décennies ne se reproduiront pas. Que nous allons devoir planifier dans un contexte de décroissance. Reconnaissons que la croissance sans fin est illusion;

• Les défis des prochaines années sont bien différents de ceux des dernières. Dans un environnement où les ressources étaient abondantes, la consommation et la surconsommation soutenaient une augmentation du PIB. Or nous devons maintenant considérer consommer moins (consommation totale et par habitant) si nous voulons relever les défis qu'apportent l'activité humaine ( la surpopulation et la consommation) sur le climat, les ressources naturelles et l'équilibre notre planète;

2) Des outils de mesures qui nous aveuglent:

• La composition de la dette est discutable, est-elle légitime (Note 7);

• Le PIB, un outil de mesure significativement erroné (Note 8). Certains diront que c'est le meilleur que nous ayons. Il demeure qu'il est faux. La commission Stiglitz (du nom de son président Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie 2001) a unanimement établi établi que nos instruments de mesure actuels, notamment le PIB et sa croissance, nous rendent presque aveugles. Les indicateurs économiques dominants nous trompent en ne nous envoyant pas les signaux permettant d'agir et de prévenir à temps les crises majeures. Ils ne disent rien du bien-être durable, des inégalités, de la pression environnementale, etc.

Comme partout dans le monde, nos gouvernements se copient et prennent des orientations, des décisions basées sur des hypothèses irréalistes et conflictuelles. Ils utilisent des outils de mesure dépassés qui affectent des millions de personnes. C'est incroyable, voire malhonnête!

Nous savons tous que quelque chose ne va pas. Le bateau penche d'un bord, nous le ressentons, et ils nous font croire qu'il est possible avec les mêmes bonnes vieilles méthodes que nous puissions le rééquilibrer.

Qu'attendons-nous de nos leaders?

1.Qu'ils osent mettre la réalité sur la table et cessent le déni;

2.Préparent divers scénarios en présumant une baisse, aucune augmentation du PIB et reconnaissent les conséquences économiques. Évidemment elles seront désastreuses. Mais possiblement beaucoup plus près de la réalité;

3.Se dotent d'une vision à long terme (au moins 75 ans) et identifient les grands enjeux qui nous attendent;

4.Qu'ils adoptent une vision court terme (15 ans) pour soulager les défis actuels et entreprennent le virage nécessaire afin de s'attaquer aux grands défis, bien différents de ceux rencontrés au cours des 200 dernières années;

5.Qu'ils développent de nouvelles mesures économiques porteuses pour l'avenir.

Note 1: http://www.lactualite.com/blogues/le-blogue-economie/dette-du-quebec-plaidoyer-pour-la-prudence/

Note 2: http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/documents/lr/R_2_2_0_1/R2_2_0_1.htm

Note 3:http: http://www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2014/201403/18/01-4748852-deficit-zero-en-2015-2016-promet-couillard.php

Note 4: //www.finances.gouv.qc.ca/documents/Autres/fr/AUTFR_lepoint2013.pdf

Note 5: http://qe.cirano.qc.ca/theme/activite_economique/pib_et_croissance_economique.

Note 6: Budget 2012-2013 données historiques, ministère des Finances, mise à jour 20 mars 2012 page 15.

Note 7: http://www.vigile.net/La-dette-publique-du-Quebec-266-G.

Note 8: http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/269769/idees-le-pib-cause-d-aveuglement-economique.


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