Une auto de Chine ou de Windsor ?

Braderie technique : Auto électrique - Brevets - moteur-roue

Deux nouvelles en provenance du salon de l'automobile de Detroit donnent à réfléchir: la première annonce l'arrivée prochaine sur le marché canadien de voitures bon marché fabriquées en Chine; la seconde nous apprend que deux des modèles les plus remarqués présentés par les Américains sont une Corvette et une Cadillac développant plus de 400 chevaux. Et l'on voudrait que nos gouvernements injectent des milliards pour ça?
Parce qu'ils ont refusé de s'adapter, les constructeurs nord-américains sont sur le point de perdre la guerre contre la concurrence asiatique. Non seulement n'ont-ils pas vu venir la hausse du prix de l'essence, mais ils ne sont même jamais parvenus à mettre en marché des produits aussi fiables que leurs concurrents.
Depuis plus de vingt ans, les noms de Ford, GM et Chrysler sont synonymes de médiocrité. Cet échec lamentable a mené à la fermeture de dizaines d'usines partout dans le monde. Il va sans dire que le Canada a subi les contrecoups de cette restructuration.
En Ontario, la seule province qui a profité sérieusement du pacte de l'automobile signé en 1965, les trois grands de l'automobile ont aussi annoncé des mises à pied, et le pire reste à venir. En effet, lors de la négociation du dernier contrat de travail aux États-Unis, le syndicat américain United Auto Worker a troqué l'assurance du maintien d'un certain nombre d'emplois contre des conditions de travail moins généreuses pour les futurs employés. On évalue que, d'ici à 2010, l'avantage américain sera de 25 $ l'heure par rapport au Canada.
Cela fait dire au président de Chrysler, Tony LaSorda, et à Buzz Hargrove, des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), que le Canada doit réduire l'écart de coûts qui le sépare de pays comme le Mexique, la Chine et même les États-Unis. Comment? Pour Buzz Hargrove, il faudrait que les gouvernements versent 200 millions de dollars pour chaque milliard d'investissements des compagnies, rien de moins.
À la fin de leur mandat, les libéraux de Paul Martin avaient dit oui: cela a coûté un demi-milliard de fonds fédéraux et autant de fonds ontariens... et l'hémorragie s'est poursuivie.
Depuis ce temps, l'Ontario a mis une autre tranche de 650 millions à la disposition de l'industrie et demande à Ottawa d'en faire autant. Jusqu'à ce jour, le gouvernement Harper a résisté, se contentant de promettre un milliard en trois ans pour l'ensemble du secteur manufacturier canadien.
L'aide fédérale doit s'arrêter là. Non seulement l'Ontario a-t-il suffisamment profité de sa position privilégiée dans la fédération en s'arrogeant la quasi-totalité de l'industrie de l'automobile, mais financer la restructuration en cours équivaudrait à financer les TCA qui refusent de faire des concessions équivalant en argent à celles des syndicats américains, mais qui demandent aux contribuables canadiens de combler l'écart avec les coûts américains.
Sous la pression des pays en développement, la construction de voitures à prix raisonnables est devenue presque impossible sans aides importantes des gouvernements. Avec l'arrivée de la Chine et de l'Inde, les pays développés ne produiront plus que pour certains segments du marché et concentreront leurs efforts sur la conception, le design, la technologie et la mise en marché des produits, comme c'est le cas depuis longtemps en électronique.
Soutenir les industries traditionnelles, fort bien! mais dans la mesure où les fonds publics servent à développer, ici, de nouveaux produits et de nouveaux créneaux d'avenir en investissant dans la recherche et le développement. Malheureusement, tout ce que demande l'industrie de l'automobile, c'est l'argent des contribuables pour réduire ses coûts à court terme... en attendant de déménager en Chine ou au Mexique. À cela, il faut dire non!


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