Une affaire de gars

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{{Il y aurait donc eu des magouilles sous Charest? Une seule question : vont-elles se poursuivre ?}}

Jean Charest s’était fait un point d’honneur non seulement d’inviter autant de femmes que d’hommes à faire partie de son Conseil des ministres, mais aussi de leur confier les fonctions les plus importantes, que ce soit les Finances, le Conseil du trésor, l’Éducation, les Ressources naturelles ou l’Environnement.

Philippe Couillard avait promis de rompre avec l’ère Charest. Sur ce point, il a tenu parole. Avec seulement 8 femmes sur un total de 26 ministres, son cabinet est très en deçà de la « zone de parité » qu’il avait évoquée. Surtout, les « vraies affaires », qui justifiaient selon lui l’élection d’un gouvernement libéral, ont été réservées aux hommes. Ce cabinet est clairement une affaire de gars. Les femmes héritent des mêmes postes dans lesquels on les a traditionnellement confinées : Aînés, Famille, Culture, Tourisme…

Soit, il a innové en confiant la Sécurité publique à Lise Thériault. Sa performance antérieure au Travail, où elle a réalisé l’exploit jugé jusque-là impossible d’abolir le monopole syndical sur le placement dans la construction, laisse penser qu’elle saura aussi tenir tête à la SQ.

Le nouveau premier ministre a également fait preuve d’audace en nommant une femme sans expérience ministérielle à la Justice. Il est vrai que, contrairement à Linda Goupil et Kathleen Weil, qui étaient des néophytes en politique, Stéphanie Vallée siège à l’Assemblée nationale depuis sept ans. Lui confier de surcroît le délicat dossier de la laïcité est indéniablement une marque de confiance.

Il n’en demeure pas moins que tous les ministères à caractère économique, petits et grands, sans compter la Santé et l’Éducation, qui accaparent 75 % du budget, sont monopolisés par les hommes. Le Commerce extérieur relevait précédemment du ministre des Relations internationales, mais on l’a retiré des mains de Christine St-Pierre. Le message est troublant.
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À voir l’indulgence que M. Couillard a manifestée envers ceux dont le nom a été associé d’une manière ou d’une autre au manque d’intégrité qu’on a reproché au gouvernement Charest, pourquoi Julie Boulet est-elle restée sur le carreau ?

Son ex-collègue Sam Hamad, responsable du « développement des affaires » au groupe Roche pendant des années, se retrouve au Travail, tout en demeurant le parrain de la capitale nationale. Finalement, Mme Boulet serait-elle cette mystérieuse personne qui a été réélue et qui serait dans la mire de l’UPAC ?

Si tel n’est pas le cas, elle doit bien se demander par quel prodige le député de Rivière-du-Loup–Témiscouata, Jean d’Amour, a pu être nommé ministre délégué aux Transports et à l’Implantation de la stratégie maritime après les libertés qu’il a prises dans le passé avec les règles d’éthiques les plus élémentaires. L’intégrité sera une « vertu cardinale » de son gouvernement, a promis le nouveau premier ministre. Manifestement, elle n’a pas à être rétroactive.
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M. Couillard avait été moins alarmant durant la campagne électorale quant à la nécessité de prendre le taureau des finances publiques par les cornes. Certes, il n’est pas le premier à dire que le temps des décisions difficiles est venu et qu’il est temps de recentrer l’État sur ses missions essentielles.

À son arrivée au pouvoir, Jean Charest avait aussi expliqué que le plus difficile devait être fait durant la première année du mandat, mais neuf ans ont ensuite passé sans que la population ait l’impression que quelque chose avait réellement changé, sinon que la magouille s’était répandue partout.

Après la présentation du Conseil des ministres, même François Legault semblait prêt à croire que cette fois-ci pourrait enfin être la bonne. À première vue, le nouveau président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, paraît en mesure d’imposer la « discipline de fer » souhaitée par M. Couillard et personne ne doute que Gaétan Barrette est de taille à tout bousculer dans le réseau de la Santé. C’est aussi ce qu’on disait de la « Dame de fer », Monique Jérôme-Forget, et on attendait des merveilles du nouveau prodige venu d’Arabie.
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Depuis près de quarante ans, il y a toujours eu un ministre responsable de la Charte de la langue française. Selon le communiqué officiel, Hélène David sera plutôt « responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française ». Cela a au moins le mérite de la clarté : il n’est pas question de toucher à la loi 101. Seules des mesures incitatives sont envisageables.

En 2003, Jean Charest avait confié les Affaires intergouvernementales canadiennes à Benoît Pelletier, qui avait une vision proprement québécoise du fédéralisme. Avec Jean-Marc Fournier, qui aurait tout aussi bien pu faire carrière à Ottawa si ses aventures avec Paul Martin et Michael Ignatieff avaient mieux tourné, il faut s’attendre à une attitude strictement défensive en matière constitutionnelle. On peut d’ailleurs conclure de l’élection du 7 avril que les Québécois n’en demandent pas plus.


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