Un univers gnangnan et sirupeux avec Céline et le gros Coderre

«Tout le monde en parle»: émission du 11novembre 2012

Tribune libre

Lors de l'émission Tout le monde en parle du dimanche 11 novembre 2012, il y a eu une longue entrevue avec la divine Céline. Et les téléspectateurs ont entendu très souvent un tonnerre d'applaudissements, lesquels étaient à la fois sincères (beaucoup de personnes aiment profondément Céline) et quémandés par les chauffeurs de salle, comme on le dit en France.

Personnellement je ne suis pas fasciné par l'œuvre de Céline Dion. Ferré, Brassens, Mama Béa, Serge Gainsbourg, Juliette Greco et bien d'autres sont davantage «my cup of tea». Mais je me dois de dire que le talent de Céline m'éblouit et me laisse ébaubi et bouche bée. Quelle voix! Quel potentiel vocal! Aussi, quel talent pour répondre aux questions en ne disant à peu près rien, sauf du merveilleux et du sublime!

Je trouve presque toujours que les propos de cette «grande artiste» du showbizz sont talentueusement marqués au sceau du «positive thinking» et d'une innocence un peu simpliste qui me donne l'impression d'être dans l'univers «guimauve» et sirupeux de Walt Disney ou dans le monde calfeutré et irrésistible de MacDo.

Malgré mes propos un tantinet critiques, la diva restera légitimement, pour longtemps encore, l'enfant chéri, vénéré et talentueux «made in Quebec».

Pendant la même émission, une fois Céline partie prendre son avion, nous avons eu droit à l'incontournable Denis Coderre qui essayait de se vendre lui-même comme futur maire de Montréal, en ne disant que du bien et du merveilleux sur son indispensable et compétente personne. Il n'a pas osé répéter ses propos du 6 novembre 1997 : «Encore une fois, les colonisés séparatistes se comportent comme des colons.» Au cours de l'émission le discours de Coderre consistait à dire : «Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, surtout moi-même».

Il y a eu aussi Élisabeth Vallet, une spécialiste émérite des Etats-Unis. Mais ses analyses étaient bémolisées par la présence d'un deuxième «spécialiste», un certain Guillaume Lavoie, manifestant une admiration plutôt «walt disneyenne» vis-à-vis de la société états-unienne et de la mirobolante démocratie présente au sein de cette merveilleuse société. Il oubliait la règle, encore importante, des grands électeurs et la puissance démesurée du fric lors de toutes les élections aux États-Unis. Là tout est enchanteur et féerique, un peu comme un Big Mac. John Saul a dit à propos de ce mets extraordinaire et enivrant pour beaucoup d'enfants et de parents qu'il est «the communion wafer of consumption». Je pense, quant à moi, que la démocratie, aux États-Unis et tamisée et limitée.

Nous avons aussi eu droit, au cours de l'émission, à la présence de Patrick Huard dont l'univers est aussi marqué au sceau du merveilleux et du succès.

Heureusement qu'il y a eu le sociologue Gérard Bouchard qui a tenu un discours cohérent et critique, lequel discours a heurté le maire (intégriste?) Jean Tremblay de Saguenay.

En somme la plus récente émission de Tout le monde en parle nous a surtout présenté du gnangnan et du sirupeux.

Espérons que ce sera différent la prochaine fois, dans cet univers d'humoristes qui, pour la plupart, ont connu la gloire et le succès. Puissions-nous rencontrer un peu plus souvent «Jean qui pleure» pour nous faire oublier l'omniprésent «Jean qui rit».


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12 commentaires

  • Jean-Serge Baribeau Répondre

    18 novembre 2012

    Très vaste (trop vaste) est l'univers des médias. Alors, à 69 ans, j'en ai vu pleuvoir (et neiger) des émissions et des messages médiatiques de toutes les sortes.
    Alors, si je prends le cas de TLMEP je ne souhaite radicalement pas que le «circus» (ou circuit) se poursuive. Je trouve que la confusion des genres qui va de pair avec cette émission crée la confusion des esprits et des perceptions. Après la huitième émission de Guy Ha et Dany, La Presse a publié l'un de mes textes, plutôt corrosif et dévastateur sur cette nouvelle émission conçue et réalisée par des humoristes, comme le sont de plus en plus de très nombreuses émissions.
    Je suis de ceux qui pensent qu'il y a trop d'humoristes épais et médiocres. Je pense que la souveraineté de ce pays est retardée par tous ces Québécois prêts à rire de tout, sans grand discernement.
    JSB

  • Alain Maronani Répondre

    17 novembre 2012

    Si nous décidions collectivement de fermer nos postes et de ne plus écouter ce genre 'd'émissions', les côtes d'écoutes, mesurées par des instituts spécialisés s'écrouleraient, donc les revenus publicitaires, et forcerait les institutions a nous servir une autre soupe, plus intelligente...
    Quand on pense aux applaudissements du public, lors du passage de Zambito, à cette émission, il est facile de comprendre les dégâts causés par cette 'messe' hebdomadaire.
    Etant sociologue des médias, vous vivez de ce circus, pas un reproche ici, et vous souhaitez donc que le mouvement se poursuive....

  • Jean-Serge Baribeau Répondre

    17 novembre 2012

    On me permettra, j'ose l'espérer, d'ajouter un commentaire sur l'influence époustouflante de l'émission »Tout le monde en parle». Cette émission joue, depuis quelques années, un rôle prépondérant et étonnant lorsqu'il s'agit de questions politologiques ou sociologiques.
    Les politiciens, pour la plupart, sont mal perçus, pour ne pas dire «stigmatisés», s'ils n'acceptent pas de participer, comme des enfants de chœur (ou de cœur), à cette messe hebdomadaire du dimanche soir. Lepage et son valet (fou ou non, un peu minable ou non) dénoncent les politiciens qui refusent d'aller à leur émission, tout en ajoutant que les artistes et autres «invités», sont, quant à eux, libres de dire OUI ou NON. Drôle de conception de la liberté!
    Et les émissions d'affaires publiques ou d'information dans tout cela? Pour GUY HA, tout cela est de la roupie de sansonnet. Il est devenu le «king» incontestable (mais souvent contesté) du secteur des affaires dites publiques.
    Il y aurait de longues analyses à faire en ce qui concerne cette «drolatique» émission, mélange de variétés, d'entertainment et de présumées informations (ou analyses).
    De nombreux ennemis féroces de la télévision se comportent comme s'ils ne comprenaient pas que la télé et certaines émissions jouent un rôle de premier plan au sein de notre société. Ne pas prendre en compte le rôle du «phénomène télévisuel», c'est se priver de certaines clés essentielles pour mieux comprendre notre société (et de nombreuses sociétés).
    Très respectueusement!
    Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias (et des sociétés souvent influencées par les médias)

  • Jean-Serge Baribeau Répondre

    16 novembre 2012

    Je pense que c'est une mode durable qui amène certaines personnes à décrier totalement et totalitairement ce bidule qu'on appelle LA TÉLÉVISION.
    Pierre Bourdieu a été extrêmement sévère et critique lorsqu'il a parlé de la télévision mais sa condamnation n'a été ni totale ni totalitaire. Je connais bien Bourdieu. Pendant mes 37 années d'enseignement nous avons beaucoup parlé de Bourdieu dans mes cours et j'ai fait lire, à la fin des années 60, son célèbre livre LES HÉRITIERS. Il y a un mois ou deux j'ai rencontré une dame qui m'a rappelé que je lui ai enseigné à cette époque et qu'elle avait toujours gardé le livre et les notes prises en classe.
    Marshall McLuhan n'a jamais condamné totalement la télévision. En ce qui concerne Debord, il a tout démoli de manière un peu nazie ou stalinienne.
    Il y a les télévores qui dévorent la télé. Il y a les téléphages qui aiment bien la télé et qui exercent leur jugement d'adultes libres. Il y a aussi les téléphobes, les haineux enragés qui condamnent totalement le phénomène télévisuel sans jamais regarder la télé et sans savoir de quoi ils parlent.
    Pour moi ces précisions sont essentielles.
    En ce qui concerne la divine Céline je ne la considère pas du tout comme une conne. Mais dans le cénacle du showbizz et de l'image bien contrôlée, les protagonistes peuvent rarement s'exprimer de manière libre et autonome. Mais cela arrive parfois, ce qui, à chaque fois, me réjouit.
    Un livre dévastateur (2011) sur la télé: «TV LOBOTOMIE: la vérité scientifique sur les effets de la télévision». Auteur: Michel Desmurget.
    JSB, toujours sociologue des médias

  • Alain Maronani Répondre

    15 novembre 2012

    Sociologie des médias ? Diantre !!!
    Je pensais que après Marshall McLuhan, Chomsky, les conclusions étaient largement tirées.
    Les situationistes quand a eux, et particulièrement Guy Debord ont depuis longtemps cloué le dernier clou sur le dernier cercueil du dernier média..
    Pierre Bourdieu a également largement démontré, ce qu'était la télévision ou rien ne se passe...
    De tout ceci je préfère Jean-Luc Godard qui avait fort justement observé que les gens qui vont au cinéma lèvent la tête (l'écran est souvent en hauteur) alors que les gens qui regardent la télévision baissent la tête...
    Et puis enfin récemment le directeur de TF1 (premièere chaîne francaise) a déclaré que sa mission était de mettre à la disposition de firmes comme Coca-Cola, l'esprit et l'attention des téléspectateurs....amen

  • Archives de Vigile Répondre

    15 novembre 2012

    "Une intoxication idiot visuelle" écrit en commentaire Monsieur Moraroni...absolument!
    Tiens, pour faire des milles sur la référence de l'éditeur de Vigile:
    "Il faut avouer qu’un animal si étrange est difficile à définir ; loin d’être connu des autres, il peut à peine se connaître lui-même ; cependant il paraît que, tout bien considéré, on peut le ranger dans la classe des hommes, avec cette différence néanmoins que les hommes ordinaires n’ont qu’une âme, au lieu que l’homme de Cour paraît sensiblement en avoir plusieurs. En effet, un courtisan est tantôt insolent et tantôt bas ; tantôt l’avarice la plus sordide et de l’avidité la plus insatiable, tantôt de la plus extrême prodigalité, tantôt de l’audace la plus décidée, tantôt de la plus honteuse lâcheté, tantôt de l’arrogance la plus impertinente, et tantôt de la politesse la plus étudiée ; en un mot c’est un Protée, un Janus, ou plutôt un Dieu de l’Inde qu’on représente avec sept faces différentes. ESSAI SUR L’ART DE RAMPER http://classiques.uqac.ca/classiques/holbach_baron_d/art_de_ramper/art_de_ramper_texte.html

  • Archives de Vigile Répondre

    15 novembre 2012

    "Je trouve presque toujours que les propos de cette « grande artiste » du showbizz sont talentueusement marqués au sceau du « positive thinking » et d’une innocence un peu simpliste qui me donne l’impression d’être dans l’univers « guimauve » et sirupeux de Walt Disney ou dans le monde calfeutré et irrésistible de MacDo."
    En général, c'est vrai que Céline Dion est comme ça. Une fois cependant, je l'avais trouvée admirable quand elle s'était plainte de la lenteur du gouvernement américain à porter secours aux victimes de l'ouragan Katrina.
    En général cependant, elle n'est pas différente de tous ceux qui ont intérêt à sauvegarder le Système parce qu'ils y font la belle vie, les Guy A Lepage, Dany Turcotte et autres...
    Le Système n'a qu'un but: préserver un genre de société dans laquelle les citoyens ne sont là que pour répondre aux besoins du Marché.
    Celui qui conteste ce genre de société est marginalisé par le Système, a de la difficulté à se trouver de l'emploi etc...
    On peut comprendre pourquoi les "peoples" ne contestent jamais le Système et le présentent sous un jour lumineux.

  • Jean-Serge Baribeau Répondre

    15 novembre 2012

    Je ne lance pas ma télévision par la fenêtre.
    Première raison «professionnelle»: je suis sociologue des médias et les médias suscitent chez moi un grand intérêt.
    Deuxième raison: ma compagne et moi-même nous savons gérer notre écoute de la «satanique» télévision.
    Troisième raison: il y a du meilleur et du pire à la télé. Alors, il faut s'abreuver au meilleur et «caviarder» le pire.
    Le philosophe Vincent Cespedes a écrit:
    ***«Les images télévisuelles portent en elles-mêmes une crédibilité qui n'a pas besoin de référence à la réalité: elles «subjuguent». En outre, la télévision transforme la jeunesse en publics, et la socialise en jouant sur la contagion émotionnelle, en stimulant la participation et l'identification. Aujourd'hui, elle frappe davantage les milieux précaires, qui ne jouissent pas de loisirs diversifiés.»*** J'arrête ici cette longue citation.
    Jean-Serge Baribeau

  • Alain Maronani Répondre

    15 novembre 2012

    Vendez ou mieux jetez votre télévision par la fenêtre...ceci vous permettra de vous échappez de cette intoxication idiot visuelle...
    En ce qui concerne Céline, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé...quand j'entends parler d'elle, je ne peux oublier que derrière l'image qu'elle même et son mari Reiné..., image qu'elle nous assome, il y a une autre réalité...
    Cette réalité c'est sa domiciliation fiscale en Arizona ou l'on ne peut payer les affreuses taxes québécoises...autrement dit ici c'est chez moi, sauf pour ma participation à l'effort collectif...
    Un autre, dans le même style, toujours caché derrière ses lunettes noires, qui, quand il ne nous abreuve pas de ses 'opéras' à l'eau de rose, nous enjoint, de facon virulente, au congrès annuel de l'ADISQ de vivre en francais...Merci nous avons compris...mais ce monsieur, Luc Plamondon, est domicilié fiscal en Irlande depuis de longues années, paradis fiscal ou l'on ne paye pas les affreuses taxes québécoises... autrement dit ici c'est chez moi, sauf pour ma participation à l'effort collectif...
    J'aime beaucoup l'opéra mais je préfère, pas de comparaison possible, le travail de Robert Lepage au Met, dans la trilogie du Ring, de Wagner, lui c'est un artiste...
    Il est évident que ces périodes de télévision, du style TLMEP, on trouve l'équivalent partout ailleurs, ne sont pas les lieux, ou peut s'exprimer autre chose, que le message du système, que les 'animateurs' sont là pour durer, et que la controverse y est mauvaise conseillère...
    Coderre c'est pas terrible mais je lisais récemment que Vision Montréal faisait payer 500 $ par personne dans des 'conférences...' pour accéder aux responsables décisionnels du mouvement....
    Nous ne sommes pas sortis du bois, Coderre ou pas...

  • Francis Déry Répondre

    14 novembre 2012

    J'ai croisé Denis Coderre au IGA de Montréal-Nord dimanche soir.
    Il fut tentant de l'encourager à la chefferie d'Union Montréal. Une malice pour le noyer en sommes.
    Il est si bas qu'il devait quémander des sous à Line Beauchamp pour mener ses petites soirées mondaines avec ses électeurs.
    Mais non. Étant pressé, je suis passé à côté de lui sans échanger. À quoi bon ?

  • Archives de Vigile Répondre

    14 novembre 2012

    Suis-je le seul à avoir remarqué l'amour d'un caméraman et du réalisateur pour la grosse chose qu'ils ne cessaient de nous infliger en plein écran plusieurs fois après "son tour". Et aussi,la"pomme pourrite" que l'épais a répété 2 fois même après que Lepage lui eut fait signe "pomme pourrite comme vous dites"
    Est-on aussi pauvre en ressources humaines pour confier notre plus grande ville à cela?

  • Archives de Vigile Répondre

    14 novembre 2012

    Salut M.Baribeau
    La comparaison est toujours odieuse.
    La semaine précédante, le bouffon du roi a remis une carte à Léo-Paul Lauzon qui était censé être drôle mais qui provoqua un mal à l'aise général et une grande tristesse à M.Lauzon lorsqu'il s'est fait comparé au Doc Mailloux...
    Pour ce qui est de Denis Coderre, la palme d'or revient aux deux clowns Larocque et Lapierre qui ont accepté en coeur d'oublier l'époque où Denis Coderre se faisait chauffer par l'enquête Gomery.
    " Ça fait parti du passé, inutile de revenir la-dessus"