Politique

Un simulacre de démocratie au Québec?

Si la démocratie se trouve quelque part, c’est bien du côté des manifestations où le peuple lui-même s’exprime, et non du côté de cette « démocratie » représentative qui ne représente rien ni personne, sinon le Parti libéral lui-même.

Crise sociale - JJC le gouvernement par le chaos


L'un des arguments revenant souvent pour défendre la légitimité des actions du gouvernement Charest est qu’il a été élu démocratiquement par le peuple québécois : si les citoyens ne sont pas contents, ils n’ont qu’à s’exprimer aux prochaines élections. S’opposer au gouvernement par des manifestations, c’est s’opposer à la volonté démocratique qui l’a fait élire.
Or, il s’en faut de beaucoup qu’un gouvernement soit légitime du seul fait qu’il ait été élu. Si celui-ci a la possibilité de trahir l’intégralité de ses promesses électorales et d’adopter des lois et mesures dont jamais il n’avait été question lors des élections, bref s’il a carte blanche pour faire ce qu’il veut comme il veut et qu’il use effectivement de ce droit, comment peut-on affirmer sans rire qu’un tel gouvernement représente autre chose que lui-même ? Qu’il représente réellement quelque chose comme la population?
Réduire et limiter la démocratie au vote électoral, sans ajouter d’obligations supplémentaires au gouvernement à l’égard de ses promesses et des revendications populaires, c’est ultimement ne vouloir qu’une façade de démocratie et laisser libre voie aux menteurs et aux tricheurs.

Mascarade de démocratie
Certains se surprennent du faible taux de participation des dernières élections provinciales, l’un des plus bas de l’histoire du Québec. Les citoyens sont cyniques, indifférents, et c’est aujourd’hui un lieu commun (ce qui ne signifie pas pour autant que l’idée soit fausse) de dire que les politiciens sont menteurs, hypocrites, voire traîtres, et que par conséquent il ne sert à rien de voter.
Il n’y a cependant pas lieu de se surprendre de cette attitude, car si l’on peut accorder que les politiciens ne sont pas tous des tartuffes, il n’en demeure pas moins qu’ils ont tout le luxe de l’être. Lors d’une élection, les partis politiques ne disent jamais aux citoyens ce qu’ils seront tenus de faire pour eux, comme dans un contrat : ils leur font des « promesses » et demandent leur « confiance », et c’est en général à qui offre le meilleur spectacle que va le vote. Si le gouvernement élu trahit ensuite ses promesses et prend des décisions qui sont contre l’intérêt général, eh bien, c’est tant pis ! On attend quatre ans puis on réessaie…
À cette mascarade de démocratie participent bien entendu plusieurs des médias dominants du Québec, ce qui est aujourd’hui rendu explicite par leur façon de réagir à un phénomène véritablement démocratique : les associations étudiantes. Refusant de prendre les porte-parole de celles-ci pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des représentants démocratiques sans pouvoir décisionnel, plusieurs s’acharnent à faire d’eux des « leaders », comme s’ils étaient réellement ce qui porte le mouvement étudiant.

Escroquerie des élites
Ne comprenant pas ou feignant de ne pas comprendre pourquoi ceux-ci refusent de se prononcer avant d’avoir consulté les associations étudiantes, plusieurs journalistes à la déontologie douteuse le leur reprochent, et encore ils les accusent de trahir leur signature lorsque les associations se prononcent contre une proposition gouvernementale que les porte-parole avaient accepté de présenter. Soit ils ignorent complètement la façon de procéder des associations étudiantes, soit ils sont hypocrites outre mesure.
Vouloir opposer les votes de grève étudiants et les manifestations populaires à la démocratie qui a fait élire le gouvernement, voilà bien toute l’escroquerie des élites médiatico-politiques québécoises. Si la démocratie se trouve quelque part, c’est bien du côté des manifestations où le peuple lui-même s’exprime, et non du côté de cette « démocratie » représentative qui ne représente rien ni personne, sinon le Parti libéral lui-même.
Limiter l’action citoyenne aux élections une fois tous les quatre ans ne suffit pas. Quand un gouvernement va trop loin dans l’arrogance et la trahison, il faut l’empêcher d’agir et contester ; autrement, c’est seulement un simulacre de démocratie qui continuera de régner sur le Québec.
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Simon Jomphe - Québec


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