Un rêve. Lucien Bouchard a qualifié le projet souverainiste de rêve. Il nous implore de travailler à autre chose car les défis auxquels le Québec est confronté sont trop urgents. Et il n’a pas tort : notre État vit une période de tourmentes et de chambardements qu’on ne peut pas nier.
Mais si Lucien Bouchard n’a pas tort, il défend néanmoins une thèse pour moi indéfendable.
Il n’y a pas si longtemps, aux Etats-Unis, un homme de Chicago a décidé de parler d’espoir. Son charisme soulevait les foules certes, mais le thème qu’il abordait durant chacun de ses discours en était un porteur d’avenir, inspirant pour nos voisins du sud ainsi que pour nous, sur les rives du Saint-Laurent et de ses affluents. Les jeunes ont observé ce politicien avec des yeux nouveaux. Des gens pourtant aucunement politisés ont adhéré à ce mouvement de changement, croyant que leur peuple méritait mieux que le gris politique ambiant. Des millions d’Américains ont opté pour la voie de l’espoir et Barack Obama a gagné.
Mais Lucien Bouchard, lui, croit que l’on doit renoncer à notre rêve. Que l’on m’explique : comment peut-on plaider la renonciation au rêve ? Comment peut-on aujourd’hui affirmer que le Québec a trop rêvé et qu’il nous faut s’occuper des vraies affaires ? Depuis 1995, on ne fait que ça gérer nos affaires. Nous avons vogué de débats en débats : déficit zéro, réingénérie de l’État, le privé en santé, le français à Montréal, les fusions municipales, la lutte à la pauvreté, la lutte au crime organisé, le remboursement de la dette, le financement de la culture, le mariage gai, les accommodements religieux, etc… Tous ces thèmes ont été débattus par notre société. Alors, quand avons-nous rêvé depuis 15 ans ?
La réalité, c’est que nous suivons depuis 15 ans les recommandations de Lucien Bouchard : nous ne rêvons pas. On tient des débats desquels on retient essentiellement les limites du carré de sable de notre État fédéré. On a laissé tomber nos rêves collectifs pour ne s’occuper que de la gestion des affaires courantes. Autant à Québec, au fédéral ou dans nos villes, le taux de participation aux élections chutent invariablement et dramatiquement. Les Québécois ne rêvent pas depuis 15 ans, ils se défendent.
Au contraire de M. Bouchard aujourd’hui, j’ai besoin d’un rêve : celui de la liberté. Ce rêve qui nous permettrait de mettre un terme à cette ère où on tourne en rond, à en donner le vertige. D’ailleurs, notre ancien Premier ministre n’a jamais été aussi populaire qu’au moment où il incarnait l’espoir des Québécois.
Qu’on se le dise, je ne serai jamais de ceux qui renoncent à leurs rêves les plus précieux parce qu’un tel, fut-il Premier ministre, nous incitait à le faire.
Un rêve
Lucien Bouchard nous invite à passer à autre chose
Tribune libre
Raphaël Déry3 articles
Militant souverainiste en Outaouais. Ancien candidat du Parti Québécois dans Hull (2003) et du Bloc Québécois dans Hull-Aylmer (2008).
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
19 février 2010Monsieur Déry
Vous avez raison sur toute la ligne! Oui, ça fait 15 ans, c'est-à-dire depuis le référendum volé et non contesté par Bouchard en 1995, que nous tournons en rond au Québec. Ça prend un grand rêve ou projet collectif pour te donner l'espoir en l'avenir sinon c'est le grand cauchemar comme celui que nous vivons présentement avec ce gouvernement malhonnête et déprimant en place.
Je me rappelle de l'époque stimulante des années 70, époque qui nous permettait d'avoir les rêves les plus fous. Nous sortions à peine de la grande noirceur; le projet de l'indépendance du Québec qui dormait en sourdine a ressurgi et nous avons commencé à y croire avec Bourgault et Lévesque qui défrichaient le terrain. Le pays et la liberté étaient envisageables et possibles. Il ne faut pas désespérer et cesser d'y croire puisqu'il n'en dépend que de nous tous pour remettre le train de l'indépendance sur la bonne voie. "All aboard!", tout le monde embarque!
André Gignac, patriote le 19/2/10