Les liens de Pierre Karl Péladeau avec Québecor

Un questionnement tout ce qu’il y a de plus intéressé

Ses adversaires cherchent à disqualifier PKP dans l’opinion sous de faux prétextes

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N'importe quoi pour arrêter PKP

La sollicitude dont fait soudain l’objet l’indépendance de la presse au Québec pourrait presque passer pour un regain de conscience salutaire si elle ne servait pas de cache-misère à des intérêts bassement mesquins et partisans.

Le contexte dans lequel la question fait soudain irruption a déjà tout pour nous mettre la puce à l’oreille. Le principal prétendant à la direction du Parti Québécois, Pierre Karl Péladeau, le député de Saint-Jérôme, est l’actionnaire de contrôle du groupe Québecor Media après l’avoir dirigé pendant plusieurs années.

Québecor Média, c’est le Journal de Montréal, le Journal de Québec, 24 heures, le portail Internet Canoë, TVA et Vidéotron. Sa présence dans l’information au Québec est incontestablement très importante, et il n’y a pas de doute que plus Pierre Karl Péladeau se rapprochera du pouvoir, plus la question de son contrôle effectif et potentiel sur ces plates-formes d’information se posera.

Le Québec s’est doté de règles et d’instruments pour éviter que ses élus ne se retrouvent dans des situations de conflits d’intérêts. Pierre Karl Péladeau s’y trouve donc assujetti tout comme ses autres collègues de l’Assemblée nationale. En vertu du principe de l’égalité de tous devant la loi, le dispositif de contrôle en place n’est pas modulable « à la tête du client ».

À l’heure actuelle, Pierre Karl Péladeau n’enfreint aucune règle d’éthique applicable aux élus du Québec, et il n’est placé dans aucune des situations prévues par le chapitre C-23.1 des Lois du Québec intitulé Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale en matière d’incompatibilité de fonctions ou de conflits d’intérêts, comme chacun peut le comprendre en prenant connaissance du texte. La question de son contrôle effectif et potentiel sur les plates-formes d’information de Québecor ne se pose donc tout simplement pas.

Par ailleurs, s’il fallait qu’il ne devienne pas le chef du Parti Québécois et ne soit jamais nommé ministre, il se pourrait même qu’elle ne se pose jamais.

C’est donc au fur et à mesure que Pierre Karl Péladeau se rapprochera du pouvoir qu’il faudra s’assurer du respect de ces règles, et dans la mesure où il les connaît et s’est engagé à les respecter en prêtant son serment d’élu, il n’existe aucune raison valable de douter qu’il le fera au fur et à mesure qu’elles s’appliqueront à son cas, à moins de lui prêter des intentions malveillantes.

Il est important de comprendre que les règles d’éthique de l’Assemblée nationale sont tout à fait comparables aux règles de gouvernance auxquelles acceptent de s’astreindre les administrateurs des grandes entreprises, et à titre de dirigeant chevronné d’une des plus grandes au Québec, Pierre Karl Péladeau a en la matière plus d’expérience que n’en ont la très grande majorité des élus lorsqu’ils accèdent à leurs fonctions. C’est donc lui faire injure de suggérer qu’il pourrait en être inconscient ou qu’il pourrait être tenté de les violer.

Dès lors, il devient nécessaire de reconnaître ceux qui le font et de se pencher sur leurs motivations.

Jean-François Lisée

Le premier en lice, c’est Jean-François Lisée, un élu du Parti Québécois qui aspire lui aussi à la chefferie.

Journaliste de renom au Québec, il s’est particulièrement illustré sur la scène politique au début des années 1990 en publiant deux essais décapants sur Robert Bourassa qui lui permettront de décrocher un poste de conseiller politique au cabinet de Jacques Parizeau lorsqu’il deviendra premier ministre en septembre 1994, puis de son successeur Lucien Bouchard de 1995 à 1999.

Après un retour au journalisme et un passage en milieu universitaire, il revient à la politique en 2012 et se fait élire sous la bannière du PQ en septembre 2012. Nommé ministre des Relations internationales et du Commerce extérieur et responsable de la région métropolitaine dans le gouvernement Marois, il n’échappera pas à la controverse lorsqu’on apprend qu’il touche en même temps son salaire de ministre et un autre de l’Université de Montréal, ce qui soulève un question de conformité au code d’éthique des élus de l’Assemblée nationale. Il finira par renoncer à son salaire de l’Université de Montréal.

Pour ma part, j’ai toujours eu de la difficulté à comprendre comment il avait pu devenir conseiller politique de Lucien Bouchard après avoir été celui de Jacques Parizeau, tant étaient fortes les différences et l’opposition entre ces deux hommes. Les Anglais ont beau prétendre que la politique fait de bien étranges compagnons de lit (Politics make strange bedfellows), il y a des limites au contorsionnisme intellectuel que la décence exige de ne pas dépasser, à moins que celle-ci ne soit pas votre priorité.

J’ai également été très surpris de l’enthousiasme zélé qu’il s’est empressé de manifester tout de suite après sa nomination comme ministre des Relations internationales et du Commerce extérieur pour le projet d’Accord économique global Canada/Europe, sans aucune rupture de continuité avec le gouvernement Charest, alors que les bénéfices de la mondialisation étaient de plus en plus remis en question.

Et que dire du croc-en-jambe administré à son collègue Bernard Drainville pour des propos prétendument ambigus sur la Charte de la laïcité qui lui avait valu de se faire dépeindre en Judas par Garnotte, le talentueux caricaturiste du Devoir ?

Il est d’ailleurs de notoriété publique que, sur la question de l’identité culturelle, Lisée est bien plus proche de la position des frères Lucien et Gérard Bouchard et de celles du Parti Libéral que de celle de son propre parti. N’était-il pas l’auteur du fameux discours que Lucien Bouchard avait prononcé devant un parterre d’anglophones au Centaur Theatre en 1996 et qui avait eu l’effet d’une douche froide sur les péquistes ?

Michel David, chroniqueur au Devoir et observateur averti de la scène politique québécoise depuis près de trente ans, écrivait d’ailleurs à son sujet le 13 décembre 2007 dans un texte intitulé « Le mélange des genres » :

« Ce n’est pas d’hier que Jean-François Lisée s’attire des critiques au sein du PQ. Déjà, à l’époque où il était le conseiller de Jacques Parizeau, puis de Lucien Bouchard, de nombreux ministres, apparatchiks et simples militants voyaient en lui un intrigant qui fourrait toujours son nez partout.

Mon collègue Antoine Robitaille faisait écho, mardi, dans Le Devoir, à l’agacement qu’ont provoqué ses interventions publiques répétées sur le thème de l’identité québécoise, que ce soit à Tout le monde en parle ou devant la commission Bouchard-Taylor, qui ont donné l’impression qu’il menait Pauline Marois par le bout du nez. « C’est quand même pas lui, le chef ! »

Il est vrai que la modestie ne l’a jamais étouffé. »

Et un peu plus loin dans le même texte, rappellant le discours du Centaur :

« Le discours du théâtre Centaur adressé à la communauté anglophone, que M. Lisée avait inspiré à Lucien Bouchard, n’a valu que des déboires à l’ancien premier ministre. Il a suscité une méfiance indélébile chez les militants péquistes, tandis que les anglophones ont eu le sentiment d’avoir été bernés. »

Depuis une semaine, voyant ses chances de succéder à Pauline Marois lui échapper, Jean-François Lisée s’en prend à Pierre Karl Péladeau et ameute l’opinion publique en l’enjoignant de céder sa position de contrôle dans l’actionnariat de Québecor, de même que toutes les actions qu’il a héritées de son père, alors que rien ne l’y oblige à ce stade-ci, et qu’il existe une possibilité réelle qu’il ne soit jamais tenu de le faire.

La manoeuvre est franchement vicieuse en plus de faire courir un risque réel au titre de Québecor sur les marchés financiers, et donc à la sécurité de tous ses employés, fournisseurs et actionnaires, sans oublier les divers paliers de gouvernements qui tirent des revenus des taxes et impôts qu’elle paie. J’ignore si Jean-François Lisée a vérifié sa couverture d’assurance récemment, mais je serais surpris qu’elle s’étende aux dommages que peuvent causer les propos irresponsables qu’il tient ces jours-ci.

Par ailleurs, s’il persiste dans cette voie, il deviendra nécessaire de s’interroger sur la possibilité qu’il soit un agent de l’un ou l’autre des groupes qui ont un intérêt à ce que Pierre Karl Péladeau soit affaibli financièrement ou ne devienne pas chef du Parti Québécois et, éventuellement, premier ministre du Québec, que ce soit pour des raisons politiques ou autres.

Le gouvernement Couillard et les divers partis politiques

Depuis l’annonce de sa candidature pour le PQ dans Saint-Jérôme, PKP est perçu comme une menace réelle pour les autres partis politiques à cause de l’ascendant qu’ils le soupçonnent d’avoir sur l’opinion publique, et que j’ai décrit pour ma part de la façon suivante dans mon dernier texte :

« PKP, c’est la revanche des Québécois sur l’histoire, un chef naturel qui a réussi dans les affaires et qui prend parti publiquement non pas pour les conquérants comme le font traditionnellement tous ceux qui sont parvenus à faire leur marque dans ce monde, mais pour le peuple dont il est issu et qu’il aime profondément, avec ses complexes d’infériorité, sa fierté réprimée, ses ambitions les plus légitimes niées quand elles ne sont pas tout simplement pointées du doigt comme un objet d’opprobre, ou carrément ridiculisées.

Nommez-moi un seul peuple qui n’est pas à la recherche d’un champion pour s’en faire un héros ? Les Québécois ont trouvé le leur en la personne de Pierre Karl Péladeau. Le voilà consacré « homme de la providence » dans la conscience populaire même si personne n’a encore osé l’expression, sans doute en raison du malaise que peuvent inspirer autant l’étiquette que la notion aux gens de raison, à commencer par lui-même.

Les Québécois reconnaissent instinctivement Pierre Karl Péladeau comme l’un des leurs et ils sont prêts à mettre leur avenir entre ses mains. Ses adversaires le savent et le redoutent, comme l’indiquent déjà leurs réactions quasi-hystériques à chacune de ses interventions.

Y a-t-il un seul autre aspirant à la chefferie du PQ capable d’inspirer autant de crainte aux fédéralistes et de fierté aux indépendantistes ? »

Les résultats du sondage Léger Marketing/Le Devoir rendus publics il y a une dizaine de jours n’avaient rien pour atténuer les craintes du gouvernement Couillard et du PLQ, de la CAQ et de QS. Leurs propres sondages sont si alarmants qu’ils ont décidé de lancer une offensive contre lui avant même qu’il n’annonce officiellement sa candidature à la chefferie du PQ, dans l’espoir de contrer sa montée en puissance dans l’opinion. Ils savent parfaitement qu’une fois lancé, il sera difficilement « arrêtable ».

Prenez la « Trudeaumanie » des années 1970, et multipliez l’enthousiasme par cinq. En 1980, le PLC avait remporté 74 des 75 sièges du Québec à la Chambre des communes !

Les fédéralistes

Ce sont les adversaires les plus dangereux de Pierre Karl Péladeau. Ils ne reculeront devant rien, comme nous l’a appris le témoignage de Jean Pelletier, l’ancien maire de Québec et chef de cabinet de Jean Chrétien au moment du référendum de 1995, devant la Commission Gomery. Pour le paraphraser, en « guerre », tous les coups sont permis, et c’était la guerre.

Jean Chrétien vient d’ailleurs de le confirmer dans une entrevue accordée à un hebdomadaire de Dundee à l’occasion du référendum écossais, dont j’ai d’ailleurs traduit un extrait publié avec la version originale en anglais dans un texte récent :

[...] Au Canada, deux semaines avant le référendum, le camp du OUI menait par une marge de 8 à 10 points dans les sondages. La question était délicate pour nous car il s’agissait d’une affaire qui relevait du gouvernement du Québec, et dont le gouvernement fédéral que je dirigeais n’avait pas le droit de se mêler.

Mais dans les derniers jours, je me suis dit « Au diable les règles ! », et nous avons organisé un immense rallye à Montréal où nous avons fait venir des milliers de personnes [de partout au pays] pour signifier aux Québécois notre souhait de les voir rester avec nous. [...]

Il faut d’ailleurs distinguer dans le camp fédéraliste
-* le gouvernement fédéral et les institutions qui relèvent de son autorité comme Radio-Canada, pour ne retenir que cet exemple;
-* les divers partis politiques fédéraux,
-* les fédéralistes du Québec, (francophones, anglophones, allophones et « angryphones »);
-* les gouvernements des autres provinces;
-* leurs populations.

Chacun de ces groupes a ses intérêts particuliers qu’aucun dirigeant politique québécois ne peut se permettre d’ignorer ou de méconnaître autrement qu’à son propre péril ou à celui du Québec et des Québécois.

À l’heure actuelle tous ces fédéralistes se sentent partie prenante dans la campagne à la chefferie du Parti Québécois, et vous pouvez être assurés qu’ils vont faire tout en leur pouvoir, plus ou moins discrètement selon le cas, pour en orienter l’issue dans le sens de leurs intérêts, c’est à dire en interrompant le plus rapidement possible la course de Pierre Karl Péladeau.

Pensez seulement à ce que peut faire l’Empire Desmarais avec ses journaux. Souvenez-vous également de l’attentat contre Pauline Marois le soir de son élection le 4 septembre 2012.


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