Un premier ministre assis

Dépassé, le mercenaire de Power, et bientôt jeté aux poubelles de l'histoire, tout comme le régime qu'il imposait aux Québécois, avec mesquinerie, servilement. La "Révolution culturelle" de Bachand ne sera pas celle qu'il attend innocemment...



Je ne sais pas s’il faut en tirer la conclusion que Jean Charest a tellement peur de perdre son siège qu’il ne se lève pratiquement plus à l’Assemblée nationale ou si c’est plus simplement parce qu’il est tellement épuisé qu’il ne bouge même plus. Parfois, je pense qu’il dort. Le fait est que, sauf au tout début des périodes de questions, quand Mme Marois s’adresse à lui pour essayer de savoir comment il entend nous sortir de la crise dans laquelle il nous a plongés et qu’il repart, comme une cassette préenregistrée, avec ses accusations quotidiennes concernant le carré rouge qu’elle porte fièrement ou le fait qu’elle aurait tapé de la casserole au moins une fois (un concert que j’ai raté, hélas), il ne participe d’aucune façon à la période de questions.
Des députés de l’opposition questionnent le premier ministre du Québec sur le rôle qu’il entend jouer auprès du gouvernement fédéral sur des sujets aussi importants que ceux dissimulés dans la Loi C-38, qui est un véritable fourre-tout de décisions conservatrices qui vont frapper de plein fouet des citoyens du Québec, et Jean Charest ne bouge pas. Pas de réponse. Il reste assis.
En fait, nous n’aurions plus de premier ministre que le Québec s’en porterait mieux en ce moment. Il est évident que celui qui prétend occuper le poste ne remplit pas les fonctions liées à la tâche. Monsieur Charest s’adonne avec beaucoup plus de constance et d’imagination à occuper le poste de chef du Parti libéral que celui de premier ministre. Le problème, c’est évidemment qu’en mêlant tout, il finit par laisser l’un empiéter sur les responsabilités de l’autre et qu’au bout du compte, c’est le peuple qui va manger les coups.
Si j’osais, je dirais que l’homme est dépassé par les événements. Il s’était monté une petite stratégie pépère dont il pensait connaître tous les tenants et aboutissants et, surtout, la manière de contrôler les réactions qu’elle ne manquerait pas de susciter dans la population.
Des grèves d’étudiants avaient déjà été matées dans les années précédentes. La recette était connue. Il suffirait pour le premier ministre de se donner le beau rôle, celui du bon père de famille qui affirme que chacun doit payer sa juste part, de tenir le coup pendant que les étudiants chahuteraient un bon coup pour crier leur mécontentement, et puis béquer bobo juste à temps pour les examens de fin d’année et le début des vacances. Il pensait ainsi faire oublier la Commission Charbonneau et ses travaux et il voyait la fameuse fenêtre qui lui permettrait de déclencher des élections avant que les odeurs nauséabondes arrivent jusque chez les citoyens qui deviendraient des électeurs juste avant d’en savoir trop.
Le reste de l’histoire, vous la connaissez aussi bien que moi. Le torchon s’est mis à brûler. Les étudiants avaient changé. Ils avaient mûri et, avec eux, le projet de changer le monde avait pris une autre dimension. Ils parlaient de droits de scolarité, mais c’est aussi le fonctionnement de la société qu’ils remettaient en question. Ils osaient dire que le monde pouvait fonctionner autrement et que la marchandisation du savoir était une erreur et une provocation. Les parents, pour la plupart, qui pensaient que leurs enfants étaient des cas désespérés de désengagement et de frivolité, ont eu la surprise de leur vie. Ils avaient élevé des enfants qu’ils ne connaissaient pas. Ils se sont même demandés s’ils devaient en avoir honte ou en être fiers…
L’histoire est loin d’être finie. Elle ne fait que commencer. Le projet de société dont personne ne parle est en train de se dessiner tout seul parce que les citoyens ont recommencé à se parler. Jean Charest peut aller s’asseoir chez lui, ses services ne seront bientôt plus requis par les citoyens du Québec. Nous allons bientôt réaliser que nous n’avons rien à perdre à nous séparer d’Ottawa, car les conservateurs nous auront déjà dépouillés, sans nous demander notre avis, de programmes que nous n’aurons qu’à remplacer par d’autres qui seront entièrement québécois. Ce sera un bienfait de penser que nous n’aurons pas à payer des F-35 dont nous ne voulons pas.
Qui sème le vent récolte la tempête, dit le proverbe. Je crois que c’est la même chose avec la peur… elle amène la tempête. Se tenir debout, dominer sa peur est un bien meilleur projet.
Il est relativement facile de savoir ce que le Québec va devenir. Vous n’avez qu’à tendre l’oreille et à écouter ce que racontent les jeunes en ce moment. Ils ont 20 ans. Ils n’ont pas commis une seule erreur depuis le début. Ils manquent un peu d’expérience, mais ils apprennent vite.
Restez assis, Monsieur Charest. Vous avez mis le feu aux poudres. Ils seront nombreux pour rebâtir le monde.


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