Bilinguisation de l'UQÀM

Un précédent dangereux

Le français — la dynamique du déclin

Texte publié dans Le Devoir du samedi 5 septembre 2009
« Accepter volontairement la régression n'a rien de génial. Nous n'avons pas à chercher à plaire par tous les moyens à des gens qui ne pourront se satisfaire de moins que d'un bilinguisme imposé qui conduit à la désintégration culturelle et sociale. [...] en espérant que ceux qui n'ont pas compris finiront par comprendre. »

- Camille Laurin
C'est avec beaucoup de consternation que nous avons appris le 1er septembre dernier que six cours de gestion seront offerts exclusivement en anglais à l'Université du Québec à Montréal. Cette situation constitue un recul important par rapport aux progrès que notre nation a enregistrés de peine et de misère au fil des ans.
Tout d'abord, l'Université du Québec à Montréal est une université française. Il est donc inadmissible que des étudiants soient forcés de maîtriser l'anglais pour pouvoir réussir les cours en question. Des cours semblables sont probablement proposés dans des universités anglophones comme McGill ou Concordia. Les étudiants, en faisant le choix de s'inscrire à l'UQÀM, souhaitent poursuivre leurs études en français. D'aucuns nous diront que l'anglais est la langue des affaires et que la décision du département est des plus compréhensibles étant donné qu'il s'agit de cours de gestion. Or, si la connaissance de l'anglais constitue un avantage indéniable sur le marché du travail, elle ne doit aucunement constituer un préalable pour occuper un emploi à l'intérieur des frontières du Québec. L'individu qui fait le choix de ne parler que sa langue nationale se coupe de la réalité mondiale, mais personne n'a le droit de lui imposer l'apprentissage d'une seconde langue. Au Québec, la langue des affaires, c'est la langue française, et la défendre n'est aucunement un signe de fermeture.
En 1977, Camille Laurin a courageusement mis en place la loi 101. Par la vaste francisation des entreprises qu'elle impliquait, elle a non seulement permis aux Québécois de prendre le contrôle de leur économie, mais elle a également mené à l'enrichissement de plusieurs commerçants anglophones qui pouvaient désormais compter sur une nouvelle clientèle francophone qui n'hésitait plus à fréquenter ces lieux, car ces derniers pouvaient maintenant leur offrir des services dans leur langue nationale. Or, la décision de l'École des sciences de la gestion ouvre la voie à un immense retour en arrière. Le Forum jeunesse du Bloc Québécois ne souhaite aucunement retourner à la situation qui prévalait avant 1977.
Dans un contexte où la langue française est constamment menacée et que nous sommes devenus minoritaires sur l'île de Montréal, où est située ladite université, cela est d'autant plus condamnable. L'ESG a agi afin de « doubler » le nombre de nouveaux arrivants. Il y a fort à parier qu'une trop grande proportion de ces derniers n'apprendra pas le français. Proposer l'enseignement en anglais n'oblige aucunement les nouveaux arrivants à se concentrer sur l'apprentissage de la langue locale.
Il faut se rappeler que le réseau des Universités du Québec fut mis sur pied en 1969 dans le but d'offrir aux Canadiens-français un système d'éducation démocratique et accessible qui lui faisait auparavant grandement défaut. L'UQÀM, surnommée «l'université du peuple », est un bel héritage de la Révolution Tranquille. L'École des sciences de la gestion, détenant une excellente réputation, visait que notre peuple puisse lui aussi avoir ses cadres et ses entrepreneurs, qu'il puisse lui aussi avoir sa juste part de son économie nationale.
Les fédéralistes ont toujours tenté de déconstruire notre identité collective en s'en prenant à nos acquis. Que ce soit en prenant d'assaut notre histoire nationale par des projets comme la reconstitution de la bataille des Plaines d'Abraham ou par les attaques répétées de la Cour suprême contre nos lois linguistiques, l'État fédéral fait tout en son pouvoir pour faire du peuple québécois une minorité inoffensive dans un ensemble multiculturel et centralisé à l'extrême.
Aujourd'hui, la menace ne vient même pas des élites fédéralistes, mais des administrateurs d'un de nos joyaux collectifs, qui par la porte qu'ils viennent d'ouvrir deviennent dans les faits les complices de nos adversaires. Les hauts placés de l'École des sciences de la gestion de l'UQÀM mettent en péril nos acquis en créant un dangereux précédent. Non seulement contribuent-ils à déconstruire l'Université que nous avons collectivement bâtie, mais également à faire régresser la Charte de la langue française en touchant à deux de ses plus importants volets : l'éducation et l'économie. Depuis la thérapie de choc du Docteur Laurin, nous avons enregistré des victoires et des échecs. Trop de ces derniers sont venus de nous-mêmes.
Le Forum jeunesse du Bloc Québécois demande à l'administration de l'Université du Québec à Montréal de revenir sur sa décision, d'annuler les six cours en question pour ensuite les offrir en français. Sinon, son irresponsabilité nous coûtera cher, collectivement.
***
Par : Simon-Pierre Savard-Tremblay, Jason Bischoff, Arianne Bouchard, Sarah Désilets-Rousseau, Isabelle Hétu, Jean-François Landry, Philippe Leblanc-Lamothe, Marie-Andrée Plante et Jean-René Roy
Exécutif national du Forum Jeunesse du Bloc Québécois


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2009

    S'il vous plaît, n'utilisez jamais le terme "langue locale" en parlant du français au Québec... Ne comprenez-vous donc pas la différence? Elle est pourtant cruciale!

  • Archives de Vigile Répondre

    4 septembre 2009

    Une des choses qui me donnent de l'urticaire, c'est ce prétendu rationel voulant que dès que le mot «international» est prononcé, cela suppose automatiquement la prépondérance de la langue anglaise. C'est ce genre de raisonnement qui est à l'origine de la dernière galipette de l'UQAM. Comme ça, à part nous toutes les nations sont de langue anglaise ...? Merci de me l'apprendre.
    Mais pire, le message subliminal c'est que le français c'est du caca et ça ne vaut rien.
    Bravo aux jeunes qui sont capable d'appeler un chat CHAT. Mais je me méfie. La dernière déclaration de Pierre Curzi m'inquiète. Reliez-là... Il ne veut faire de peine à personne le cher homme.
    Et en même temps Christian Rioux nous apprends que maintenant lea francophones se parlent en anglais entre eux. J'imagine que c'est pour se consoler mutuellement d'avoir un vide linguistique entre les deux jambes.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 septembre 2009

    Excellent texte! Quand les Québécois vont-ils comprendre que la seule façon d'éviter
    l'assimilation galopante ou la louisianisation du Québec, c'est l'indépendance afin que
    le français devienne la seule langue publique et officielle. Autrement, le temps
    jouera contre nous et nous disparaîtrons comme peuple. Les demi-mesures ne
    mènent nulle part, nous le constatons aujourd'hui avec les râtés de la loi 101.
    André Gignac 4-9-09

  • Michel Guay Répondre

    4 septembre 2009

    La langue des affaires c'est la langue nationale de chaque pays et plus de 90% des pays ont une autre langue que l'anglais , il est temps que nos enfants l'apprennent et s'ouvrent vraiment au monde au lieu de se laisser tromper par des propagandistes menteurs angliciseurs fédéralistes canadians.
    Oui 90% des êtres humains font des affaires en d'autres langues que l'anglais. Heureusement
    Et il y a plus de pays francophones que de pays anglophones.
    Et notre langue française est une langue seconde importante au choix dans tous les pays du monde

  • Archives de Vigile Répondre

    3 septembre 2009

    Félicitation à vous. Enfin un groupe de gens qui parlent sensément. Vous avez dit: "Au Québec, la langue des affaires, c’est la langue française, et la défendre n’est aucunement un signe de fermeture." Que c'est dont vrai ainsi que tout le reste de votre texte.
    Il faut réveiller les gens, les politiciens et les élites. Ils dorment. Ils ferment les yeux. Ils se cachent la tête dans le sable.
    Daniel Roy, C.A.