Notre sondage Léger de samedi montrait une débandade historique du PLQ et du PQ.
J’ai suggéré que le déclin du PQ avait une cause locale et une cause qu’on voit aussi ailleurs.
La cause locale, c’est que le PQ voudrait (moi aussi) réaliser un projet déjà rejeté deux fois et incompris des jeunes.
L’autre cause, c’est que le centre gauche peine à répondre à la mondialisation et à ses conséquences : précarité et inégalités accrues, identités bousculées par l’immigration, etc.
Sur ces enjeux, l’offre sociale-démocrate, partout en Occident, répond mal à une demande citoyenne angoissée.
À droite aussi
Regardons maintenant à droite.
L’effondrement du PLQ tient d’abord au fait qu’il est devenu le parti des non-francophones.
Ensuite, pendant que les francophones voyaient leurs entreprises rachetées par des étrangers, leurs conditions de vie stagner et leur identité s’effilocher, le PLQ s’en foutait.
Les deux causes sont liées, mais ici encore, elles combinent le local et le mondial.
En France, la droite « classique » a été doublée par un Front national rebaptisé Rassemblement national, et prise de court par les « gilets jaunes ».
En Allemagne, la décision d’Angela Merkel d’ouvrir la porte à un million d’étrangers a ébranlé sa famille politique et accéléré sa sortie.
Aujourd’hui, sur sa droite, un parti plus musclé, l’Alternative pour l’Allemagne, semble en montée.
En Italie, la vieille Démocratie chrétienne, dominante pendant des décennies, a carrément disparu, au profit d’une nouvelle droite incarnée d’abord par Berlusconi et, aujourd’hui, par Salvini.
En Scandinavie, dans l’ex-bloc soviétique, au Brésil, de nouvelles forces vigoureuses sont apparues à droite.
Aux États-Unis, Trump a dynamité le parti républicain traditionnel.
Les candidats à l’investiture démocrate, eux, sont plus à gauche que jamais dans l’histoire du parti.
En Grande-Bretagne, la droite classique a été désarçonnée par les partisans du Brexit, dont elle avait sous-estimé la force.
À gauche, le Parti travailliste s’est jeté dans les bras d’un marxiste impénitent, Jeremy Corbyn, qui propose, comme Québec solidaire, d’étatiser de larges pans de l’économie.
Je pourrais multiplier les exemples.
Certes, ces mouvements prennent des formes différentes selon les sociétés. Par exemple, il n’y a pas d’extrême droite politique sérieuse au Québec.
Mais la tendance générale est claire : les forces politiques traditionnelles, à la gauche comme à la droite du centre, sont bousculées par de nouveaux mouvements alimentés par le ras-le-bol populaire.
Surdité
Pourquoi ? Parce que l’establishment économico-politique, et ses alliés intellectuels et médiatiques, ont imposé dogmatiquement leur idéologie à des peuples perçus comme « ne-sachant-pas-ce-qui-est-bon-pour-eux ».
Ces peuples rejettent de plus en plus cette idéologie.
Quelle idéologie ? La mondialisation effrénée, l’instabilité permanente, les bulles financières, les paradis fiscaux, le village global, la fin des frontières et la supposée toxicité des identités nationales.
La riposte s’organise aux deux pôles opposés.
Résultats : la politique se crispe, le dialogue de sourds prédomine et le consensus s’évanouit.
Quand on ignore les malaises qui montent, on finit par en payer le prix, tôt ou tard.
L’avenir s’annonce très compliqué.