Un immeuble appartenant à Vincent Chiara s'embrase

Corruption à la ville de Montréal



Philippe Orfali - Un bâtiment industriel de la rue Le Ber, à Pointe-Saint-Charles, où étaient entreposés illégalement des centaines de ballots de papier destinés au recyclage, s'est embrasé vers 2h dans la nuit de vendredi à hier. L'incendie, qui a tenu les pompiers en haleine toute la journée, couvait toujours au moment de mettre sous presse, hier soir.
Le propriétaire de cet immeuble, situé sur d'anciens terrains du CN, est le promoteur immobilier et avocat Vincent Chiara. L'été dernier, la Ville de Montréal lui avait donné jusqu'au 31 octobre pour vider l'édifice.À l'arrondissement du Sud-Ouest, on reconnaît qu'aucune mesure n'avait été prise pour contraindre M. Chiara à enlever ce papier. «Nous n'en étions pas là. Nous l'avons averti en juillet, puis en septembre, puis en octobre», a indiqué la mairesse Jacqueline Montpetit.
«Tout le monde savait que la présence de ce papier dans un édifice de la sorte était très dangereuse. Nous étions inquiets et il fallait que les ballots sortent. Je vais attendre impatiemment le rapport de police», a ajouté Mme Montpetit.
En entrevue à La Presse, M. Chiara a affirmé que l'un de ses agents de sécurité avait vu un homme tout près du bâtiment, peu avant que celui-ci prenne feu. «Qui avait avantage à voir le bâtiment brûler? Personne. Nous n'avions pas d'assurances», a dit M. Chiara. La police de Montréal n'a pas été en mesure de confirmer cette information. «Nous avons des éléments qui nous permettent de croire que l'incendie n'était pas accidentel», a toutefois indiqué le chef des opérations du Service de prévention des incendies de Montréal, Benoît Fleury.
Acquis au prix de 1$
Les ateliers ferroviaires où se trouvait l'immeuble détruit par l'incendie ont été construits au milieu du XIXe siècle. Dans les années 80, le CN a loué le terrain et les ateliers au groupe Alstom, avant de les vendre en 2006 à la Fiducie Mach, l'entreprise de M. Chiara, pour la somme de 1$. Cette transaction avait suscité l'étonnement et l'indignation tant des citoyens du quartier que de la firme Canderel et Associés, dont l'offre de 20 millions avait été rejetée par le CN.
En mai 2007, le magnat immobilier avait indiqué sa volonté d'utiliser le quart des 325 000 mètres carrés du site à des fins résidentielles.
M. Chiara s'est porté acquéreur de plusieurs propriétés dans la région de Montréal au cours des dernières années. Fiducie Mach - nommée en l'honneur de ses enfants, Maria et Angelo Chiara - est actuellement évaluée à 1 milliard de dollars. Elle comptait faire des investissements évalués à 450 millions d'ici deux ans.
Avant de devenir promoteur immobilier, Vincent Chiara travaillait surtout comme avocat, une pratique qu'il a délaissée au cours des dernières années même s'il demeure membre du Barreau. Il a déjà été l'avocat des frères Caruana, des intermédiaires en transport de drogue et en blanchiment d'argent actifs à l'échelle de la planète. Il est notamment partenaire de la famille Saputo, avec laquelle il est copropriétaire de plusieurs édifices, dont la tour de la Bourse et la tour CIBC.


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