BAISSES D’IMPÔTS ANNONCÉES

Un gouffre de 1,2 milliard $

Le gouvernement prétend que le budget Flaherty lui donne les moyens de sa générosité, mais Jean Charest prive ainsi le Québec de la seule marge de manœuvre disponible pour éviter un déficit ou des coupes sévères l’an prochain.

Québec 2007 - Parti libéral du Québec

La promesse libérale de réduire les impôts de 700 millions $ de plus en janvier prochain annonce un manque à gagner de plus de 1,2 milliard $ pour le gouvernement en 2008-2009, une année financière où le ministre Michel Audet a déjà prévu un trou budgétaire de 1 milliard $.
Une vérification effectuée par Le Soleil dans les documents budgétaires déposés par le ministre des Finances, le 20 février, permet de prédire qu’une telle baisse d’impôts plongera le prochain gouvernement dans une impasse financière grave qui forcera des coupes budgétaires radicales dans les ministères. Hier encore, le premier ministre Jean Charest a déclaré devant la Chambre de commerce que la baisse d’impôts viendra s’ajouter à celle de 250 millions $ annoncée dans le budget Audet.
En fait, c’est un grand total de 489 millions $ en concessions fiscales que le budget du 20 février consentira l’an prochain, si l’on tient compte de toutes les mesures annoncées (voir tableau en page 2). Le coût de ces mesures se limite à 122 millions $ pour l’année 2007-2008, mais il grimpe à un demi-milliard de dollars l’année suivante pour se chiffrer à 1,2 milliard $ avec le cadeau de 700 millions $ annoncé mardi.
Le gouvernement prétend que le budget Flaherty lui donne les moyens de sa générosité, mais Jean Charest prive ainsi le Québec de la seule marge de manœuvre disponible pour éviter un déficit ou des coupes sévères l’an prochain.
DÉPENSES SOUS-ESTIMÉES
Le plan budgétaire, soumis par Michel Audet pour 2008, annonçait déjà un écart de 995 millions $ entre les revenus et les dépenses du gouvernement. De plus, le ministre a délibérément sous-estimé de 1 % la hausse des dépenses gouvernementales, qu’il a fixée arbitrairement à 3 % pour 2008-2009.
Or, malgré tous ses efforts depuis 2003, le gouvernement Charest n’a jamais été en mesure de réduire la hausse de ses dépenses en bas de 4 %. Comme la santé et l’éducation occupent la part du lion des dépenses gouvernementales et qu’il n’est pas question de couper dans ces secteurs, il faudrait des sacrifices énormes dans les autres activités gouvernementales pour limiter la hausse à 3 %.
La valse des milliards, qui a occupé le discours politique depuis la présentation du budget Flaherty, peut donner l’impression que le Québec n’est plus menacé par les déficits. Mais en modifiant la formule du calcul de la péréquation pour inclure les revenus des 10 provinces et 50 % des revenus des ressources naturelles, Ottawa abolit la garantie d’une hausse annuelle de 3,5 % de ces paiements, consentie par Paul Martin. La nouvelle méthode de calcul laisse donc la porte ouverte à une baisse éventuelle de ces revenus. Par contre, les baisses d’impôts de M. Charest sont récurrentes d’année en année.
Ottawa n’a rien mis de plus en éducation pour cette année, et répartira 800 millions $ pour l’éducation l’an prochain, ce qui laissera à peine 200 millions $ au Québec. Les hausses subséquentes seront limitées à 3,5 %. Quant à la santé, le budget Flaherty n’ajoute rien aux hausses annuelles de 6 % consenties par Paul Martin, une croissance qui suit à peine la hausse réelle des coûts dans les provinces.


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