Les appels à la convergence

Un effritement qui a tout d'une crise de leadership

L'Appel citoyen à l'Union

Chaque fois que je lis, sur Vigile et ailleurs, de pressants appels à l'union, au rassemblement et à la mobilisation des forces indépendantistes, je ne peux m'empêcher de flairer une vague odeur de déni, d'aveuglement volontaire.

Un peu, en somme, comme si on voulait répondre à la division par la diversion.

Non pas que je sois contre la vertu, contre l'idée de l'union qui fait la force, ni que je sois en désaccord avec le constat d'une division, ou je dirais plutôt d'une dispersion, évidente.

Mais, bien que j'estime louable tout effort de concertation des indépendantistes en toute circonstance, je ne suis pas certain que, dans le cas présent, on ne prend pas le problème par le mauvais bout. Car, si nous sommes éparpillés à l'heure actuelle, cela se fait-il selon le schème d'un groupe foncièrement indiscipliné et ingouvernable, ou plutôt, sous la forme d'un effritement qui a tout d'une crise de leadership, du morcellement d'une coalition qui a perdu son ciment ?

Autrement dit, et c'est là qu'entre en scène la notion de déni, jusqu'où peut-on aller et à quels résultats peut-on s'attendre, en voulant mobiliser les indépendantistes lorsque le grand parti qui prétend être le principal véhicule politique de ce mouvement, auquel la population et l'ensemble des médias et reconnaissent toujours ce statut, n'a pas de plateforme indépendantiste ?

Qu'est-ce qu'on cherche exactement ? Est-ce qu'on vise à forcer un changement de cap péquiste, dont je ne vois poindre le moindre indice en ce moment, pour le lointain congrès de 2011 ? Ce parti peut-il devenir indépendantiste, comme ça, tout d'un coup, juste avant les élections ? Mme Marois pourrait-elle faire ce genre de virage sans perdre sa crédibilité, après être allée si loin dans l'autre sens ?

À moins que, au contraire, on cherche à nous occuper à autre chose, à rêvasser dans notre coin, histoire de ne pas déranger les péquistes ?

Je me permets d'interpeller ici les IPSO, et leur président, M. Paquette, qui parle ces jours-ci de convergence et d'actions concrètes à venir, et qui souhaite l'avènement d'un " nouveau parti québécois " : Peuvent-ils préciser leur pensée ? Comment se dessinent ces actions ?

À ceux qui seraient tentés de me trouver impatient, je réponds tout de suite que je ne suis pas sûr qu'on mesure correctement, en ce moment, le prix du temps qui passe.

En effet, il me semble qu'on prend beaucoup de choses pour acquises, à commencer par l'adhésion, encore considérable pour l'instant, à une option dont une génération entière n'a jamais entendu parler, autrement que de façon totalement abstraite.

Quant à l'extraordinaire faiblesse de nos adversaires et la force, notamment, du Bloc Québécois, dureront-elles indéfiniment ?

Avons-nous vraiment les moyens de niaiser encore longtemps ?


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10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mai 2010

    M.Paquette,
    Merci d'avoir pris le temps.
    Il m'est difficile de comprendre votre proposition sans savoir où elle se situe par rapport à la démarche du PQ. Et pour cela, il faudrait au moins se permettre de discuter franchement de la nature actuelle de ce parti, pour reprendre l'expression de G.V.
    Vous dites : " Cela conditionne leur action, qui n’est souvent plus dirigée vers le projet d’indépendance, mais qui est en même temps nécessaire car il faudra bien que l’Assemblée Nationale pose des gestes déterminants d’accession à l’indépendance... ". De quels gestes parlez-vous ? Et quelle est cette action nécessaire ?
    D'autre part, indépendamment de ses objectifs, ce mouvement que vous proposez dans lequel seraient investis temps, énergies et ressources, ne risquerait-il pas d'être forcé de s'effacer, parmi d'autres groupes de pression, derrière un parti Québécois conduisant les choses à sa façon, possiblement porté vers le pouvoir provincial par une irrésistible vague de changement ?
    À moins que ce ne soit justement le but de l'exercice que de tenter de rallier les indépendantistes tout en appuyant tacitement la démarche péquiste ?
    Cette question me semble d'autant pertinente que vous-même, M.Paquette, il y a à peine un an, teniez un langage enthousiaste devant le discours péquiste, alors que ce parti avait, dans les faits, la même proposition souverainiste qu'aujourd'hui.
    Je pose donc de nouveau la question : Un mouvement, une mobilisation, pour répondre à quel besoin, pour servir quels intérêts, pour faire quoi exactement ?

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mai 2010

    Bonjour Monsieur Payne,
    Comme je vous approuve sur la notion du temps qui passe ...
    L'actualité politique actuelle est onctueuse, riche, explosive et pourtant, aucun plan d'action ne semble apparaitre.
    Le manque de leadership est évident, et le courage tout aussi absent. Car il en faut, en ces temps économiques difficiles, pour prétendre avoir la solution.
    Il est triste de voir les partis d'opposition se cacher le temps de voir la tempête se calmer. Vraiment très lâche selon moi comme attitude.
    Bien à vous,
    Stéphane Bélanger
    Lévis

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mai 2010

    Monsieur Payne
    Si le PQ était vraiment honnête avec son intention de créer le pays du Québec et s'il exerçait son leadership à cet égard, le pullulement de nouveaux partis politiques serait inexistant, c'est mon opinion. En fin de semaine dernière, Gilles Duceppe nous disait que les Québécois rêvent en couleur s'ils s'imaginent que le Canada anglais va rouvrir la constitution pour nous accommoder. Pas un mot de Marois suite à cette déclaration de Duceppe; c'est incompréhensible. Qu'attendent ces 2 partis pour ajuster leur tir sur l'indépendance qui est la seule solution envisageable pour nous en sortir collectivement au Québec? Le temps presse plus que jamais surtout avec notre langue qui fout le camp sans parler du reste. Nous n'en voulons plus de demi-état provincial annexé au Canada, est-ce assez clair? C'est un pays que nous voulons! De l'action, ça presse!
    André Gignac le 15 mai 2010

  • Gilbert Paquette Répondre

    15 mai 2010

    M. Payne, je suis aussi impatient que vous pouvez l'être. Partons du fait que les partis politiques sont électoralistes. C'est même un pléonasme ! Cela conditionne leur action, qui n'est souvent plus dirigée vers le projet d'indépendance, mais qui est en même temps nécessaire car il faudra bien que l'Assemblée Nationale pose des gestes déterminants d'accession à l'indépendance du Québec.
    J'ai cru longtemps qu'un parti comme le parti québécois pouvait être aussi un mouvement, mais je ne crois plus que ce soit possible. Aussi, il faut organiser une campagne indépendantiste dirigée par les mouvements indépendantistes, si possible avec l'appui des partis politiques, mais sans attendre la bénédiction d'en haut. Tant mieux s'ils le font. C'est le sens de mon appel à la convergence. Ce n'est pas du déni ni une diversion. Effectivement, on ne peut attendre en faisant un autre acte de foi. Il y a urgence de se mettre en branle dès l'automne prochain en regroupant les forces de tous ceux qui ne veulent travailler qu'à l'indépendance. Cela demande de l'organisation et du travail terrain, pas seulement du brassage des idées. Certains d'entre nous y travaillent.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mai 2010

    C5gi,

    Je ne désire pas débattre de la valeur des idées républicaines, ni ne juge de votre préférence pour d'autres modes de scrutin et de gouvernement.
    Cependant, je pense que votre proposition a ceci en commun avec d'autres démarches étapistes régulièrement évoquées, qu'elle se fonde sur la prémisse que l'indépendance serait hors d'atteinte pour le moment, et même, dans un avenir prévisible.
    Sans vouloir vous prêter d'intentions, je note quand même que vous dites " Avant même de penser à l'indépendance ... ".
    Je ne prétends pas détenir la vérité et je respecte votre point-de-vue, mais je fais plûtôt le pari que l'indépendance est tout-à-fait faisable, moyennant peut-être une bonne mise-à-jour de nos perspectives, et qu'elle constitue le meilleur moyen de rassembler les indépendantistes.
    Cela dit, je salue votre verve et votre engagement. Merci de me lire !

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2010

    À M. Verrier:
    Le problème, c'est que la clarté que vous réclamez en ce qui a trait à l'option défendue par le PQ ne vous sera pas donnée. La confusion est soigneusement entretenue afin que tous puissent y trouver un peu de ce qu'ils désirent.
    C'est comme ça.

  • Claude Girard Répondre

    14 mai 2010

    La solution à la diversion actuelle, comme M. Payne le souligne, est à la fois simple et titanesque. Au rythme où le Québec se transforme en gros Moncton dans l'indifférence générale, a-t-on le choix? Cette solution, elle consiste à suivre de nouveau le chemin emprunté jadis pas René Lévesque: créer d'abord un mouvement politique puis se transformer en parti puis avaler le parti politique nationaliste moribond qui ne mène nulle part. À la séquence MSA, PQ et déroute de l'Union nationale, on juxtapose Mouvement républicain ( à l'instar M. Montmarquette, je crois que c'est la seule piste politique qui peut encore faire bouger les choses) Parti républicain et intégration du PQ. Échéance: 2016. C'est deux ans de moins qu'il a fallu au fondateur du PQ pour prendre le pouvoir, 13 avant que l'UN n'ait plus de députés à l'Assemblée nationale, 18 avant que ce parti rejoigne définitivement les livres d'histoire. C'est faisable, si on s'y met de façon disciplinée et selon un plan précis en misant essentiellement sur un mandat de gouvernant avec comme pièce maîtresse, un renouvellement complet du mode de gouvernement et du mode de scrutin. Avant même de penser à l'indépendance, convier les citoyens à se débarrasser du système monarchiste actuel en forme de premier ministre absolutiste demeure, selon moi, l'ultime recours pouvant encore mobiliser les Québécois. Je suis d'ailleurs à réfléchir à cette stratégie mobilisatrice en vue d'une diffusion à l'automne. M. Payne a raison: il n'y a plus de temps à perdre. Ce sera 2016 ou Moncton. Pensez-y!

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2010

    La convergence prendrait sans doute tout son sens si il y avait un parti qui défend la cause indépendantiste au Québec. Comme il n'y en a pas, ah si... il y en a un, un tout petit parti. Bon, il ne fait pas le poids ! La convergence remplacerait donc l'absence de représentation politique de l'option ? Un mouvement populaire en remplacement d'un parti politique ? Pas bête, mais il faudrait au passage faire la lumière sur la nature du PQ, rester dans la confusion à cet égard ne mènerait nulle part.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2010

    D'accord avec vous Monsieur Payne.
    Oui, il faut arrêter de niaser...
    Et pour ça, il faut arrêter de compter sur les partis politiques pour faire créer une «Rébuplique du Québec français».
    C'est cela la vériable gaffa attentiste des souverainistes au Québec.
    À la limite, il faut voir les partis souverainistes comme des alliés ou des sympathisants de la cause nationale... Mais rien de plus... Ils sont trop électoralistes désormais..
    Il faut que les citoyens reprennent le taureau par les cornes et se réapproprient la question nationale.
    CM

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2010

    Veuillez S.V.P. envoyer votre commentaire au P.Q. Il est d'une importance capitale.