SOCIÉTÉ RADIO-CANADA

Un CA à saveur conservatrice

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Voici comment se règle le sort de la liberté de presse au Canada

Alors que les quatre syndicats demandent la démission de tout le conseil d’administration de la Société Radio-Canada, des analyses démontrent que plusieurs de ses membres ont fait d’importants dons au Parti conservateur de Stephen Harper. Trois membres ont même financé le parti depuis leur nomination, et dans un cas, le don a été versé à James Moore alors qu’il était ministre du Patrimoine responsable de Radio-Canada.

« Au moins neuf des douze membres du conseil d’administration sont des donateurs au Parti conservateur,a lancé à la Chambre des communes le député Pierre Nantel. On a la ministre du Patrimoine canadien qui communique directement avec le p.-d.g. lorsque la programmation ne fait pas son affaire et on a un conseil d’administration qui se demande ce que la ministre peut penser de la programmation. C’est grossier ! La ministre est-elle étonnée qu’aujourd’hui, quatre syndicats de Radio-Canada réclament la démission de ses hommes de main ? »

Le bureau de M. Nantel a compilé des chiffres sur les dons effectués par les membres actuels et passés du conseil d’administration de SRC/CBC. Neuf d’entre eux (dont huit des onze membres actuels) ont versé de l’argent au Parti conservateur depuis que celui-ci est au pouvoir, pour un total combiné de 61 625 $. Trois d’entre eux ont même continué à donner après leur nomination par le gouvernement.

Ainsi, le Torontois Edward W. Boyd a versé 2620 $ au Parti conservateur depuis sa nomination en juin 2010, dont 220 $ à la circonscription de Colombie-Britannique de James Moore quand celui-ci était encore ministre responsable de la SRC/CBC. Terrence Leier a versé 740 $ au PC depuis sa nomination en mai 2012. Enfin, Brian R. Mitchell a versé 3806 $ à plusieurs associations conservatrices de circonscriptions québécoises depuis sa nomination.

Noyautage ?

Le NPD a aussi constaté que cinq des onze membres du CA de la société d’État ont des liens étroits avec le Parti conservateur. Par exemple, Marni Larkin a travaillé avec l’ancien ministre Vic Toews. Mme Larkin siège parallèlement au Comité consultatif à la magistrature du Manitoba et a, à ce titre, présidé à la nomination de M. Toews comme juge.

Selon le NPD, cela confirme la thèse d’un noyautage de Radio-Canada par les conservateurs. M. Nantel a d’ailleurs cité mardi un procès-verbal du CA dans lequel il est écrit que les membres « se demandent si le bureau de la ministre a exprimé des inquiétudes relativement à certaines personnalités d’antenne » dans le débat sur la charte des valeurs péquiste. Au cours des derniers jours, un directeur de l’information, Alain Saulnier, a soutenu que le gouvernement était intervenu auprès du CA de la SRC/CBC pour empêcher l’embauche de Gilles Duceppe et pour réclamer que le couple royal ne soit pas désigné par la formule « Will et Kate ».

La ministre actuelle du Patrimoine, Shelly Glover, a écarté du revers de la main ces critiques. « Radio-Canada est entièrement responsable de ses propres décisions opérationnelles », a-t-elle soutenu. Quant à l’embauche de M. Duceppe, « un souverainiste bien connu dans le pays qui a été critiqué, c’était tout le Canada qui était présent à cette discussion et Radio-Canada a clairement dit qu’ils étaient dans l’erreur ».

Plus tôt dans la journée, les quatre syndicats du réseau francophone de SRC/CBC ont réclamé la démission de tout le conseil d’administration au motif que celui-ci n’a pas reçu le mandat pour réaliser l’« entreprise de destruction massive » du diffuseur public.


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