Un budget servant l'obsession de Jean Charest

Depuis ses débuts en politique dans les années 80, Charest a toujours dit que les impôts nuisent à la croissance économique.

Chronique d'André Savard

Depuis trois ans, on redit à Jean Charest qu'il ne peut pas détourner la compensation du Fédéral vouée au déséquilibre fiscal pour le traduire en baisse d'impôts et que le Québec n'a pas les moyens de réduire les taxes.
Depuis trois ans on avait même redit à Charest de récupérer les points de taxation laissés vacants par le gouvernement fédéral, lequel s'entraînait aussi à faire des baisses de taxes. Pendant trois ans, Charest a préféré l'enlisement des finances publiques plutôt que de revenir sur sa décision.
Il n'y a pas de mal à être un leader qui a la tête dure si on sait choisir ses causes. Être braqué sur un parti-pris insensé, c'est toute autre chose. On serait enclin à féliciter Charest d'avoir mis fin à son entêtement stupide du moins sur cette question. Après examen, on voit cependant que si Charest a renoncé à son obsession c'est pour mieux en servir une autre.
Depuis ses débuts en politique dans les années 80, Charest a toujours dit que les impôts nuisent à la croissance économique.
Le credo venait de Reagan à l'époque. Et Raymons Bachand, son ministre des fiances, l'a répété hier en entrevue. En somme, cela signifie que l'on s'oppose de prélever de l'argent chez les citoyens selon une échelle progressive modulée selon les revenus. Une telle préférence demande un tarif unique correspondant à chaque service et éventuellement un régime d'impôt fixé en tenant minimalement compte des écarts de richesse.
Bien qu'injuste, une telle politique peut être praticable si l'Etat obtient des redevances pour l'exploitation de ressources pétrolières comme en Alberta. Mais Charest, égal à lui-même, s'obstine à traiter du principe de la modulation selon les revenus comme d'un aveuglement idéologique de gauche, une tare du modèle québécois, dépassé, trop local. On se fait même prêcher le modèle albertain.
On reste à côté de la plaque quand, à la manière des lucides, on critique ceux qui veulent des services gouvernementaux mais refusent un budget qui va faire mal. Le problème, c'est que Raymond Bachand va récupérer les baisses d'impôt consentie depuis 2003 aux plus riches en enfonçant les mains dans les poches de tous, à commencer par les plus pauvres et la tranche inférieure de la classe moyenne, laquelle surnage un peu au-dessus du seuil de la pauvreté.
C'est cher payé pour les obsessions de Jean Charest. Il faut vraiment beaucoup aimer Jean Charest et les entrelacs de sa subjectivité d'obsédé pour accepter d'en faire les frais.
En ce qui a trait à la caisse-santé, il faut se mettre les yeux en face des trous. Nous devions en venir là. Certes le gouvernement l'applique mal en se laissant guider encore une fois par sa répulsion à l'égard de toute ponction modulée selon le niveau des revenus. Au moins, le principe d'action est introduit. Il est à espérer que les prochains gouvernements du Québec pourront l'élaborer avec plus de finesse tout en acceptant que le recours à une caisse-santé soit devenu inévitable.
Il reste une consolation pour les indépendantistes qui aspirent à gouverner le Québec: faire mieux que Jean Charest ne sera pas difficile.
André Savard


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