"tout va très bien madame la marquise"

Le français — la dynamique du déclin


C'était vendredi. Tard dans l'après-midi. Les acteurs ont leur semaine dans le corps. Plusieurs ont fermé leur ordinateur. Ils sont en route pour le congé de fin de semaine. Les salles de presse sont désertes. Alors l'Office de la langue française rend publique son étude: "Le français perd encore du terrain à Montréal." À 17 heures, la ministre St-Pierre émet un communiqué: une entourloupette: "De plus en plus d'immigrants apprennent le français!"
Une heure aussi tardive pour la publication d'une étude confirmant les pires scénarios n'est pas incongrue. Elle souligne l'embarras de ce gouvernement à reconnaître les faits: d'ici peu Montréal sera perdu. Et quand Montréal ne sera plus majoritairement français, le Québec lui-même sera en processus accéléré de " winnipegisation". Là bas, les Français se connaissent par leur prénom.
D'ici 2031, selon l'étude de Marc Termote, la majorité des Montréalais ne parlera pas français à la maison. 20 ans? Dans la courbe historique d'un peuple, 20 ans, c'est demain. Si les mesures ne sont pas prises aujourd'hui, oublions le reste. Quelles mesures?
Manifestement, celles qui ont été appliquées à ce jour ne suffisent pas. Ou plutôt, elles ont été contrées. À son origine, la loi 101 avait tout prévu: le français allait être la langue de la législation, de l'administration, des communications, des affaires, de la consommation, de l'éducation et du travail. Par ses tribunaux, le Canada a tout démantibulé.
"Oui, mais de plus en plus d'immigrants choisissent le français" dit la ministre. Faux. En quarante ans nous avons réussi à attirer un peu plus d'immigrants parlant français faisant en sorte qu'aujourd'hui tout juste 50% d'entre eux choisissent le français, mais nous n'avons pas du tout réussi à convaincre ceux dont la langue d'origine est autre que le français à faire un transfert linguistique du côté du français. Autrement dit nous avons peut-être amélioré notre politique d'immigration mais notre politique linguistique pour les non parlant français s'est avérée totalement inefficace. Pourquoi? Parce que le Canada est le Canada. Un pays anglais qui se dit bilingue pour amadouer les Français et se positionner pour les avaler. Historiquement il a réussi le coup partout. Il ne voit pas pourquoi, tant et aussi longtemps que le Québec sera une de ses provinces, il ne réussirait pas là aussi.
Les immigrants choisissent de s'intégrer à un pays. Pas à une province. Comment se sortir de cette logique infernale? Je vous laisse deviner.
En attendant. pour la marquise St-Pierre, tout va très bien. Un peu comme celui qui tombant du 252e étage se disait, arrivé au niveau du 250e, puis du 200e, du 150e, du 100e, etc. "Jusqu'à maintenant ça va très bien!". Arrivé au rez-de-chaussée, on ne l'a pas entendu!


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