Les écoles privées sont des entreprises au même titre que n’importe quelle autre, cordonnerie, dépanneur, restaurant, pourvoirie, théâtre, troupe d’artistes, boutique… Elles ont donc, dans un État de droit néolibéral où l’on voue un culte à la libre entreprise, le même droit aux subventions pour s’établir et fonctionner. Là où il est important de s’arrêter et de réfléchir, c’est sur la nécessité de financer celles qui trient les élèves sur le volet, laissant les cas les plus difficiles et les plus coûteux au système public. 1 élève sur 5 est en difficulté au public alors que c’est 1 sur 40 au privé. L’État n’a pas à arrêter de subventionner les entreprises privées, y compris les écoles, mais s’il le fait, ça ne doit pas être au détriment des services publics qu’il offre.
Il a été démontré maintes fois que les élèves en difficulté réussissent mieux quand ils sont entourés d’élèves forts et autonomes. Garder les forts dans les écoles inaccessibles aux plus faibles, ça amplifie substantiellement le problème, et ce problème, on le relègue au public.
Ce n’est pas une guerre contre le privé, qui a plein droit d’existence. En effet, répétons-le : le noeud du problème est le tri des élèves, pas l’aspect privé en tant que tel. Par exemple, certaines écoles alternatives privées font un travail exceptionnel avec des élèves qui ne réussiraient pas ailleurs.
Le haut financement aveugle des écoles privées n’est pas payant, il est politique et coûteux. De plus, à ma connaissance, c’est une situation qui n’est tolérée qu’au Québec.
Je suis las de lire et d’entendre l’argument suivant : « les élèves qui partiront du privé coûtent 60 % et se mettront à coûter 100 % au public ».
Cet argument tient de la méconnaissance du système de financement de l’éducation, ou s’appuie sur le principe communicationnel selon lequel un énoncé devient vrai dès qu’on l’a dit trois fois, ou les deux.
Pour en finir avec cette idée erronée :
Les écoles privées sont financées à 60 %, oui, mais ça ne veut absolument pas dire qu’un élève qu’on transférerait du privé au public se mettrait à coûter 100 % de ce que les élèves du public coûtent en ce moment. Si un transfert hypothétique de plusieurs centaines, voire de milliers d’élèves était réalisé, une importante économie d’échelle s’opérerait au public et le coût par élève s’en verrait diminué considérablement d’une part.
D’autre part, je le répète, il a été démontré clairement que la présence d’élèves forts autour d’élèves faibles diminue grandement le besoin en ressources affectées aux difficultés scolaires (ortho, psycho, assistants…) et les coûts associés aux surmenages des enseignants, aux congés maladie à long terme, aux fatigues professionnelles, etc.
Enfin, il ne faut pas oublier d’ajouter au calcul que les élèves qui resteraient dans le privé après le retrait de la subvention ne nous coûteraient plus rien. Si la moitié va vers le public, c’est 50 % qui se met à coûter 100 % (et c’est moins que ça, je viens de le démontrer) et la moitié qui reste au privé, elle, ne coûte, roulement de tambour, PLUS UNE CENT!
Sans compter tout le reste, car l’éducation publique québécoise mérite mieux qu’une analyse mercantile.
Il n’y a que le dindon de la farce et le sourd qui ne veut pas entendre qui peuvent continuer à approuver ce système. Aucun argument rationnel n’appuie cette position.
Quelqu’un me disait avec raison : « Les mieux nantis ne veulent pas que leurs enfants se mêlent à la plèbe… Qu’ils ne s’attendent pas à ce que la plèbe finance en plus. »
Aussi : « Envoyer ses enfants dans une prestigieuse école privée, c’est de la consommation de luxe : ça ne devrait pas être subventionné, ça devrait être taxé! »
CQFD
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