La définition civique de québécois ne résiste pas à l'examen

Suffirait-il à Toronto de parler français pour être québécoise?

Il lui manquerait l'identité culturelle indispensable

Tribune libre


Les tenants de la définition civique de québécois (quiconque habite ici et adopte le français) feraient bien de s'interroger: suffirait-il à Toronto de parler français pour être québécoise?

Bien que seulement 2% de cette ville soit francophone, amusons-nous à les transplanter tous ici, à leur donner un cours de français de base et à les décréter pleinement québécois. Ne voit-on pas qu'il y a là quelque chose qui cloche, et qu'on lamine alors tout ce qui fait qu'on est nous et personne d'autre?

Pour être québécois, cela prend nécessairement l'appartenance naturelle ou l'adhésion volontaire à l'identité culturelle qui est la nôtre (exemples de réussite complète: l'animatrice Alexandra Diaz, le météorologue Pascal Yiacouvakis, le chanteur Bernard Adamus, l'écrivain Stanley Péan ou l'humoriste Christopher Hall (qui a épousée une Québécoise et défend le Québec), sont tout aussi québécois que vous et moi, tout le monde s'entend là-dessus).


Mais si le Québec devient un jour à 98% non québécois comme à Toronto, où sera passée notre identité culturelle collective? Morte et enterrée, rien de moins. Une perte nette pour la diversité mondiale des nations et des cultures.

La définition civique de l'identité, qui plaît tant aux beaux penseurs qui veulent faire table rase du passé et construire une société utopique artificielle où on imposera tout plein de grands principes universels applicables en théorie seulement (dans le genre: bâtissons une société nouvelle où toutes les ethnies de la planète se verront représentées à part égales et vivront en harmonie au nom de la fraternité universelle) ne peut mener qu'à la fin de notre nation à nous. C'est pour cette raison précise qu'elle ne résiste pas à l'examen. Elle s'avère être un outil de laminage de la nation.

C'est pourquoi il faut lui préférer l'identité culturelle comme définition de base de québécois. Celle-ci passe par le fait de grandir baigné dans l'environnement culturel qui est le nôtre, d'en accepter le fonctionnement de la société sur le plan des moeurs, des coutumes et du mode de vie (s'auto-exclut alors la majorité des anglophones et des allophones qui vivent exclusivement dans leur monde à part, sans réelle participation à notre culture).


Lorsqu'on parle d'appartenir à l'identité culturelle québécoise, peu importe qu'on soit né ici ou ailleurs, il faut simplement vivre au Québec comme les Québécois. C'est cette identité aux mille caractéristiques qui fait de nous une nation unique en son genre et qui à ce titre mérite d'être préservée de l'érosion que constitue l'immigration massive de candidats incompatibles avec le degré d'évolution de notre société.

Cette incompatibilité inchangeable alliée à la présence de communautés ethniques bien organisées, chacune avec suffisamment de membres pour permettre d'y vivre facilement dans la pratique du communautarisme cloisonné, rapetisse peu à peu l'espace requis à notre société pour respirer et maintenir sa viabilité.

Les anglophones et les allophones vivent ici à la canadienne ou à l'ethnique, pas à la québécoise. Qu'on les force à apprendre le français à contrecoeur auquel ils ne recourreront qu'en dernière nécessité n'y changera rien. Ils rejettent notre univers culturel et se considèrent étrangers à nous.


La définition civique n'a qu'une portée matérielle: droit de vote, droit à l'assistance sociale à vie, droit aux soins de santé gratuits à vie, instruction publique, etc. Elle n'engage qu'une distribution d'avantages à qui sait en profiter.

Mais la définition identitaire de l'appartenance culturelle lie en profondeur l'âme du particulier à l'âme collective, les amènant à vibrer à l'unisson. C'est la même voix qui chante en chacun de nous qui irrigue nos veines. Nous parlons ici d'une dimension spirituelle supérieure fondatrice de toutes les civilisations. N'est-ce pas là la seule chose qui compte vraiment dans l'absolu, après tout? Être Québécois, c'est être soi, seul ou ensemble.

L'identité civique s'accorde; l'identité culturelle se mérite.

La première relève d'une conception abstraite; la seconde découle du coeur.

On est Québécois si on vit tout naturellement à la québécoise, c'est la définition la plus généreuse et la plus invitante qui soit.

Réjean Labrie, de Québec, capitale nationale.

La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal m'a fait l'honneur de reprendre l'un de mes articles à ce propos:
http://www.ssjb.com/contenu/comme-des-extra-terrestres-sur-la-planete-quebec-anglophones-et-allophones-ne-partagent-pas

Toronto la pluraliste en statistiques:
http://www.rdee.ca/statistique/fr/ontario/toronto/coup_oeil.html

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Réjean Labrie880 articles

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Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.

Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.

Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.

L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.

Près de 900 articles publiés en ligne ont été lus un million et demi de fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période dépassant 15 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.





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9 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    6 mars 2012

    @ George Paquet:
    «Est-ce que naître au Québec, ne parler que l’anglais, fait de ce citoyen un non-Québecois ? Est-ce que Leonard Cohen (qui ne chante qu’en anglais)...».
    Il chante en anglais, soit, mais il s'exprime bien en français. Leonard Cohen est né à Montréal, et il aime cette ville. Il y a encore un pied à terre, si je ne m'abuse. Même chose pour son fils, Adam: il habite Montréal, chante en anglais, oui, mais parle très bien français. Ils demeurent profondément montréalais. Et à leur manière, Québécois, oui.
    Cela semblerait démontrer, un attachement culturel, non? On ne parle pas du même genre de cas que certains nouveaux arrivants qui ne parlent pas du tout français, et lancent à notre face, qu'ils n'ont aucune espèce d'intention d'apprendre, même les rudiments de notre langue.
    Il y a la notion de citoyenneté québécoise; il y a cependant, aussi, le fait d'être un Québécois, au sens d'une personne qui a vraiment pris racine ici, qui se sent Québécois(e).
    Ce seraient là des éléments de réponse, je crois.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    4 mars 2012

    Il y a maintenant le jeune trentenaire issu d'un milieu unilingue français qui n'a pas confiance à l'anglais appris au Québec parce qu'il ne communique pas à son goût avec le monde des affaires. Il dit: "le Think Big américain vaut probablement plus que le Pense Petit québécois".
    Il dit en début de lettre: "J’ai choisi les HEC pour la qualité de son enseignement, la flexibilité de ses programmes de formation ainsi que pour son lien étroit avec le marché du travail." et ceci: "Est-ce possible d’obtenir une éducation supérieure en anglais sans me déraciner ?"
    Et McGill?... Et Concordia?... Et Bishop?... Et Ville Saint-Laurent?... et toutes les défusionnées de Montréal? pressées de nommer un maire anglo pour mettre le couvercle sur la marmite?
    Même les anglos de bonne volonté de Montréal admettent que leur accent est détecté de par le monde. Pourquoi nous, francos, exigerions-nous une formation en anglais british?
    Le Québec français se distingue de par le monde, dans son originalité. Ouvert au commerce comme à la culture, il se fait entendre avec son accent, qui n'est quand même pas celui des Français. Un été en Saskatchewan pour un étudiant suffit à le baigner dans les subtilités de la conversation de base. C'est l'initiative personnelle et non le rôle de l'État.

  • Georges Paquet Répondre

    3 mars 2012

    Cher Jacques Noël,
    Une chanson, un tableau un film, réalisé par un Québécois est une oeuvre québécoise.
    Tant mieux, et c'est quand même assez fréquent, si cette oeuvre a une valeur culturelle universelle, et qu'elle soit traduite en plusieurs langues ne lui enlève certainement pas da valeur et son origine québécoise. Que des citoyens d'autres régions ou d'autres pays ne sachent pas du premier abord que cette oeuvre est québécoise, ne lui enlève rien. Je dirais même qu'au contraire c'est un signe de grande culture et d'harmonie avec son temps, de la part d'un auteur, quand son oeuvre fait partie du patrimoine mondial.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mars 2012

    Leonard Cohen a écrit Halleluja, une chanson qui a fait le tour du monde. J'avais trouvé à un moment donné sur youtube plus d'une quarantaine de versions en autant de langues. C'est sans doute la chanson écrite ici qui est la plus connue dans le monde.
    Questions:
    1) Pensez-vous que c'est une chanson québécoise? Et si oui sur quelle base?
    2) Combien de gens dans le monde (tout le monde sait que c'est une chanson de Cohen) pense que c'est une chanson québécoise? Et si oui, nommez-les?

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mars 2012

    @ M. Paquet,
    Sans vouloir ironiser, si mon article a pu irriter un tant soit peu un fédéraliste anti-nationaliste exacerbé comme vous, c'est donc que j'ai frappé dans le mille dans mon argumentation, en défendant ma nation dans la mesure de mes modestes moyens, ce que vous n'avez jamais fait encore.
    Réjean Labrie

  • Réjean Labrie Répondre

    3 mars 2012

    @ M. Beaulac,
    Lorsque je parle de l’adhésion volontaire à l’identité culturelle qui est la nôtre, force est de constater que les anglophones et les allophones ne sont pas près de vouloir se joindre à nous, statistiques à l'appui.
    On peut se référer au travail monumental et reconnu du sociologue M. Pierre Drouilly que je cite :
    Sur le référendum de 1980 :“Les non-francophones et le référendum ; pratiquement 100% au NON” ; Le Devoir, 18 Septembre, 1980, p. 19. “…sur les 500,000 électeurs anglophones environ qui ont voté le 20 mai dernier, il n’y en pas 1% (il n’y en a pas 5,000) qui ont dit OUI.” “Nous étions, pour notre part, arrivés dans nos calculs à environ 4% de votes néo-québécois pour le OUI : cela représente une moyenne.”
    Sur le référendum de 1995 : “Partant d’un vote non francophone presque unanimement reporté sur le NON…”
    Et ceci maintenant :“Évidemment, l’ensemble des électeurs amérindiens a fortement appuyé le NON (90,4%), mais on notera cependant qu’avec un appui de presque 10% pour le OUI, les Amérindiens se démarquent considérablement des autres électeurs non francophones. En fait, si les anglophones et les allophones du Québec avaient appuyé le OUI dans les mêmes proportions que les Amérindiens, le OUI aurait remporté le référendum avec 52% des voix environ.”
    Source de toutes les citations précédentes, disponible dans toutes les bonnes bibliothèques :
    Auteur : Pierre Drouilly
    Titre : Le référendum du 30 octobre 1995 : une analyse des résultats
    Éditeur : Université du Québec à Montréal
    L’année politique au Québec 1995-1996
    M. Drouilly est professeur au Département de sociologie, à l’Université du Québec de Montréal.
    Réjean Labrie

  • Réjean Labrie Répondre

    3 mars 2012

    Je salue M. Georges Paquet, le truculent fédéraliste de service sur Vigile, membre du service diplomatique canadien de 1967 à 2002, qui semblait s'être retiré de nos débats, mais que je vois commenter un certain nombre d'articles récents. Il a longtemps servi la formule affirmation/opposition du site en s'opposant systématiquement à tout ce qui est nationaliste, nous permettant de démonter un à un les rouages rouillés du fédéralisme.
    Je constate que M. Paquet n'a pas encore lu les autres articles de la série qui expliquent la valeur de l'identité culturelle québécoise comme définition de notre peuple. Je l'invite à faire ce rattrapage pour améliorer sa compréhension des choses.
    Longue vie à votre participation cher monsieur Paquet.
    Réjean Labrie

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mars 2012

    Je me trompe ou vous ne verriez aucune objection à ce que la population de souche soit remplacée par des immigrants du tiers-monde, du moment que ceux-ci acquièrent l'identité culturelle québécoise?

  • Georges Paquet Répondre

    2 mars 2012

    C'est la proposition la plus dangereuse, la moins démocratique, la plus xénophobe que je n'ais jamais lue.
    1- Les citoyens qui demeurent et qui vivent au Québec et qui ont la nationalité canadienne, ne seraient pas tous Québécois?
    2-Qui déterminerait qui est Québécois et qui ne l'est pas? Un comité, un examen de passage, la couleur de la peau, la grosseur du porte-feuilles?
    3-Est-ce que naître au Québec, ne parler que l'anglais, fait de ce citoyen un non-Québecois? Est-ce que Leonard Cohen (qui ne chante qu'en anglais) ou Céline Dion (qui n'habite pas au Québec) ou Marc-André Hamelin (qui n'habite pas non plus le Québec) ou les membres de Simple Plan (qui ne chantent qu'en anglais) sont ou ne sont pas des Québécois?
    4-Combien de temps faudrait-il pour qu'un immigrant soit considéré comme Québécois, alors qu'un autre ne le serait pas? Comment on déterminerai qui aura le droit de vote à une élections québécoise?
    En somme, une idée à oublier...